La réunion informelle de l'Opep, prévue le 28 septembre à Alger, pourrait fort probablement aboutir à un consensus autour d'un niveau de production qui puisse garantir la stabilisation du marché et des prix, estime l'économiste Mustapha Mekideche dans un entretien à l'APS. "L' objectif de cette réunion est clair: c'est celui d'obtenir la stabilisation du march é, car un niveau de prix infé- rieur à 50 dollars, le baril n'arrange pas les pays de l'Opep y compris ceux du Golfe qui ont, eux aussi, un besoin de fortes liquidités financières", expliquet- il en considérant qu'un consensus dans ce sens est "souhaitable et fort probable". Pour M. Mekideche, un tel compromis est probable pour deux raisons: l'une interne et l'autre externe à l'Opep. Il y a d'abord le niveau actuel de diversification économique de tous les pays de l'Opep, qui est insuffisant pour produire et garantir une résilience à moyen et long termes de nature à financer les besoins financiers de leur développement économique et social. D'ailleurs, ce paradigme des pays fragiles est généralisable non seulement à tous les pays de l'Opep mais aussi à tous les autres pays exportateurs de matières premières y compris les pays émergents. En outre, poursuit-il, le niveau actuel des prix du pétrole n'arrange ni les pays producteurs non-Opep telle que la Russie, ni les pays consommateurs qui redoutent des tendances haussiè- res dans quelques années, comme semble le craindre l'AIE qui pointe du doigt un désinvestissement supérieur à 20% dans l'industrie mondiale des hydrocarbures. La stabilisation souhaitée à présent passe d'abord par un consensus au sein de l'Opep et par un accord à élargir, sous une autre forme, aux autres pays exportateurs non-Opep: "D'où l'intérêt de cette réunion informelle de l'Opep" qui se tiendra en marge du 15ème Forum International de l'Energie (27 et 28 septembre à Alger). Pour cet expert, la tenue même de ce forum, qui est une formule institutionnelle de dialogue entre producteurs et consommateurs d'hydrocarbures depuis la réunion de Kyoto de 2002, "montre bien que les inté- rêts des pays producteurs et consommateurs sont liés". Il rappelle à ce titre que l'Agence internationale de l'énergie (AIE), créée après le choc pétrolier de 1973 pour défendre les intérêts des pays consommateurs, "a bien compris que les désinvestissements constatés aujourd'hui dans l'industrie mondiale des hydrocarbures vont être, demain, à l'origine de hausses erratiques des prix du brut". En plus, cette baisse des prix des hydrocarbures a un effet d'éviction direct sur le développement des énergies renouvelables, relève-t-il. C'est pour ces raisons "qu'on finit toujours par trouver des solutions de compromis et acceptables par toutes les parties", avance M. Mekideche. LE GEL DEVRAIT PRENDRE EN COMPTE LE NIVEAU REEL DE LA PRODUCTION OPEP Quant à savoir si cette réunion informelle de l'Opep pourrait déboucher à une réunion extraordinaire, cet expert a tenu tout d'abord à expliquer que "l'évidence connue par tout le monde" est qu'une réunion informelle n'aboutit pas à une prise de décision. "Le secrétaire général de l'Opep n'avait pas besoin de le rappeler car une partie de la sphère médiatique s'y est engouffrée pour rechercher des interprétations de nature à affaiblir l'importance de cette initiative de l'Opep", soutient-il. A ce propos, M. Mekideche explique que si un consensus se dégagera lors de la réunion informelle, "rien n'empêche en effet de transformer, de façon souveraine, cette réunion en Conférence ministérielle extraordinaire de l'Opep pour l'endosser formellement (la décision). L'effet sur les marchés en tant que signal fort serait bénéfique pour l'organisation". Quant au niveau "idéal" sur lequel cette organisation pourrait se baser pour appliquer un éventuel gel de sa production pétroli ère, cet expert des questions énergétiques fait remarquer que l'Opep, dont la production réelle a dépassé le plafond convenu des 30 mbj pour atteindre 32,3 mbj au premier semestre 2016, avait annoncé, lors de sa dernière conférence ministérielle en juin, le maintien de son niveau de production mais en s'abstenant de mentionner tout plafond chiffré. "Je considère qu'on gagne toujours à jouer la transparence à l'égard des marchés, sachant par ailleurs que l'AIE suit constamment les niveaux de production réels des pays de l'Opep. Aussi, le niveau de gel de production devrait être le niveau réel et non le niveau convenu dans le partage des parts de production au sein de l'organisation", souligne M. Mekideche.