Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a accusé dimanche le régime syrien d'être le principal responsable des atteintes à la trêve en Syrie, et a exhorté à tout faire pour maintenir l'accord de trêve conclu par Moscou et Washington. Il ne faut pas oublier que ce qui a porté atteinte au cessez-le-feu américano-russe c'est d'abord le régime, c'est toujours le régime syrien, a déclaré M. Ayrault en marge d'une cérémonie organisée sur les lieux des attentats du 11-Septembre à New York. Evoquant le précaire accord américano-russe sur une trêve en Syrie, qui ne tient plus qu'à un fil, M. Ayrault a estimé qu'il fallait s'accrocher à cet accord et le faire vivre à tout prix. Il faut donc passer sur les événements des dernières heures, a-t-il estimé, faisant référence aux frappes samedi de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, qui ont fait des dizaines de tués parmi les soldats syriens dans l'est de la Syrie. Cette opération, non intentionnelle et pour laquelle Washington a exprimé ses regrets, a fortement accru la tension entre Américains et Russes, qui soutiennent chacun deux camps opposés en Syrie. Une réunion du Conseil de sécurité demandée par Moscou samedi soir après les frappes de la coalition contre l'armée syrienne a donné lieu à un niveau d'invectives rarement atteint entre les représentants russe et américain, selon une source diplomatique. Il faut que tous prennent leurs responsabilités, et recréer les conditions d'un cessez-le feu, a insisté M. Ayrault. Si quelque chose doit sortir de cette Assemblée générale (qui s'ouvre lundi à l'ONU), c'est un espoir pour la paix en Syrie, a-t-il dit en exhortant chacun à mettre de côté les arrière-pensées et les tactiques. La situation en Syrie, où la guerre a fait plus de 300.000 morts en cinq ans et où s'affrontent par alliés interposés puissances régionales et internationales, devrait dominer la semaine ministérielle de l'Assemblée générale de l'ONU, à partir de mardi. Une réunion du Conseil de sécurité sur la crise syrienne est prévue mercredi. Interrogé sur un projet de résolution condamnant l'usage d'armes chimiques en Syrie, toujours dans les limbes, M. Ayrault a assuré que la France n'oubliait rien. Ce serait tragique que les Nations unies ferment les yeux sur l'usage des armes chimiques. Un rapport de l'ONU a conclu début septembre que le régime syrien était responsable de deux attaques à l'arme chimique en 2014 et 2015, et le groupe jihadiste Etat islamique d'une attaque au gaz moutarde. Washington, Paris et Londres ont promis que les responsables devraient rendre des comptes mais aucune résolution n'a pour le moment été présentée au Conseil de sécurité.
Premier raid aérien sur Alep depuis l'instauration de la trêve Quatre frappes aériennes ont visé dimanche les quartiers rebelles de la ville syrienne d'Alep, pour la première fois depuis l'entrée en vigueur lundi d'une trêve initiée par Moscou et Washington, selon une ONG. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a précisé que plusieurs personnes ont été blessées sans pouvoir immédiatement donner d'autres détails ni identifier les auteurs des bombardements. C'est dans la ville septentrionale d'Alep, ancienne capitale économique de la Syrie, que se trouve le principal front d'une guerre qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2011. L'accord russo-américain instaurant la trêve prévoyait également l'acheminement d'aide humanitaire dans les zones rebelles de la ville où vivent selon l'ONU quelque 250.000 habitants, assiégés par le régime du président Bachar al-Assad. Alep est divisée entre des quartiers ouest tenus par le régime et des quartiers est contrôlés par ses opposants. Mais, faute de garanties de sécurité suffisantes, des camions de l'ONU remplis de vivres et de médicaments sont bloqués depuis des jours dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne. La chef jihadiste du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra avant l'annonce de sa rupture avec Al-Qaïda), Abou Mohammad al-Jolani, a affirmé samedi soir que ni son organisation, ni les rebelles n'accepteront que le siège d'Alep continue. Dans un entretien à la chaîne de télévision qatarie al-Jazeera, il a souligné que l'unification des rebelles est une nécessité et que les négociations continuent dans ce but. L'accord de trêve prévoit que Washington oeuvre auprès des insurgés pour qu'ils prennent leurs distances avec les groupes jihadistes.