Le Sahara occidental dernier bastion du colonialisme en Afrique, a été au cœur des débats de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la colonisation, le 7 octobre dernier alors qu'elle poursuivait son débat sur les questions de décolonisation. Selon le communiqué émis suite à la sixième session, l'intérêt était vif pour le Sahara occidental, surtout à la lumière des récents développements sur le terrain- l'expulsion du personnel civil de la Mission des Nations-unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et la demande faite par le Maroc de pouvoir réintégrer l'Union africaine (UA), mais les délégations n'ont pas proposé la même approche pour arriver au règlement de ce différend qui dure depuis plus de 40 ans. Si l'on se réfère au projet de résolution sur la décolonisation du Sahara occidental adopté par consensus le 10 octobre dernier par la Quatrième Commission de l'Assemblée générale de l'ONU, l'organisation onusienne et la majorité de ses membres restent attachés à permettre conformément à sa Charte, au peuple du Sahara occidental d'exercer son droit à l'autodétermination au moyen d'un référendum sous ses auspices que les Sahraouis attendent depuis 24 ans. L'Assemblée générale des Nations-unies avait déjà reconnu le fait que le Maroc est la " Puissance occupante " de ce territoire, un point de vue conforté par la Cour internationale de Justice dès 1975. Cette position est également celle de l'Union africaine (UA). Son Envoyé pour le Sahara occidental, l'ancien Président du Mozambique, M. Joakim Chissano, s'est d'ailleurs récemment adressé aux membres du Conseil de sécurité et a qualifié de " dangereux précédent "la récente décision du Maroc d'expulser le personnel civil de la MINURSO à la suite de la visite du SG de l'ONU dans la région. Plusieurs membres de l'UA redoutent une " escalade militaire " dans la région et dénoncent le manque de progrès dans l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui pour lequel ils ont demandé au Conseil de sécurité de fixer une date. D'autres voix se sont élevées ces derniers temps pour la nécessité de traiter ce conflit dans le cadre d'une stratégie régionale plus large pour le Sahel pour y instiller un environnement stable et sûr. Cette urgence de trouver une solution à la question du Sahara occidental, a été abordée avec lucidité lors du débat à la Quatrième Commission de décolonisation sous l'angle sécuritaire mais aussi celui de la consolidation de la coopération au sein de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). Face à cette majorité qui appelle à l'accélération de la décolonisation du Sahara occidental et des 16 autres territoires non autonomes se trouvant dans le monde, certaines délégations se sont distinguées à travers leur soutien à la démarche d'autonomie du territoire sahraoui avancée depuis avril 2007 par le Royaume marocain jugeant cette initiative comme " sérieuse et crédible ". Il s'agit notamment du Sénégal en tant que chef de file des soutiens à la colonisation du Sahara suivi sans la moindre retenue par les monarchies du Golfe qui soutiennent financièrement et militairement le Makhzen dans cette guerre contre le peuple sahraoui. A en juger de l'intervention de Mme Manal Hassan Radwan faite au nom du Conseil de coopération du Golfe (CCG) apportant le soutien aux pays placés sous la domination coloniale étrangère, estimant que ces pays devaient " pouvoir exercer leur droit à l'autodétermination ". A ce propos, elle s'est dite préoccupée par le fait que les Nations unies et les pays concernés n'arrivent pas à faire appliquer les résolutions pertinentes en la matière, avant de demander aux puissances administrantes de prendre les mesures qui s'imposent pour permettre l'exercice de ce doit aux populations locales. Jusqu'ici le CCG rejoint par les mots l'attitude de la communauté internationale pour un monde pacifique et sans colonisation. Mais la contradiction, le parti pris des monarchies du Golfe en faveur du Maroc, puissance colonisatrice est flagrant. La représentante du CCG assure que l'initiative d'autonomie élargie pour les provinces sahariennes proposée par le Maroc, en 2007, " est une option constructive " pour parvenir à une solution acceptable par toutes les parties ". Traduction : pour les pays du Golfe, le peuple sahraoui n'a pas accès à son droit d'autodétermination et devra se " soumettre " malgré lui à cette occupation. Comme on le voit, les pétrodollars, l'Arabie saoudite en tête, se tiennent aux côtés du Maroc afin d'enterrer les efforts des Nations unies tendant à une solution pacifique, juste et durable qui respecterait et garantirait les droits du peuple du Sahara occidental. Pays du Golfe, France et certains pays africains menés par le Sénégal est un nouvel indice d'engagement aux côtés du Maroc. Autrement dit, sa survie politique et diplomatique vis-à-vis de ce conflit. On ne peut plus souligner l'intérêt que ces Etats manifestent pour le monarque marocain dans son aventure au Sahara occident. S'agit-il de contrecarrer les éventuelles décisions du Conseil de sécurité de l'ONU prévoyant sans nul doute la tenue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, l'échec de l'initiative marocaine d'autonomie, l'insuccès de la diplomatie royale victime à la fois de ses carences et de ses manœuvres à étouffer son acte colonial en mettant en cause l'Algérie ? Ou, plus simplement, d'une mise sous tutelle de l'impérialisme d'une monarchie dont l'avenir au Sahara occidental est dénoncé par la communauté internationale. Toujours est-il que, en prévision d'un rapport qui sera présenté au Conseil de sécurité dans les prochains jours par l'Envoyé spécial du SG de l'ONU pour le Sahara occidental sur les difficultés faites par le Maroc à ses visites dans la région et sur le rapport du SG de l'ONU prévu pour le mois de mai 2017, le Maroc multiplie les appels à ses soutiens surtout que cette fois-ci il risque de perdre tout et de se retrouver seul et en grande difficulté surtout qu'on laisse entendre dans les coulisses des Nations unies que le nouveau SG, Antonio Gutarres est décidé à mettre fin à ce conflit. Un point d'honneur qu'il compte mettre sur le crédit de son mandat à la tête de l'ONU. L'Algérie profondément attachée aux choix stratégiques d'un ensemble régional cohérent et complémentaire permettant de faire droit aux aspirations de tous les peuples de la région, et empruntant des voies méthodiques qui prennent en charge les mutations intervenues au plan régional et international, ne saurait admettre que cet ensemble maghrébin se construise au détriment du peuple sahraoui et de ses droits légitimes et inaliénables à l'autodétermination, en référence à la résolution 1514 des Nations unies sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés. L'Algérie, qui œuvre pour des relations apaisées avec son voisin de l'Ouest, soutient sans réserve les efforts de l'Envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental pour la promotion d'une solution juste et durable de la question du Sahara occidental. L'Algérie toujours dans la voie de la légalité internationale, restera disponible pour aider par la voie pacifique à trouver une solution à tous les problèmes surgis dans la région et ailleurs dans la région subsaharienne.