Le Conseil de sécurité de l'Onu a rejeté samedi soir le projet de résolution sur la Syrie présenté par la Russie, qui assure la présidence du Conseil de sécurité en octobre. " Le projet n'a pas été adopté, parce qu'il n'a pas recueilli le nombre requis des voix ", a déclaré le représentant permanent de la Russie auprès de l'Onu Vitali Tchourkine. Quatre des 15 pays membres du Conseil de sécurité - la Russie, le Venezuela, l'Egypte et la Chine - ont appuyé ce texte proposant de soutenir l'initiative de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura concernant le retrait des terroristes d'Alep. Neuf pays ont rejeté le texte, dont la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui avaient voté peu avant en faveur d'un texte concurrent présenté par la France. L'Angola et l'Uruguay se sont abstenus. Ce vote a suivi celui sur un projet de résolution proposé par Paris et bloqué par Moscou. En effet, la Russie a bloqué le texte de la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu proposé par la France sur le cessez-le-feu à Alep, empêchant ainsi son adoption. Onze pays membres du Conseil de sécurité ont soutenu le texte, la Chine et l'Angola se sont abstenus alors que la Russie et le Venezuela se sont opposés à la proposition française. " Le projet de résolution n'a pas été adopté en raison du vote négatif d'un membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu ", a déclaré le représentant russe permanent auprès de l'Onu Vitali Tchourkine. " Le projet français attribue toute la culpabilité du regain des tensions en Syrie aux autorités syriennes ", a-t-on déclaré au ministère russe des Affaires étrangères. Avant le vote, le représentant russe a fait savoir que la Russie était opposée au projet français et proposerait un projet de résolution alternatif concernant la Syrie. Cependant, le Conseil de sécurité a rejeté le texte présenté par Moscou. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, les propositions soumises par la Russie en vue de trouver un compromis ont été sacrifiées en faveur du renversement du gouvernement syrien. " Le texte de la résolution, rédigé avec une apparente tutelle de Washington, a été présenté immédiatement après la suspension par les Etats-Unis des accords bilatéraux sur la Syrie, déformait brutalement l'état des choses réel et revêtait un caractère politisé, non-équilibré et unilatéral. " Toujours selon la même source, le projet français ne prenait pas en considération le fait que la crise syrienne avait été provoquée intentionnellement, lorsque les rebelles avaient renoncé, en août et en septembre, de laisser passer les convois humanitaires, menaçant alors d'ouvrir le feu. Répéter les erreurs du passé ? Il serait inadmissible que la Syrie répète le sort de l'Irak ou de la Libye ", a expliqué le ministère. Et de rappeler: la déstabilisation du Proche-Orient qui a débouché sur l'apparition de l'Etat islamique ainsi que sur celle de nouvelles réincarnations du Front al-Nosra, a commencé par l'intervention dans ces pays. " Dommage que l'histoire n'apprenne rien à certains de nos partenaires ", a conclu le ministère russe. Le projet de résolution russe soutient l'initiative de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura concernant le retrait des terroristes d'Alep et réclame l'instauration immédiate d'une cessation des hostilités, notamment dans cette ville. Il appelle également à appliquer les accords russo-américains sur la Syrie intervenus le 9 septembre. Le texte russe souligne également la nécessité de faire au plus vite le distinguo entre les forces de l'opposition modérée et les terroristes du groupe Front al-Nosra. L'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a appelé jeudi les 900 combattants de l'organisation djihadiste Front Fateh el-Cham (ex Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda) à quitter l'est d'Alep. " Si vous décidez de partir en toute dignité et avec vos armes (…) je suis personnellement prêt à vous accompagner ", a affirmé M. de Mistura. Induire le monde en erreur Les fausses informations que les Etats-Unis et leurs partenaires cherchent à faire croire ainsi que leurs bavures systématiques en Syrie font surgir une question essentielle: quelle est donc la stratégie de la coalition? Washington et ses partenaires aux Nations unies font semblant de prendre des mesures en vue de trouver une solution à la crise syrienne, a affirmé le représentant permanent de la Syrie auprès de l'Onu, Bachar Jaafari. " Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne saisissent depuis six ans un Conseil après l'autre, sponsorisent les projets de déclarations, et ce, pour induire en erreur l'opinion publique en montrant qu'ils cherchent à résoudre la crise dans mon pays ", a-t-il affirmé prenant la parole samedi lors d'un Conseil de sécurité. Ces pays, selon M. Jaafari, " promeuvent l'idée selon laquelle la confrontation en Syrie se déroule entre l'opposition dite modérée et les forces gouvernementales ". Cependant, ils " ferment les yeux sur le fait que leur politique a mis en danger la vie de centaines de milliers de Syriens innocents ". Evoquant les frappes de la coalition contre l'armée syrienne à Deir ez-Zor, que la partie américaine a qualifiées par la suite de " bavure ", le représentant syrien a dénoncé un " comportement intentionnel ". " Il est l'heure de voir clair dans la stratégie de la coalition dirigée par les Etats-Unis, dans ces répétitions systématiques de la même erreur ", a-t-il martelé.