Les regards s'orientent aujourd'hui vers Alger, plus exactement au Centre international de conférences (CIC), Abdelatif Rahal, lieu de la réunion informelle de l'Opep, toutefois plusieurs pays producteurs, fortement dépendant des revenus pétroliers plaident pour un gel de production, comptant sur l'Algérie afin de trouver une issue pour maintenir les cours du pétrole, ces derniers ayant été réduits de plus de la moitié depuis mi-2014 en raison d'une offre excédentaire, fruit du boom des hydrocarbures de schiste américains et de la stratégie de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d'ouvrir à fond les vannes pour maintenir ses parts de marché. A cet effet, le ministre iranien du pétrole Bijan Namdar Zanganeh a déclaré hier en marge de la 15ème réunion du Forum international de l'énergie (IEF15) que son pays voulait avant tout rétablir ses niveaux de production antérieurs aux sanctions internationales liées à son programme nucléaire, sanctions désormais levées. " Atteindre un accord en deux jours ne figure pas sur notre agenda, nous avons besoin de temps pour de plus amples consultations, a-t-il dit avant d'ajouter qu'un accord pourrait éventuellement être trouvé lors de la réunion de l'Opep, le 30 novembre à Vienne. Les principaux pays producteurs de pétrole affichaient ouvertement leurs divergences hier à Alger, douchant les espoirs d'un accord sur un gel de leur production lors d'une réunion informelle de l'Opep prévue le lendemain dans la capitale algérienne pour soutenir des prix anémiques. Mais comme anticipé, de fortes divergences de vues notamment entre l'Iran et l'Arabie saoudite, deux grandes puissances rivales du Moyen-Orient, risquent de bloquer un accord, comme cela avait déjà été le cas à Doha en avril. Pas pour tout de suite Interrogé sur la position de Téhéran, qui a dit un peu plus tôt ne pas être prêt à geler sa production d'or noir à son niveau actuel, le ministre saoudien de l'Energie Khaled al-Faleh a répondu: Un seul pays ne peut pas influer sur le marché. Cependant, le ministre saoudien de l'Energie a déclaré hier rester optimiste quant à la possibilité d'une entente ici à Alger pour soutenir les prix du pétrole, tout en laissant entendre que le marché pourrait se rééquilibrer de lui-même. " Je demeure optimiste sur la base des fondamentaux du marché qui prennent la bonne direction, et aussi sur le fait que les producteurs parviennent à une vision commune ", a déclaré Khaled al-Faleh en marge de Forum énergétique à Alger. " Nous avons eu des signes positifs du marché américain durant les trois dernières semaines, en ce qui concerne la réduction des stocks ", a-t-il précisé. De son côté, le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, a indiqué que des discussions étaient menées par son pays avec les autres pays pétroliers pour redresser les cours du brut. "Nous menons des discussions avec les autres producteurs sur les prix", a déclaré M. Novak à la presse en marge de la 15ème réunion du Forum international de l'énergie (IEF15), estimant que ces discussions étaient "très importantes". Toutefois, le ministre russe a affirmé que ces efforts étaient engagés mais "sans un agenda précis". "Cela dépend de la situation du marché ", a-t-il ajouté. L'autre membre de l'Opep, l'lrak, se dit favorable à toute solution "consensuelle" qui conforte les prix du pétrole, le ministre du pétrole Jabar Laibi a affirmé hier que son pays était favorable à toute solution "consensuelle" qui permette de conforter les prix du pétrole. "L'Irak soutient toute action et tout effort de nature à préserver l'équilibre du marché pétrolier et à hisser les cours du pétrole", a soutenu le responsable irakien dans une déclaration à l'APS peu avant l'ouverture de la 15eme session du Forum international de l'énergie. A la question de savoir s'il entendait par là que l'Irak soutenait une réduction de l'offre, M. Laibi a répondu: "demain, nous nous concerterons et nous étudierons les meilleurs mécanismes et moyens d'atteindre cet objectif", en allusion à la réunion informelle des pays exportateurs de pétrole prévue en marge du forum. "La tendance des prix ne peut actuellement être déterminée, cependant il existe des niveaux que les membres de l'OPEP veulent atteindre pour parvenir à un prix consensuel", a-t-il ajouté. Le ministre irakien a, par ailleurs, qualifié la réunion de l'OPEP "d'extrêmement importante", indiquant qu'il s'agissait d'une réunion préparatoire et consultative à l'effet d'une concertation entre les ministres de l'Energie membres de l'organisation pour préserver la stabilité du marché. Marché peu surpris Quoi qu'il en soit, ces multiples anticipations, qui laissent augurer au moins l'amorce d'un processus effectif de stabilisation du marché à l'issue de la réunion d'Alger, ne semblent pas suffire en définitive à rassurer les marchés, ces derniers donnant plutôt l'impression d'attendre et voir venir. La tendance générale reste ainsi à la prudence et à l'expectative, d'autant que les analystes du marché parient pour la plupart sur l'absence de décision concrète avant au moins une prochaine réunion officielle de l'Opep. Mieux encore, les cours du pétrole, qui oscillent depuis plusieurs semaines au gré des spéculations sur la possibilité d'un accord à Alger, perdaient du terrain hier à Londres. A la mi-journée, les cours du pétrole ont ouvert en nette baisse mardi à New York, les divergences entre l'Iran et l'Arabie saoudite faisant planer des doutes sur un éventuel accord à Alger concernant un gel de la production. Vers 13H20 GMT, le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, perdait 1,29 dollar à 44,64 dollars sur le contrat pour livraison en novembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). Les chances que l'Opep trouve un accord cette année semblent plus élevées qu'auparavant, mais ce sera probablement lors de sa réunion du 30 novembre, avancent ainsi des analystes. Et de spéculer encore plus ouvertement : "Si les prix du pétrole tombaient sous les 40 dollars pour trois ou quatre semaines, les têtes d'affiche que sont l'Arabie Saoudite, l'Iran et la Russie trouveraient probablement un terrain d'entente."