Finalement, Nadir Mokhnèche a choisi de montrer son dernier-né, Délice Paloma, en première à Paris. En attendant que les Algériens découvrent, le 11 juillet prochain, ce long métrage tourné en 2006 à Alger, ce film fera quelques salles françaises et, notamment des festivals, après une avant- première organisée, hier, à l'Institut du monde arabe à Paris. Delice Paloma, n'a pas été retenu pour la compétition cannoise 2007, et la déception du cinéaste ainsi que celle de sa comédienne fétiche, la Biyouna nationale, est, aujourd'hui, certainement tombée. Troisième long métrage de ce jeune cinéaste qui s'est d'abord fait connaître par Le Harem de Madame Osman puis Viva l'Aldjerie, Délice Paloma semble proche d'un thriller ou plutôt d'un polar. La première scène filmée se déroule à la prison de Serkadji. La Biyouna ou encore, " Madame Aldjéria" est libérée. Tendre femme mais sans scrupules, madame l'Aldjerie est sur tous les fronts des trafics, qu'ils soient matériels, humains, sexuels ou simplement loisibles. Elle est là pour tout ! Elle vous arrange un rendez-vous avec une femme que vous avez vue dans la rue, vous débrouille un permis de construire dans une zone agricole, vous libère d'une concurrence commerciale menaçante… bref c'est une " bienfaitrice nationale". Le personnage atypique fait feu de tout bois ; il n'a ni foi ni loi. La dernière Paloma, la dernière recrue fait grand effet sur tout le monde, en particulier sur Riyad, le fils de Madame Aldjéria. Le rachat des Thermes de Caracalla, le rêve qui devait permettre au clan d'Aldjéria de changer de vie, sera l'affaire de trop…. Mais madame Aldjéria ne fonctionne pas seule, elle a son équipe. Ils ne se déplacent même pas à la recherche d'affaires juteuses, mais ce sont les autres qui viennent les voir comme s'il s'agissait d'une administration officielle. Elle n'hésite pas à se salir les mains pour survivre dans un pays où tous les coups sont permis. Biyouna, qui campe bien ici sur le premier rôle, est la chef de bande. Délice Paloma, du nom d'une glace italienne, contiendrait certainement quelques frasques comme aime à le faire Nadir Mokhnéche, grand admirateur de Pedro Almodovar. Il faut s'attendre à ce que le film ne soit pas politiquement ni socialement correct, du fait que Mokhnèche ne peut pas s'empêcher d'inclure des personnages absolument marginaux et atypiques dans ses œuvres. Les chastes et, notamment les journalistes, ont toujours crié au scandale à la vue d'images qu'ils appellent " obscènes " dans les films de Nadir Mokhnèche. Nous sommes à une époque où tout le monde a, à portée de main, des images ainsi que des informations possibles et inimaginables ; il serait toutefois curieux de regarder un film qui est, par excellence, une œuvre artistique par cette serrure là. " Je n'ai jamais filmé ne serait ce qu'un millième de seconde d'image, quelque chose que je n'ai pas vu dans la vie quotidienne " ne cesse d'affirmer Nadir Mokhnéche. Et Alors, est-ce que la " vraie vie ", celle qui se cache derrière les comptoirs, au fond des loges, en présence de noctambules, dérange ? Qui et pourquoi ? Pourtant elle est là, bouillonnante, il suffit jute de tirer le rideau pour la voir!