Le sort de la Syrie se joue à la roulette russe. Pour la cinquième fois, le veto russe a bloqué le projet français présenté au Conseil de sécurité qui exigeait la cessation des bombardements et l'interdiction des vols au-dessus de la ville. Si le texte français a recueilli l'adhésion de 11 des 15 pays membres du Conseil de sécurité, le Venezuela a voté contre, alors que la Chine et l'Angola se sont abstenus. En revanche, les pays occidentaux ont fait front contre le texte concurrent présenté par la Russie appelant plus généralement « à une cessation des hostilités, notamment à Alep ». L'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a souligné qu'il fallait dans le conflit avancer « de façon parallèle et sans condition préalable ». Le Venezuela, l'Egypte et la Chine ont voté avec Moscou, tandis que l'Angola et l'Uruguay se sont abstenus. Le clivage se consolide, sur fond de divergences accentuées entre Moscou et Washington. Même si les canaux d'échanges, pour éviter notamment des incidents aériens, ont été maintenus, la suspension des pourparlers traduit le climat de méfiance assimilé par le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, à une période « plus dangereuse » que la guerre froide. Depuis la rupture de la trêve, considérée par Moscou comme étant « unilatérale » et profitable aux terroristes du Front Nosra devenu Fatah El Cham, l'avancée indéniable de l'armée syrienne menace la présence des rebelles dans leur réduit d'Alep Est. « La bataille se déroule au centre, notamment dans le quartier de Boustane al-Bacha où l'armée avance, dans le Sud, à Cheïkh Saïd, et à la périphérie nord, où le régime a pris le quartier d'Ouwayja », a indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Les forces armées du régime sont « à quelques mètres de plusieurs quartiers » rebelles dans la partie nord-est de la ville, après avoir pris le contrôle de Jandoul, un carrefour-clé dans le nord de la ville, selon l'OSDH et le quotidien Al-Watan, proche du régime de Bachar al-Assad. A découvert, les bastions de Hellok, Inzarat et Aïn al-Tall, sont désormais à portée de l'artillerie. Accusée de « crimes de guerre », la Syrie dénonce la manipulation occidentale qui donne la part belle aux groupes armés. « Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne saisissent depuis six ans un Conseil après l'autre, sponsorisent les projets de déclarations, et ce, pour induire en erreur l'opinion publique en montrant qu'ils cherchent à résoudre la crise dans mon pays », a déclaré le représentant permanent de la Syrie auprès de l'ONU, Bachar Jaafari, prenant la parole, samedi dernier, devant le Conseil de sécurité. Il a évoqué les frappes de la coalition contre l'armée syrienne à Diar Ezzor, qualifiées de « bavures » par Washington et jugées intentionnelles.