Annoncé à maintes reprises, Délice Paloma le nouveau-né de Nadir Mokhnèche, que le cinéaste a signé après Le Harem de Madame Osman et Viva L'Algérie, serait, selon la Biyouna nationale, sur les écrans avant la fin du mois en cours.Beaucoup ont pensé que cette œuvre qui a reçu une aide du commissariat de “ Alger, capitale de la culture arabe”, a été purement et simplement censurée du fait que sa projection a été, depuis sa sortie l'été dernier, reportée, plusieurs fois, et du fait aussi que Nadir Mokhnèche est réputé pour ses scènes moralement “ incorrectes ”. “Nous ne pouvons pas mettre à l'affiche un film qui n'est pas sous-titré en arabe. C'est “ Alger, capitale de la culture arabe ”, et nous avons exigé de tous les cinéastes qui ont bénéficié de nos aides que leurs films soient impérativement sous-titrés dans cette langue ” a soutenu la ministre de la Culture, Khalida Toumi, lors d'une rencontre fortuite. L'égérie de Nadir Mokhnèche, Biyouna-comme Carman Maura pour Pedro Almodovar, a, pour sa part, affirmé que ce film est d'ores et déjà sous-titré et qu'il sera à l'affiche pour une avant-première avant la fin de ce mois. La comédienne qui a pris son véritable envol dès sa rencontre en l'an 2000 avec le jeune Nadir Mokhnèche, regrette encore que Délice Paloma n'ait pas été retenu dans la sélection cannoise 2007, mais s'enorgueillit, par ailleurs, que le film ait fait quelques autres grands festivals tels ceux du Caire et de Namur. “A Cannes, ils ont jugé que ce long métrage était populaire ! Je ne sais pas ce que ça veut dire…mais bon! ” ajoute-t-elle encore en rappelant son inédite prestation dans le rôle d'Electre aux côtés de Jeanne Birkin. “Nous avons donné 65 représentations dans les villes de France, c'était fatigant mais particulièrement enrichissant ” avoue-t-elle encore. Comme Nadir Mokhnèche aime à le faire, dans Delice paloma, il faut s'attendre à voir des personnages glauques voir marginaux, à l'image de Madame l'Aljéria, -Biyouna- une maquerelle en bonne et due forme, capable des pires passe- passe, mais aussi du meilleur, puisque fondamentalement humaine. Madame Aldjéria incarne ce pays éponyme, où tout est flou, tout est permis si l'on a la verve et l'argent. Dans Délice Paloma, il s'agit non seulement pour Nadir de captiver des bouts de vérité dans cette Algérie des bas-fonds, mais aussi de montrer comme le fait souvent Almodovar –c'est le réalisateur fétiche de Nadir Mokhnèche- d'explorer ses rapports mère –fille, extrêmement compliqués. Ce film n'est pas seulement le récit d'une dame de fer, Madame l'Aljéria, qui triche, exploite, vole, manipule, à l'image de certains magnats du pays éponymes, mais aussi celui des rapports humains, forts, parfois fragiles dans un contexte qui n'est pas toujours accueillant. Nadir Mokhnéche ne fait jamais dans la dentelle. Tous ses films à la beauté artistique rare, bousculent les esprits, exacerbent le sentiment, foudroient les cœurs intolérants et réactionnaires. Il y a beaucoup de rapprochement entre ses films et ceux de Almodovar, dont les décors et les personnages sont très kitch…sauf que le cinéaste espagnol est une star internationale…