Les Bourses européennes ont nettement reculé mardi, alors que Wall Street se repliait pour une deuxième journée consécutive, les derniers sondages sur l'élection présidentielle américaine témoignant d'une incertitude croissante sur l'issue du scrutin. A une semaine de l'élection du successeur de Barack Obama, le républicain Donald Trump a rattrapé Hillary Clinton dans un sondage alors que les pronostiqueurs le vouaient à une défaite quasi-certaine il y a seulement quelques jours. Cette incertitude "est à l'origine" de la "nervosité" des marchés et "la tendance baissière aux Etats-Unis se répercute sur les marchés européens", a noté Daniel Larrouturou, de Diamant Bleu Gestion. "L'élection domine et des sondages qui se resserrent donnent aux marchés beaucoup plus à réfléchir qu'ils ne le pensaient il y a encore environ une semaine", a confirmé Patrick O'Hare, de Briefing. Pour Jasper Lawler, de CMC Market, la présidentielle américaine contribue d'autant plus à la prudence que la tendance boursière "reste fragile avant les décisions sur les taux aux Etats-Unis et au Royaume-Uni". Le Comité monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) a entamé mardi une réunion monétaire de deux jours à l'issue de laquelle il devrait, selon les analystes, laisser les taux d'intérêt inchangés. Le communiqué de la Fed pourrait présager d'une hausse ultérieure, potentiellement en décembre, mais ne sera pas suivi d'une conférence de la présidente de la Fed, Janet Yellen. Jeudi, ce sera le tour de la Banque d'Angleterre de communiquer sur sa politique monétaire. L'Eurostoxx 50 a perdu 1,05% A Paris, l'indice CAC 40 a abandonné 0,86% à 4.470,28 points. Safran a reculé (-0,70% à 62,19 euros) après le choix par Cessna de son moteur Silvercrest pour équiper son nouvel avion d'affaires à large cabine, Citation Hemisphere. Axa a terminé proche de l'équilibre (+0,07% à 20,54 euros), dans la foulée de l'annonce de la finalisation de la cession de ses activités britanniques de gestion de patrimoine. A Londres, l'indice FTSE-100 a cédé 0,53% à 6.917,14 points. Les compagnies pétrolières ont occupé le devant de la scène, avec les résultats trimestriels des deux géants BP (-4,48% à 462,05 pence) et Royal Dutch Shell (action "B", +3,97% à 2.199,00 pence). Shell est revenu dans le vert avec un bénéfice net de 1,4 milliard de dollars (1,3 milliard d'euros). BP a fortement amélioré son bénéfice net à 1,6 milliard de dollars (1,5 milliard d'euros) mais a décidé une nouvelle baisse des investissements. Même les géants miniers BHP Billiton (-0,93% à 1.223 pence) et Anglo American (-0,66% à 1.123 pence) ne sont pas parvenus à profiter d'un bon indicateur en Chine, pays grand consommateur de matières premières, où l'activité manufacturière a conforté en octobre son net rebond de septembre. Le secteur pharmaceutique a été sanctionné après des résultats décevants de Pfizer. AstraZeneca a perdu 1,66% à 4.512,00 pence, GSK 0,90% à 1.604,00 pence, Smith and Nephew 2,28% à 1.156,00 pence et Shire 2,63% à 4.527,50 pence, après avoir lui-même publié des résultats en demi-teinte au troisième trimestre. A Francfort, l'indice Dax a perdu 1,30% à 20.892,70 points, seul le pharmacien Bayer progressant (+0,55% à 90,79 euros). Lufthansa a perdu 1,55% à 11,47 euros. Selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), la compagnie à bas coût irlandaise Ryanair a décidé d'asurer des vols pour la première fois depuis Francfort, fief du géant aérien allemand. Cette perspective a au contraire dopé Fraport (+3,98% à 56,22 euros), gestionnaire de l'aéroport de Francfort . Le groupe immobilier Vonovia a subi des prises de bénéfices (-2,43% à 31,31 euros) après sa hausse de lundi. La Deutsche Bank a fermé la marche (-3,84% à 12,65 euros, ce qui porte son recul à 43% depuis le 1er janvier). A Madrid, l'indice IBEX a reculé de 1,12% à 9.040,70 points, sur fond de recul des valeurs bancaires. Banco Santander a perdu 1,94% à 4,39 euros, BBVA 2,16% à 6,44 euros et CaixaBank 1,52% à 2,72 euros. Telefonica a cédé 0,89% à 9,18 euros et le géant du textile Inditex 0,74% à 31,61 euros. Le groupe de BTP et services Ferrovial a perdu 1,75% à 17,42 euros et le gestionnaire d'autoroutes Abertis 1,33% à 13,35 euros. IAG, propriétaire d'Iberia et de British Airways, a en revanche gagné 1,32% à 4,90 euros et l'électricien Tecnicas Reunidas 0,59% à 34,37 euros. A Milan, l'indice FTSE Mib a cédé 1,32% à 16.898 points. Le pétrolier Eni a perdu 1,59% à 13 euros et Fiat Chrysler a perdu 1,05% à 6,60 euros. Parmi les banques, Unicredit a cédé 1,77% à 2,22 euros et Intesa San Paolo 1,23% à 2,08 euros. A Lisbonne, l'indice PSI a perdu 0,58% à 4.624,88 points, pénalisé par les groupes papetiers. Semapa a ainsi baissé de 1,71% à 11,52 euros et ses concurrents Altri et The Navigator Company de respectivement 1,26% à 3,13 euros et 1,16% à 2,64 euros. Autre perdant, le groupe de BTP Mota Engil, en baisse de 0,62% à 1,77 euro. A l'inverse, la banque BCP a gagné 1,07% à 1,23 euro. A Amsterdam, l'indice AEX a abandonné 0,64% à 449,71 points. Le fabricant de système de lithographie pour l'industrie des microprocesseurs ASML a perdu 2,25% à 94,33 euros et le groupe de télécoms Altice 1,90% à 16,48 euros. A Bruxelles, l'indice Bel-20 a baissé de 1,14% à 3.500,11 points, 18 de ses 20 valeurs reculant. Les plus fortes baisses ont été subies par le biopharmacien UCB (-2,06% à 60,42 euros) l'assureur Aegeas (-1,61% à 36,74 euros) et le chimiste Solvay (-1,53% à 102,95 euros). Wall Street doute à une semaine de l'élection Wall Street a terminé en baisse mardi, souffrant notamment d'un accès de doute à une semaine de l'élection présidentielle américaine: le Dow Jones a perdu 0,58% et le Nasdaq 0,69%. Selon les résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a reculé de 105,32 points à 18.037,10 points et le Nasdaq, à dominante technologique, de 35,56 points à 5.153,58 points. L'indice élargi S&P 500 a concédé 14,43 points, soit 0,68%, à 2.111,72 points. La baisse de mardi est "en partie le reflet de la montée de M. Trump dans les sondages", a indiqué Chris Low de FTN Financial. Selon un sondage ABC-Washington Post, Donald Trump recueille 46% des intentions de vote contre 45% pour Hillary Clinton, une quasi-égalité statistique. D'autres gardent l'avantage à la démocrate. La tendance, du reste, est au resserrement. L'éventualité d'une victoire de Mme Clinton tend à rassurer les investisseurs car elle s'inscrirait dans une continuité politique et économique, tandis qu'une victoire du républicain Donald Trump est jugée de nature à créer une période d'incertitudes. Pour Michael James de Wedbush Securities, les investisseurs attendent de se faire "une vision plus définitive de la prochaine élection présidentielle" dont l'issue leur parait moins certaine depuis l'annonce vendredi de la réouverture de l'enquête du FBI sur les emails d'Hillary Clinton. Autre rendez-vous important, le Comité monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a entamé mardi deux jours de réunion. La grande majorité des investisseurs ne tablent pas sur une hausse des taux d'intérêt dès cette réunion mais attendent plutôt des indices sur une hausse ultérieure, potentiellement en décembre, dans le communiqué qui sera publié mercredi. Les indicateurs américains du jour n'étaient pas susceptibles de faire figure de "moteurs du marché" selon Michael James, avec une chute inattendue des dépenses de construction au mois de septembre mais une activité dans le secteur manufacturier qui poursuivait sur sa lancée en octobre, selon l'indice publié par l'association professionnelle ISM. Tesla recule Malgré l'absence des données du constructeur Ford pour cause d'incendie dans son siège social, les chiffres des ventes de voitures pour le mois d'octobre semblent confirmer le tassement du marché, après deux années record d'affilée. General Motors a perdu 0,38% à 31,48 dollars et Fiat Chrysler 1,09% à 7,24 dollars pour sa cotation à New York. Le laboratoire pharmaceutique Pfizer, qui a renoncé à se scinder en deux, a annoncé des résultats inférieurs aux attentes au troisième trimestre, en raison de la concurrence des médicaments génériques et a concédé 2,02% à 31,07 dollars. L'action du groupe pharmaceutique canadien Valeant s'est envolée de 33,8% à 23,87 dollars sur des rumeurs de vente de sa division de médicaments pour les maladies gastriques au groupe japonais Takeda Pharmaceuticals. Le groupe L Brands, notamment propriétaire de la marque de lingerie Victoria's Secret, a chuté de 7,88% à 66,50 dollars après avoir revu à la baisse ses prévisions pour la fin de l'année. Pour leur premier jour de cotation en tant que deux entités séparées Alcoa, qui conserve les activités traditionnelles de l'ancien groupe d'aluminium du même nom, a progressé de 7,28% à 23,00 dollars mais Arconic, qui regroupe désormais les activités de métaux composites, a reculé de 12,12% à 18,92 dollars. Le groupe de presse Tronc, qui publie notamment le Los Angeles Times et le Chicago Tribune, a décroché de 12,39% à 10,54 dollars après l'annonce par le propriétaire du journal USA Today, Gannett (-2,23% à 7,59 dollars), qu'il renonçait à l'acheter. Le fabricant de voitures électriques Tesla a perdu 3,51% à 190,79 dollars. Il doit apporter des précisions après la clôture sur l'acquisition de SolarCity (2,70% à 19,07 dollars).