Les banques américaines Citigroup et Wells Fargo ont annoncé vendredi un recul de leurs profits, mettant en exergue l'impact de taux d'intérêt historiquement bas et de la volatilité des marchés sur le secteur financier. Comme avec JPMorgan Chase la veille, la baisse est toutefois moins prononcée que ce qui était redouté, ce qui a permis de mettre en sourdine les inquiétudes de l'impact qu'aurait la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (Brexit) sur le secteur bancaire. Les grandes banques internationales dont le siège européen est basé à Londres risquent en effet de perdre le laisser-passer ("passeport européen") qui leur permet de faire des affaires dans les 28 pays du marché unique avec la seule licence britannique. Chez Citigroup, le bénéfice net au deuxième trimestre a plongé de 17,5% à 4 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires de 17,55 milliards (-9,8%). Quant à Wells Fargo, qui octroie un crédit sur cinq aux Etats-Unis, son résultat net a reculé de 2,8% à 5,56 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 22,16 milliards de dollars (-3,96%). Les marchés anticipaient une diminution du bénéfice net de respectivement 23% pour Citigroup et 2% pour Wells Fargo. Ces performances sont une "indication de la difficulté à faire croître l'activité", a commenté Chris Kotowski, analyste chez Oppenheimer. A Wall Street, le titre Wells Fargo décrochait de 2,28% à 47,83 dollars vers 15H06 GMT, tandis que l'action Citigroup reculait de 0,58% à 44,19 dollars. A défaut d'augmenter son activité, Citigroup continue de se reposer sur des économies pour dégager de gros profits: les dépenses ont diminué de 5% sur un an à 10,4 milliards de dollars. L'établissement a réduit de près de 30% ses actifs depuis la crise financière, de sorte qu'elle n'est plus que la quatrième banque américaine par le total de bilan. Elle a par exemple supprimé 8% de postes depuis le début de l'année et fermé 4% de ses agences. Citigroup va également réunir sous la même entité ses activités de banque de détail en Asie et en Europe/Moyen-Orient/Afrique.
Le Brexit aide Citi A l'inverse, chez Wells Fargo, les coûts ont augmenté de 3,2% et les craintes d'une hausse des défaillances des débiteurs se sont intensifiées. Les provisions liées à de possibles impayés des ménages et des entreprises ont triplé en un an à 1,07 milliard de dollars, principalement à cause des entreprises du secteur énergétique dont la banque doute qu'elles puissent rembourser certaines lignes de crédit qu'elle leur a accordées. Wells Fargo a ainsi augmenté ses réserves (+ 150 millions de dollars) pour le deuxième trimestre consécutif. Autre source d'inquiétude: les marges bénéficiaires de Wells Fargo, dont le métier de base est l'octroi des prêts aux ménages et aux entreprises, ne font que diminuer. La marge d'intérêt nette - différentiel net entre le taux d'emprunt et le taux de placement de l'argent - a baissé à 2,86% au deuxième trimestre contre 2,97% à la même période il y a un an. Ces chiffres indiquent que les activités de prêts sont moins attractives. La donne ne devrait pas changer à court terme car, de l'avis de nombreux observateurs, la banque centrale (Fed) n'est pas prête à relever ses taux alors que le Brexit fait peser des incertitudes sur la croissance mondiale. Le Brexit a en revanche permis à Citigroup d'enregistrer un rebond de ses activités de marchés, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 10%, tiré par le trading des obligations, des matières premières et des devises (Fixed Income). "En juin, les incertitudes et la volatilité engendrées par le Brexit ont poussé les investisseurs à se tourner vers nous pour leurs placements et investissements", a déclaré à des journalistes John Gerspach, le directeur financier, lors d'une conférence téléphonique. Le dirigeant a par ailleurs indiqué qu'il était "encore trop tôt" pour prendre des décisions sur la réorganisation de Citigroup en Europe. "Nous allons continuer à observer ce qui se passe et élaborer différents scénarios mais c'est encore tôt pour en parler" a souligné M. Gerspach, ajoutant que le Brexit aurait sans doute un effet sur la croissance mondiale mais ne devrait pas provoquer de crise financière.