1.-Certains experts, après avoir déclaré officiellement un cours de 70/80 dollars courant 2016, induisant en erreur le gouvernement, avancent sans une analyse approfondie, qu' au lendemain de la réunion informelle de l'OPEP à Alger fin septembre 2016, un cours de 60 dollars en cas de gel de la production. Ce raisonnement d'ingénieurs se fondant sur un modèle de consommation linéaire, le niveau actuel des subventions dans les énergies fossiles qui seront réduits ( 5000 milliards de dollars selon le rapport du FMI lors de la réunion de la COP21, ignore ou minimise la réalité plus complexe concernant l'énergie, dont le prix est influencé tant par des facteurs géostratégiques politiques qu'économiques, dépassant souvent ) l'Economique. Le monde devant connaitre 2017/2030 de profondes mutations militaires, politiques , économiques et énergétiques nécessitant des stratégies d'adaptation de la part de l'Algérie. 2.-Les dirigeants du G20 se sont réunis à Hangzhou (Chine), les 4 et 5 septembre 2016. Il convient de saluer l'accord historique entre la Chine et les USA lors de la réunion du G20 pour lutter contre le réchauffement climatique. Il a été question du niveau prix de pétrole lors de la réunion d'Alger, les principaux pays consommateurs et les trois plus grands producteurs mondiaux les USA, l'Arabie Saoudite allié stratégique des Etats Unis et la Russie étant présents à ce sommet. Car contrairement à certaines supputations hasardeuses, les grandes puissances au sein du G20 ont leurs relais politiques et économiques au niveau de l'OPEP (seulement 33% de la production commercialisée mondiale) et hors OPEP pour influencer la décision finale. Le prix souhaité par l'Arabie Saoudite entre 2017/2020, sous réserve qu'il n' y ait pas de crise mondiale, à terme varie entre 50/60 dollars et le prix d'équilibre 2017/2020, sera déterminé fondamentalement par une entente entre l'Arabie Saoudite et les USA. Au delà de 2020, aucun expert ne peut prédire le seuil.
3.-Aussi les pays producteurs fragiles dont les ressources dépendent en grande partie de la rente des hydrocarbures avec une forte population comme l'Algérie, devraient se méfier de certaines supputations d'un baril à 60 dollars au lendemain du sommet. Même s'il y a gel, le grand problème est le niveau du gel car si c'est le niveau de juillet/août 2016 où la Russie et l'Arabie Saoudite ont eu une production record il ya de fortes probabilités que les impacts seront mitigés. Qu' en sera-t-il de l'Irak grand concurrent de l'Arabie Saoudite avec un coût de production inférieur à 20% par rapport aux normes moyennes mondiales et surtout de l'Iran qui veut avoir son quota d'avant l'embargo qui a besoin de financement, sans compter la Lybie qui peut produire deux millions de baril jour ? Et l'important est d'analyser les fondamentaux dont la croissance de l'économie mondiale 2017/2020 et surtout sa structure 2020/2030 conditionnée par les nouvelles mutations énergétiques et économiques.
4.-Par ailleurs, le gouvernement algérien et notamment le ministère de l'Industrie, pour éviter une politique dépassée fondée sur l'ère mécanique des années 1970, devant d'ores et déjà entrevoir des stratégies d'adaptation, devrait méditer cette réflexion du président chinois Xi Jiping , lors de ce sommet du G20, je le cite " les moteurs de croissance du précédent cycle de progrès technologique ralentissent progressivement et le nouveau cycle de révolution technologique et industrielle n'a pas encore pleinement démarré " l'Algérie doit impérativement pour des raisons de sécurité nationale, éviter l'expérience tant des années 1986 que la récente expérience vénézuélienne, devant ne plus vivre de l'illusion de la rente éternelle mais préparer une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales passant par de profondes réformes structurelles si elle veut s'imposer comme acteur actif au niveau de la région euro-méditerranéenne et africaine.
Dr Abderrahmane Mebtoul -Professeur des Universités directeur d'Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/2007, membre de plusieurs organisations internationales sur l'Energie-