Il a fallu, que le prix du baril de pétrole dégringole jusqu'à atteindre 40 dollars pour que les pays producteurs subissant ces conséquences et se trouvant en situation de crise financière et économique pour la plupart d'entre eux depuis le mois de juin 2014, comprennent enfin qu'ils étaient mal partis et qu'ils se doivent de se ressaisir. La rencontre des membres de l'Opep qui s'ouvre aujourd'hui à Alger offre une grande opportunité de réduire peut-être les divergences, les malentendus, de querelles, de méfiance et de divisons au sein même du cartel et de prendre un front commun face aux exigences de leur développement en même temps revendiquer de nouveaux avantages qui leur soient spécifiques. Pour qu'ils admettent aussi que la responsabilité qu'ils assument ne consiste pas uniquement à vendre le pétrole à bas prix mais à assurer à leurs peuples du pain, du travail, des moyens d'éducation, de santé et promotion socio-économique grâce justement aux hydrocarbures. Surtout, pour qu'ils se rendent compte après plus de trente-neuf mois d'attente et de suspens, ils doivent enfin dire non à cette chute drastique du baril de pétrole orchestrée par les confrontations politiques et idéologiques, arrangées le plus souvent par des intérêts étrangers à l'Organisation pétrolière. Le moment est propice de prendre conscience de cette réalité. L'Algérie initiatrice de ce Forum, s'est attelée depuis des mois à sa préparation. Une initiative hautement prioritaire au regard de la crise économique mondiale. D'ailleurs, elle fut parfaitement compréhensible par les membres de l'Opep, en dépit de quelques réticences, comme une occasion de plancher sur les états généraux de l'Organisation. Et il est évident que l'immense potentiel d'hydrocarbures disponible dans ces pays puisse être valorisé et exporté à hauteur de sa véritable valeur financière et économique. Ce Forum est aussi l'occasion pour les présents de sortir d'un certain engrenage qui est l'absence de consensus et de rigueur dans la prise de décision commune. En effet, au-delà de cette ligne de front souhaitée, il ne faut pas perdre de vue la manœuvre renaissante qui se déroule dans une guerre économique plus subtile, une guerre menée pour assujettir encore davantage les pays producteurs de pétrole à l'économie occidentale et aux intérêts des sociétés transnationales. Dans ces conditions draconiennes visant la réédition économique des pays producteurs d'or noir au capital transnational, le FMI et la Banque mondiale, servent les intérêts transnationaux en convainquant les élites des pays producteurs, ceux du Golfe en particulier de promouvoir une législation antiprotectionniste et procorporative, souvent en les y obligeant. Il suffit de prendre comme exemple l'Irak, la Libye, le Nigéria ou encore le Venezuela. Quels que soient les résultats de la rencontre d'Alger, il devient de plus en plus facile d'imaginer que la politique ou la stratégie de l'Opep puisse être à l'avenir ce qu'elle a été par le passé. Les changements qui s'annoncent concernent autant la production, l'approvisionnement du marché mondial que la nature des relations entre pays producteurs et pays consommateurs. Pour l'immédiat, c'est naturellement la réduction de la production, celle de l'Arabie saoudite en singulier qui retient l'attention, avec ses effets sur les prix et sur les disponibilités mondiales. Ces effets sont non négligeables, et ils iraient en s'aggravant si le Forum d'Alger ne parvient pas à trouver de solutions. A ce sujet, Mourad Preure, président du cabinet " Emergy " et spécialiste pétrolier, a affirmé à notre confrère " Le Temps d'Algérie " que la réunion de l'Opep qui se tient à Alger, sera un point positif. Toutefois, il ne faut pas s'attendre, selon lui, à des résultats à l'issue de cette rencontre informelle. " Cette réunion va rapprocher les points de vue entre les membres de l'Opep mais ne débouchera pas sur l'action de gel ou de baisse de production. La logique du marché pétrolier n'est plus comme avant, les pays de l'Opep ne contrôlent plus les prix du pétrole, à cause de la production flexible de gaz de schiste aux USA, qui est en augmentation depuis 10 ans. Je considère que même s'il y aura une décision de gel ou de baisse de production, elle ne sera pas applicable ni respectée par la majorité des pays. La production maniable de gaz de schiste va augmenter et remplacer le manque. Si un tel scénario se produit, la tendance baissière se poursuivra d'ici à la fin de l'année, risquant d'aggraver, ainsi les difficultés financières des pays producteurs comme l'Algérie, le Venezuela et le Nigeria ". Mourad Preure, estime qu'il y aura d'autres réunions de l'Opep prochainement, cela peut soutenir d'autres décisions positives. " Actuellement, la production de l'Opep est au plus haut niveau avec 34,43 millions de barils/jour. Le marché pétrolier va se stabiliser en 2017, les prix du pétrole vont tourner entre 50 et 60 dollars. Ils sont menés, sur le long terme, à la hausse. En d'autres termes, il faut s'attendre à une hausse très importante des prix du pétrole, du fait de la baisse des investissements des compagnies pétrolières internationales ", a-t-il encore expliqué.