Les banques italiennes, y compris la Banque centrale, ont multiplié vendredi les messages visant à rassurer les marchés, non sans quelque succès à Milan, où les valeurs bancaires ont nettement remonté. Des déclarations d'un haut-responsable de la Banque centrale européenne, qui semble ouverte à la possibilité d'un soutien public limité au système financier, ont également contribué à ce rebond. Le secteur bancaire italien, qui souffre d'un défaut de consolidation, avec plus de 700 établissements, est au centre des inquiétudes depuis plusieurs mois en raison également de problèmes de capitalisation et d'un stock de 360 milliards d'euros de créances douteuses, héritées de trois ans de récession. Conséquence: depuis début janvier, l'indice des banques italiennes a cédé 51%. Mais vendredi, celles-ci rebondissaient à la Bourse de Milan, emmenée par Banco popolare qui, vers 14H30 (12H30 GMT), était en hausse de 15,19%. Suivaient Banca popolare dell'Emilia Romagna (+9,84%), Intesa Sanpaolo (+7%) ou encore Unicredit (+6,62%). Alors que Rome négocie avec l'UE la possibilité d'un soutien de l'Etat en faveur du système bancaire, le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), Vitor Constancio, a laissé jeudi la porte ouverte à cette option, comme avait déjà semblé le faire plus tôt dans la semaine le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis. "La situation actuelle, après une nouvelle séance de chute des valeurs boursières à la suite du Brexit, mérite une réflexion profonde concernant une compensation de certains défauts du marché avec un petit soutien public pour améliorer la stabilité de certains secteurs bancaires", a affirmé M. Constancio. Lors du congrès de l'Association des banques italiennes (Abi) organisé vendredi à Rome, le ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan, a lui aussi tenté de rassurer. "Les nouvelles règles européennes étaient très exigeantes (mais) prévoient des espaces de flexibilité pouvant être exploités pleinement, surtout en cas de risque systémique", a-t-il dit. "Le rôle de la main publique est de nature préventie", a-t-il martelé, en soulignant que le gouvernement travaillait dans ce sens. epuis le 1er janvier, le sauvetage d'une banque doit se faire d'abord en mettant à contribution les actionnaires, créanciers et déposants dans une opération connue sous le nom de "bail-in". Mais Rome cherche à utiliser une dérogation et étudie notamment le principe d'une augmentation de capital à titre préventif, avec garantie publique.
Problème 'sérieux' mais gérable Le gouverneur de la Banque centrale d'Italie, Ignazio Visco, a jugé de son côté que la situation actuelle de "nervosité" "exigeait l'élaboration d'un filet de soutien public à activer en cas de nécessité". Il a jugé qu'il n'était "pas correct de parler du problème des crédits détériorés comme d'une urgence pour la totalité du système bancaire" de la péninsule. "Une grande partie de l'exposition aux crédits détériorés se concentre dans des banques en bonne condition financière", a-t-il noté. Selon lui, le problème des créances douteuses est "sérieux mais peut être géré", même si cela nécessite du temps. Le patron d'Intesa Sanpaolo, Carlo Messina, a, lui aussi, estimé que le système bancaire italien était "plus qu'en mesure de couvrir" le niveau actuel de créances douteuses. Alors que l'approche de la publication le 29 juillet des résultats des tests de résistance menés par l'Autorité bancaire européenne (EBA) a ajouté ces derniers temps à la nervosité de la place milanaise, il a souligné qu'Intesa Sanpaolo "réussira sûrement" les tests. Même discours du côté de Banco Popolare, qui a indiqué jeudi avoir conduit un "exercice interne de résistance en appliquant les indications, lignes directrices et critères fixés par l'EBA et que cet exercice, contrairement au rapport trompeur de Morgan Stanley le 6 juillet, confirme la résistance de la banque aux chocs défavorables". La troisième banque italienne, la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), dans l'oeil du cyclone du marché en début de semaine après avoir été sommée par la BCE de réduire d'ici 2018 ses créances douteuses à hauteur de 10 milliards d'euros nets, a de son côté souligné "travailler intensément avec les autorités pour trouver à court terme une solution structurelle et définitive" à cette question. Elle a également assuré que la gestion et l'évolution patrimoniale et financière de la banque au deuxième trimestre étaient positives, "confirmant la tendance enregistrée au premier".