Le chef de Boko Haram Abubakar Shekau a diffusé dans la nuit de samedi à dimanche une vidéo dans laquelle il dit aller "parfaitement bien". Le leader des djihadistes nigérians fustige des déclarations de l'armée nigériane qui avait annoncé l'avoir grièvement blessé. "Vous avez dit sur les réseaux sociaux m'avoir blessé ou m'avoir tué", lance Shekau dans une vidéo d'une quarantaine de minutes, diffusée sur Youtube. "Mais je suis heureux, en bonne santé et en sécurité. Je vais parfaitement bien". Fin août, l'armée avait affirmé avoir "fatalement blessé" le chef de Boko Haram dans un raid aérien sur la forêt de Sambisa (nord-est), laissant planer des doutes sur son état de santé ou sa mort potentielle. En bonne santé Shekau, annoncé mort à de nombreuses reprises par les autorités nigérianes, apparaît en bonne santé physique sur cette nouvelle vidéo. Il montre un calendrier islamique à la fin de son apparition, pointant du doigt une date qui correspond au 25 septembre 2016. S'exprimant tour à tour dans les langues hausa, arabe, anglais et dans des dialectes parlés dans le nord-est du Nigeria, il profère des menaces directes contre le président Muhammadu Buhari. Le dirigeant a demandé cette semaine l'aide des Nations-Unies pour négocier la libération des lycéennes nigérianes enlevées à Chibok il y a plus de deux ans. "Nous ne ramènerons pas vos filles. Si vous voulez que l'on vous rende vos filles, rendez-nous nos frères", menace le leader de la secte islamiste. Le nombre de vidéos diffusées par Boko Haram a augmenté ces dernières semaines, alors que le groupe est fortement divisé entre ses différentes factions et que le leadership de Shekau est remis en cause. Début août, le groupe Etat islamique (EI), auquel Abubakar Shekau avait prêté allégeance en mars 2015, avait désigné un nouveau "wali" (chef) de Boko Haram, en la personne d'Abou Mosab Al Barnaoui, fils du fondateur de Boko Haram, Mohamed Yusuf. Une semaine plus tard, Abubakar Shekau réaffirmait son leadership dans une vidéo dans laquelle il assurait faire "une responsabilité personnelle" du combat "contre le Nigeria et le monde entier". Sous le commandement de Shekau, l'insurrection de Boko Haram a fait plus de 20'000 morts. Le groupe djihadiste a également kidnappé des dizaines de milliers de personnes et provoqué le déplacement de 2.6 millions d'habitants à travers le pays depuis 2009. Les Vengeurs du Delta du Niger rompent le cessez-le-feu Le groupe rebelle des Vengeurs du Delta du Niger (NDA) a revendiqué samedi la destruction d'un important oléoduc dans le sud du Nigeria, rompant ainsi le cessez-le-feu annoncé il y a un mois. Le 23 septembre 2016 (vendredi), à 20h40, nos équipes ont détruit les activités pétrolières sur l'oléoduc de Bonny, dans l'Etat de Rivers, a annoncé le porte-parole des NDA, Mudoch Agbinibo, dans un communiqué. Ceci est seulement un signal d'alerte, nous n'avons pas d'autres moyens de nous faire mieux entendre, précise le groupe rebelle actif dans la région du Delta depuis le début de l'année, et en pourparlers avec le gouvernement depuis la mi-août, mais estimant se faire berner. Nous sommes toujours favorables au dialogue et aux soit-disant négociations mais (...) nous n'avons pas assez de garantie, il n'y a eu aucun progrès, assure le groupe. SPDC (Shell Petroleum Development Company), qui opère l'oléoduc de Bonny, assure qu'une enquête est actuellement en cours pour déterminer si oui ou non, c'était une attaque. En août, les NDA avaient accepté de discuter avec le gouvernement nigérian, après des mois de sabotages et d'attaques sur les installations pétrolières du pays, qui ont entraîné une importante baisse de la production d'or noir, contribuant à l'entrée en récession de l'ex-première puissance économique d'Afrique. Les NDA, aux velléités clairement indépendantistes, réclament une meilleure redistribution des ressources du pétrole, qui représentent 70% des revenus de l'Etat nigérian, et assurent combattre pour le développement de leur communauté. Une semaine avant leur annonce de cessez-le-feu, ils avaient menacé de proclamer l'indépendance unilatérale du Biafra le 1er octobre, date de la fête nationale nigériane. En août, l'armée a lancé l'opération Sourire de Crocodile, près de la ville pétrolière de Warri (Delta), pour tenter de reprendre le contrôle de la région, où les groupes rebelles prolifèrent. Au-delà des sabotages massifs, l'armée lutte contre les raffineries illégales et les enlèvements fréquents. Samedi, le porte-parole de l'armée Sani Usman a annoncé que des embarcations rapides ont attaqué des troupes déployées sur la côte de Efut Esighi dans le district de Bakassi (Etat de Cross River). Un soldat a été tué et deux autres sont portés disparus L'armée attribue cette attaque à un autre groupe rebelle, proche des NDA, les Bakassi Strike Force (Forces armées de Bakassi) et affirme avoir tué deux de ses militants. A cause des attaques, la production de pétrole est passée de 2,1 millions de barils par jour au premier trimestre à 1,7 million actuellement. L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé la semaine dernière la note de la dette du Nigeria, qui a perdu sa place de premier exportateur de brut en faveur de l'Angola.