L'opposant sud-soudanais Lam Akol a annoncé lundi sa démission de ses fonctions de ministre de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire dans le gouvernement d'union nationale, estimant qu'il n'y a plus d'accord de paix à appliquer à Juba. Puisque l'accord de paix est mort et qu'il n'y a pas d'espace politique libre à Juba, la seule possibilité pour s'opposer à ce régime (...) est de s'organiser en dehors de Juba, a déclaré Lam Akol lors d'une conférence de presse à Addis Abeba. Lam Akol, qui fut lors de la présidentielle de 2010 le seul adversaire de l'actuel président Salva Kiir, a appelé toutes les factions de l'opposition sud-soudanaise à s'unir pour faire tomber le régime. L'ancien ministre, qui s'exprimait depuis la résidence de Riek Machar dans la capitale éthiopienne, s'est toutefois refusé à dire s'il rejoignait les rangs du chef des ex-rebelles et ancien vice-président, aujourd'hui en fuite. Machar est un dirigeant d'opposition. Nous sommes des dirigeants d'opposition, comme beaucoup d'autres personnes. Nous sommes actuellement en consultation pour voir comment s'organiser pour consolider l'opposition au gouvernement, a t-il précisé. Lam Akol, considéré comme le principal opposant politique sud-soudanais et indépendant de l'ex-rébellion, a dit envisager toutes les options, y compris celle du retour à la lutte armée contre le président Salva Kiir. Nous sommes tous d'accord sur le fait que le régime de Juba doit changer. Nous avons des différences sur les moyens d'y parvenir. Certains pensent que cela doit se faire par la force, d'autres par des moyens politiques. Nous sommes en train d'en parler, a-t-il ajouté. Riek Machar a fui Juba dans la foulée des combats meurtriers (au moins 300 morts) qui ont opposé ses forces à celles de Salva Kiir dans la capitale, du 8 au 11 juillet, et qui ont coïncidé avec le cinquième anniversaire de l'accession à l'indépendance du pays. Le président Kiir a ensuite annoncé le remplacement de M. Machar au poste de vice-président par Taban Deng Gai, lui aussi issu de l'ex-rébellion, mettant à jour les profondes dissensions qui agitent celle-ci. Cet épisode a mis en péril l'accord de paix signé le 26 août 2015 pour mettre fin à une guerre civile dévastatrice déclenchée en décembre 2013 entre les camps de MM. Kiir et Machar, et qui avait abouti à la création fin avril d'un gouvernement d'union nationale. Lam Akol a également annoncé qu'il quittait la direction de son parti, le Mouvement populaire de libération du Soudan-Changement démocratique (SPLM-DC), considéré comme le seul véritable parti d'opposition au Soudan du Sud. Depuis le début de la guerre civile, déclenchée par des combats au sein de l'armée nationale, minée par des dissensions politico-ethniques alimentées par la rivalité entre MM. Kiir et Machar, Lam Akol n'a cessé de dénoncer les belligérants des deux camps. Le ministre de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire occupe un poste clé, alors que 5 millions de Sud-Soudanais, sur une population de 11 millions, dépendent aujourd'hui de l'aide alimentaire. Ancien chef de guerre durant le conflit d'indépendance (1983-2005) contre Khartoum, au cours duquel il a combattu dans les deux camps - forces pro-Khartoum et rébellion sudiste -, Lam Akol a fondé en 2009 le SPLM-DC, après avoir quitté le SPLM, l'ex-rébellion sudiste au pouvoir à Juba depuis l'indépendance du Soudan du Sud en 2011.