Perceptible à la moindre déclaration ou pronostic, le marché pétrolier a été affecté par les derniers chiffres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui s'attendent à un repli de la croissance économique mondiale, et par ricochet, une baisse de la demande du pétrole. Selon cette organisation qui défend les intérêts des pays consommateurs, les prix ne vont pas augmenter, même si les pays producteurs qui se réuniront à Alger tomberont d'accord sur un consensus. Une note de pessimisme que certains experts algériens partagent, et ce, à une dizaine de jours seulement du coup d'envoi du 15e Forum international de l'énergie. Pour l'expert pétrolier Mourad Preure, la réunion informelle de l'Opep ne débouchera pas forcément sur un compromis entre les pays producteurs pour un gel de la production. «Est-ce qu'une conférence peut rapprocher les points de vue à tel point qu'on puisse stabiliser le marché ? J'en doute. Je pense que ça rapprochera les points de vue, ça fera avancer le débat. Mais je ne pense pas que nous sortions de cette conférence avec des décisions contraignantes», a déclaré hier Preure, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III. Plus explicite, Preure rappelle que le marché pétrolier est déstabilisé pour un ensemble de facteurs fondamentaux. Aussi, il explique que ce dernier est régi par un nouveau «paradigme pétrolier» vu que l'Opep est en train de subir les effets de l'arrivée de la production américaine de pétrole et de gaz de schiste sur le marché. Dans la même logique, il explique que si l'organisation venait à baisser sa production, «il y aura une organisation concurrence qui va apparaître». Dans le cas contraire, elle augmente sa production et engage une guerre des prix, «la production concurrence va se tasser». La réalité, assène-t-il, c'est que «nous ne sommes plus dans la logique des années 1970 : l'Opep ne contrôle plus les prix pétroliers». S'exprimant sur les prix du pétrole dans les années à venir, l'expert prédit que les prix du pétrole devront reprendre leur tendance haussière à partir de 2017 où ils se situeront entre 50 et 60 dollars avant de connaître un «choc haussier à la fin de la décennie, soit en 2020, 2021», estime-t-il. La certitude de Boutarfa N'entendant pas les choses de la même oreille, le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, qui s'était entretenu avec son homologue saoudien Khalid Al-Falih, ainsi que le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, s'en était sorti avec une note d'optimisme quant à la réussite de cette réunion. «Nous sommes en relation avec les membres, le SG de l'Opep et cela fait partie de ce travail de mise en marche d'un consensus et je suis optimiste», a-t-il souligné. «Nous avons discuté de ces deux sujets et nous avons convenu de travailler, notamment pour la réussite du forum, le dialogue producteur-consommateur est très important, et également la réunion informelle de l'Opep sur laquelle nous travaillons pour essayer de trouver un consensus sur le marché» (du pétrole), a-t-il précisé. Pour le ministre, le dialogue entre les membres de l'Opep est «déjà un succès» et «nous travaillons pour ça». «Il y a le soutien de l'Arabie saoudite, du Qatar, de l'Iran, du Venezuela, du Koweït et des pays non-Opep, notamment la Russie où je viens d'avoir une grande discussion avec le ministre (Alexander) Novak», a-t-il affirmé, soutenant que «tout cela est pour le succès de la réunion» d'Alger. En attendant le jour J, les prix du pétrole remontaient la pente légèrement hier en cours d'échanges européens après la publication de premières estimations de réserves hebdomadaires aux Etats-Unis, moins élevées qu'attendu. En début d'après-midi, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 47,33 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 23 cents par rapport à la clôture de la veille. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le mois d'octobre, s'adjugeait 26 cents à 45,16 dollars.