Les revenus du conglomérat industriel américain General Electric (GE) ont souffert du plongeon des prix du pétrole malgré l'acquisition du pôle énergie du français Alstom mais le groupe est arrivé à préserver son bénéfice. Nous reconnaissons que les premières semaines de 2016 ont été particulièrement volatiles, a admis vendredi le P-DG Jeffrey Immelt, soulignant que la croissance mondiale était lente. Le co-fabricant des moteurs d'avions de nouvelle génération Leap a certes surpris les marchés en annonçant un bond des bénéfices au quatrième trimestre, période reflétant l'état de l'activité récente. Ceux-ci ont en effet augmenté de 22% sur un an à 6,3 milliards de dollars, à un moment de l'année pourtant dominé par une accélération de la chute des prix de l'or noir et du ralentissement de l'économie chinoise. Mais le chiffre d'affaires trimestriel a augmenté à un rythme plus faible qu'espéré: il est ressorti à 33,89 milliards de dollars (+1,44% sur un an), contre 35,96 milliards escomptés. La faute à la division énergie (gaz et pétrole), qui représentait encore un peu plus de 15% du chiffre d'affaires en 2014: ses revenus ont chuté de 16%, de même que ceux des énergies renouvelables. Les recettes générées par l'électricité ont à l'inverse augmenté de 3%. M. Immelt, aux commandes depuis 2001, a entrepris un virage stratégique visant à recentrer GE sur ses racines industrielles - fabrication des turbines à gaz, centrales électriques, moteurs d'avions, équipements médicaux. Il a ainsi décidé de démanteler GE Capital, le bras financier, et de vendre les activités jugées non stratégiques. Dans cette optique, le fleuron industriel américain vient de céder pour 5,4 milliards de dollars son électroménager au chinois Haier. Au total, GE a déjà vendu pour 154 milliards de dollars d'actifs.
L'éclaircie Alstom A contrario, le conglomérat a fait des paris ambitieux sur l'énergie en multipliant les acquisitions sur fond de hausse des prix du pétrole. Il a finalisé en novembre dernier le rachat pour 9,7 milliards d'euros du pôle énergie d'Alstom, soit la plus grosse acquisition de son histoire, et serait actuellement en discussion, selon des sources proches du dossier, pour racheter les actifs de forage du groupe de services pétroliers américains Halliburton. Les marchés ont salué ces décisions en dopant le titre qui a été l'une des vedettes de Wall Street en 2015. Mais le prix du baril de pétrole a chuté, passant en un an et demi de plus de 100 dollars à 30 dollars. Prenant acte, GE a annoncé mi-janvier la suppression de 6.500 emplois sur 35 000 dans l'énergie en Europe dont 765 en France. Le chiffre d'affaires des activités industrielles a reculé de 1,32% à 31,35 milliards de dollars au quatrième trimestre. Le recul est identique sur l'année à 108,8 milliards. L'industrie représente près de 93% du chiffre d'affaires contre 94% en 2014. S'appuyant sur le carnet de commandes, M. Immelt a tenu vendredi à rassurer les marchés financiers qui ont déjà puni d'autres groupes industriels comme le fabricant des engins de chantiers Caterpillar. Les commandes ont augmenté de 1% à périmètre comparable au quatrième trimestre de sorte que notre carnet de commandes est en hausse de 18% à 315 milliards avec Alstom, a-t-il déclaré. Et d'insister: Nous croyons en la solidité de notre modèle économique et sommes confiants sur les perspectives d'Alstom, qui a gagné un premier gros contrat de 400 millions de dollars pour des centrales hydroélectriques en Chine. GE, qui va quitter son siège historique de Fairfield pour Boston, a par conséquent réaffirmé ses objectifs de réaliser un bénéfice par action ajusté compris entre 1,45 et 1,55 dollar en 2016 pour une croissance organique du chiffre d'affaires de 4%. Si le groupe n'a rien dit sur la baisse prévue des revenus de la division énergie, il est plus que probable qu'elle sera plus importante que la fourchette de -10 à -15% annoncée avant le baril de pétrole à 30 dollars. A Wall Street, le titre reculait de 1,54% à 28,15 dollars dans les échanges électroniques une demi-heure avant l'ouverture de la séance.