Le conglomérat industriel américain General Electric (GE) a annoncé lundi fusionner ses activités dans les services pétroliers et gaziers avec celles de son compatriote Baker Hughes pour créer un géant mondial du secteur. Cette nouvelle entité, dont le chiffre d'affaires annuel sera de plus de 32 milliards de dollars, aura la taille nécessaire pour rivaliser avec le franco-américain Schlumberger et l'américain Halliburton, respectivement numéros un et deux de cette industrie dont les marges ont été rognées par le plongeon des prix du pétrole depuis 2014. Cette société va en effet se retrouver en meilleure position dans ses négociations commerciales avec les groupes pétroliers, qui font pression sur leurs sous-traitants afin d'obtenir de forts rabais. Baker Hughes et la division pétrole et gaz de GE développent des technologies et fournissent des équipements destinés au forage de puits pétroliers, à la prospection et la production d'hydrocarbures et à la construction de plateformes. Affectées par la déprime des cours du pétrole, les entreprises du secteur cherchent à réduire leurs coûts et à proposer des offres élargies à leurs clients. Les clients pétrole et énergie demandent des solutions plus productives, a souligné lundi le P-DG de GE, Jeff Immelt. Cela ne peut aboutir qu'à travers l'innovation technique et une bonne exécution, a-t-il estimé. GE prévoit des synergies de coûts de l'ordre de 1,6 milliard de dollars d'ici 2020 grâce à ce rapprochement et espère que l'opération lui permettra d'augmenter son bénéfice par action de 4 cents dès 2018 et de 8 cents d'ici 2020. La nouvelle société, baptisée Baker Hughes, a GE company (une entreprise de GE), sera cotée au New York Stock Exchange. Elle sera détenue à 62,5% par GE, qui va verser un dividende total de 7,4 milliards de dollars aux actionnaires de Baker Hughes, qui auront, eux, 37,5% du capital. Apaiser les actionnaires activistes L'actuel patron de la filiale pétrole et gaz de GE, Lorenzo Simonelli, deviendra P-DG de la nouvelle société, tandis que Jeff Immelt présidera le conseil d'administration et Martin Craighead, l'actuel P-DG de Baker Hughes, en sera le vice-président. Si l'opération a été validée par les conseils d'administration des deux groupes, elle doit encore recevoir le feu vert des autorités antitrust. Cette dernière étape n'est pas anodine puisque Baker Hughes avait déjà dû renoncer au printemps dernier à un projet de fusion à 34,6 milliards de dollars avec Halliburton, en raison du veto du département américain de la Justice (DoJ), lequel estimait que ce mariage éliminerait une concurrence essentielle, déséquilibrerait le marché de l'énergie et nuirait aux consommateurs américains. Halliburton et Baker Hughes avaient tenté d'amadouer le régulateur sans succès, en s'engageant à céder des actifs pour plus de 7 milliards de dollars à GE. Pour Jeff Immelt, le rapprochement avec Baker Hughes représente la plus grosse transaction effectuée depuis sa décision de recentrer GE vers ses activités industrielles au détriment des activités financières qui ont été complètement démantelées. Mais c'est l'exposition au secteur pétrolier et gazier qui a plombé les comptes du groupe au troisième trimestre avec un plongeon de 20,4% du bénéfice net à 1,99 milliard de dollars. Le bénéfice opérationnel de cette division devrait chuter de 30% cette année, anticipe GE, qui veut profiter de cette mauvaise passe pour la transformer en réduisant ses coûts de plus d'un milliard de dollars. Cette cure d'austérité, à laquelle s'ajoute la stabilisation des prix du pétrole à un peu moins de 50 dollars le baril depuis quelques mois, font espérer des lendemains meilleurs à GE en cas de reprise des forages aux Etats-Unis. GE et Baker Hughes espèrent par ailleurs apaiser temporairement les pressions exercées sur eux par des actionnaires activistes. Le financier américain Nelson Peltz, entré dans le capital de GE en octobre 2015 via un investissement de 2,5 milliards de dollars, a demandé à Jeff Immelt plus de discipline dans les acquisitions, tandis que le fonds activiste ValueaAct Capital Management, fort de 7% du capital, a appelé Baker Hughes à céder des actifs depuis le mariage avorté avec Halliburton.