Le parti d'opposition historique en République démocratique du Congo a rejeté mardi l'accord signé à Kinshasa entre la majorité et une frange minoritaire de l'opposition et reportant à avril 2018 la présidentielle censée avoir lieu cette année. L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) d'Etienne Tshisekedi rejette cet accord qui impose unilatéralement [à la tête de l'Etat] M. [Joseph] Kabila en violation flagrante de la Constitution qui détermine la fin de son mandat le 20 décembre, a déclaré Jean-Marc Kabund, secrétaire général de ce parti. Pour nous, cet accord est un simple document de travail à confronter avec les résolutions du conclave du Rassemblement lors d'un dialogue réellement inclusif, a ajouté M. Kabund. Le Rassemblement, constitué en juin par la majeure partie de l'opposition autour du fondateur de l'UDPS, M. Tshisekedi, a refusé de participer au dialogue national, qui s'est ouvert le 1er septembre dans la capitale congolaise Kinshasa avec le but affiché de mener le pays vers des élections apaisées mais retardées. Le compromis trouvé lundi entre les délégués à ce forum prévoit le maintien à son poste de M. Kabila au-delà du 20 décembre et l'organisation de la présidentielle en avril 2018, selon les chefs de file des deux camps politiques l'ayant négocié. Mardi, les chefs des composantes au dialogue ont apposé leurs signatures sur l'accord, un document de 24 pages, lors d'une cérémonie solennelle présidée par le facilitateur de l'Union africaine, l'ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo. Réagissant depuis Paris, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a estimé mardi que la décision de reporter l'élection présidentielle n'était pas une réponse à la crise politique congolaise. Il n'y a qu'une façon de sortir de la crise, que le président [Kabila] annonce qu'il ne se représente pas et qu'une date soit fixée pour l'élection, a déclaré M. Ayrault. Les 19 et 20 septembre, une cinquantaine de personnes ont été tuées lors de violences à Kinshasa en marge d'une contestation organisée par le Rassemblement pour signifier à M. Kabila son préavis à trois mois de la fin de son mandat. Après ces violences, le Rassemblement a appelé les Congolais à observer mercredi 19 octobre une journée villes mortes sur toute l'étendue du territoire, en guise de carton jaune au chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2001. La RDC traverse une crise politique depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011 à l'issue d'un scrutin marqué par des fraudes massives. Celle-ci est exacerbée par l'incapacité des autorités - volontaire, selon les détracteurs du chef de l'Etat - à organiser la présidentielle avant la fin de l'année.
Au moins 13 morts lors de nouvelles violences entre Pygmées et Lubas Au moins 13 personnes ont été tuées lors des violences qui ont secoué certains villages du territoire de Kabalo dans la province du Tanganyika depuis le dimanche 16 octobre. Encore une fois, elles ont mis aux prises des groupes d'autodéfense bantous et pygmées. Depuis 2013, les violences sont récurrentes entre Pygmées et Lubas dans le nord de l'ancienne province du Katanga. Les combats, qui ont secoué depuis août dernier le territoire voisin de Nyunzu provoquant le déplacement de milliers de personnes, sont encore dans tous les esprits. Ce week-end, les Pygmées et les Lubas se sont affrontés à coups de flèches et de bâton dans le territoire de Kabalo. Ulcérés par le racket imposé par un village voisin, des Pygmées qui ramassaient des chenilles destinées à la consommation et se voyaient imposer des taxes, ont tué deux personnes, provoquant trois jours d'un cycle violences-représailles. Cinq membres d'une même famille pygmée ont notamment été tués par ceux qu'on appelle désormais " les éléments ", un groupe d'autodéfense qui ratisse large auprès des jeunes Lubas du secteur. En représailles, plusieurs localités ont été partiellement ou totalement incendiées. Signe de la nervosité ambiante, des jeunes en colère ont retardé le départ de la délégation composée du ministre provincial de l'Intérieur et de représentants de la Monusco, les contraignant à passer la nuit à Kabalo. Dans la soirée des villageois, craignant la poursuite des attaques, n'étaient pas rentrés chez eux, préférant passer la nuit dans la cité de Kabalo, autour des bureaux de l'administrateur, de la police et dans différentes églises.