En marge de la séance de questions orales à l'APN, qui s'est tenue jeudi, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, a mis en relief la position du gouvernement algérien concernant la création d'une commission d'enquête indépendante décidée par le SG de l'ONU M. Ban Ki-moon, à propos des attentats du 11 décembre. Le ministre de l'Intérieur s'est élevé contre cette décision de désigner un groupe indépendant pour établir les faits, après le double attentat du 11 décembre à Alger. "Je ne vois aucune utilité à une telle commission. Que va-t-elle apporter de plus par rapport au travail déjà fait par les autorités algériennes ? A-t-elle une baguette magique qui nous permettra d'aller faire sortir les auteurs de ces attentats des maquis ?", s'interroge encore M. Zerhouni.Fustigeant l'attitude des responsables de l'ONU, le ministre de l'Intérieur rappelle que la lutte contre le terrorisme en Algérie est efficace, ajoutant : "Pourquoi ceux qui parlent aujourd'hui, n'ont pas avancé leurs solutions magiques lorsque l'Algérie combattait seule le terrorisme?". Mettant l'accent sur l'efficacité de cette lutte que mène l'Algérie, M. Zerhouni souligne que " quelques personnes se demandent comment peut-on être au courant que ces édifices peuvent être ciblés par les terroristes. Il faut savoir, et tout le monde le sait d'ailleurs, que quotidiennement, et à partir de quelques sites Internet que ce type d'information est diffusé ". Prenant l'exemple des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, le ministre dit : "Ils se sont produits aussi, malgré que les autorités américaines le savaient, mais est-ce à dire pour autant que les autorités américaines ont échoué dans la lutte contre le terrorisme". Le ministre de l'Intérieur rappellera aussi que, par le passé, les institutions de l'ONU à travers le monde entier ont été ciblées par le terrorisme. En effet, plusieurs attentats ont frappé les édifices de l'ONU, à l'instar de celui perpétré le 11 décembre à Alger. En Irak, le 19 août 2003, un attentat suicide au camion piégé contre le QG des Nations unies s'est produits à Bagdad, ôtant la vie à 22 personnes de nationalités différentes dont le représentant de l'ONU en Irak. Le 22 septembre 2003, un deuxième attentat a ciblé le quartier de l'ONU à Bagdad. Le 17 janvier 2006, deux à trois cents personnes partisanes du président Laurent Gbagbo tentent de pénétrer à l'intérieur du siège de l'opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) à Abidjan. Le 24 juin 2007, six membres du contingent espagnol de la Finul sont tués dans l'explosion d'une voiture piégée au Liban-Sud. M. Zerhouni note qu'aucun pays n'est à l'abri de la menace terroriste. "Faire face à la menace terroriste nécessite une vigilance permanente. Et c'est pour cette raison, que nous avons toujours appelé à la mobilisation et à la vigilance des citoyens". Il y a quelques jours, le chef du gouvernement M. Abdelaziz Belkhadem, a qualifié, à partir de la capitale espagnole, Madrid, de "mesure unilatérale la décision du SG de l'ONU de créer une commission d'enquête indépendante sur les attentats du 11 décembre à Alger". "L'ambassadeur d'Algérie à l'ONU n'a pas été consulté et l'avis de l'Algérie n'a pas été pris", a déclaré M. Belkhadem. De tout ce qui précède, il est à relever que le SG de l'ONU, M. Ban Ki-moon, n'a pas respecté les règles en la matière pour créer cette commission. Une décision unilatérale, qui semble être en contradiction avec ses propres propos. Ce dernier, lors de sa récente visite à Alger, a estimé "important que l'Algérie et l'ONU travaillent ensemble et étroitement pour lutter contre le terrorisme". A l'évidence le mécontentement d'Alger est plus qu'évident, et tout à fait justifié. La réaction des autorités algériennes vient pour rappeler que le monde est, de nos jours, confronté à de nouvelles formes de déstabilisation ainsi qu'à de multiples menaces qui mettent en péril la paix et la sécurité internationale. C'est le cas, en particulier, du terrorisme qui est, par essence, attentatoire au droit élémentaire à la vie et n'épargne aucune région du monde, sans distinction de race, de sexe ou de religion. L'Algérie a toujours appelé, de ce fait, à une mobilisation internationale résolue et recommandée, de la part de la communauté internationale, une réponse collective, ferme et efficace et durable. Notre pays qui a longtemps souffert des affres d'un terrorisme abject, qu'il a combattu seul et auquel il a payé un lourd tribut dans l'indifférence, dans les années 1990, ne peut que s'élever contre cette commission d'enquête indépendante convoquée par Ban Ki-mon. Sa mise sur pied donne l'impression que quelque part, on cherche à déplacer la réalité de ce phénomène dévastateur. L'Algérie, tout à fait convaincue de la prise de conscience, chaque jour plus grande, des dangers véhiculés par ce phénomène et de la nécessité de le prévenir et de l'éliminer, ne voit pas l'utilité de cette commission. L'essentiel est la recherche de moyens qui permettent cette lutte internationale contre le terrorisme dans un élan commun de tous. Dans cette perspective, l'Algérie appuie sans équivoque la stratégie antiterroriste mondiale de l'ONU, adoptée en septembre 2006 par l'Assemblée générale. Sur ce dossier, il y a lieu de rappeler que la conclusion d'une convention générale contre le terrorisme international, se fait toujours attendre dans les tiroirs du SG de l'ONU, M. Ban Ki-moon. La diplomatie algérienne n'a de cesse d'appeler à un engagement des Etats membres de l'Assemblée générale de l'ONU pour sa mise en œuvre immédiate en précisant que la lutte contre le terrorisme ne devrait pas reposer uniquement sur la force, mais elle devrait également intégrer le traitement des causes sous-jacentes de ce phénomène à travers, notamment la résolution juste et équitable des conflits et notamment le conflit au Moyen-Orient. Au-delà des mesures à mettre rapidement en œuvre pour contrecarrer ce phénomène, l'Algérie a fait sienne l'urgence qui se fait sentir quant à la nécessité de la conclusion d'une Convention générale contre le terrorisme international, dissociant clairement ce dernier de la lutte légitime des peuples contre l'occupation, et évitant de faire l'amalgame entre ce phénomène et toute religion, civilisation ou sphère.