L'opposant Etienne Tshisekedi a déclaré, avant-hier, qu'il n'y avait absolument pas de crise en République démocratique du Congo, dont il s'est proclamé président élu, rejetant la victoire contestée du chef de l'Etat sortant Joseph Kabila. Il n'y a absolument aucune crise à la tête du Congo, pas du tout!, a affirmé à la presse le leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) depuis de sa résidence à Kinshasa, où une trentaine de personnes patientaient pour lui présenter leurs vœux. Pour gouverner il faut deux choses. D'abord la légitimité, et j'ai déjà cette légitimité de par le peuple congolais. La deuxième chose qu'il me faut, c'est ce qu'on appelle l'imperium, c'est-à-dire la force publique, a-t-il précisé, installé dans son petit bureau. Les choses vont rentrer dans l'ordre. Il n'y a pas de crise à la tête du Congo, a insisté Etienne Tshisekedi, arrivé second (32,33%) le 28 novembre derrière Joseph Kabila (48,95%) après un double scrutin présidentiel et législatif entaché d'irrégularités, selon plusieurs pays et observateurs nationaux et étrangers. Le numéro un de l'UDPS a souligné qu'il fallait donner du temps aux forces de sécurité pour qu'elles comprennent que la légitimité a changé de place, que ce n'est plus Kabila, c'est Tshisekedi qui dirige la RDC. Etienne Tshisekedi a déjà appelé l'armée et la police à le suivre quand il avait annoncé qu'il prêterait serment le 23 décembre au stade des Martyrs. Il ne s'est finalement pas rendu au stade autour duquel un important dispositif sécuritaire dispersait tout rassemblement de partisans. Depuis plusieurs semaines, des dizaines de policiers sont déployés dans le quartier d'Etienne Tshisekedi, où ils ont empêché les regroupements de combattants -surnom des militants de l'opposant de 79 ans- et procédé à plusieurs arrestations. Mais jeudi, le chef de la police, le général Charles Bisengimana, le ministre de l'Intérieur Aldophe Lumanu et plusieurs leaders de l'opposition -dont Albert Moleka, directeur de cabinet d'Etienne Tshisekedi- ont négocié une baisse des effectifs policiers dans la zone. Le ministre a donné des instructions à la police pour alléger le dispositif, ce qui a été fait, a déclaré le général Bisengimana. Mais en fin de matinée la confusion régnait quand des partisans d'Etienne Tshisekedi se sont présentés pour lui présenter leurs vœux: plusieurs membres de l'UDPS, ainsi que des journalistes, ont été refoulés. On est obligé de contrôler, parce que si quelqu'un rentre et tue monsieur Tshisekedi, ou autre chose, on va dire que c'est la police, a confié l'un des policiers, tandis qu'une quinzaine de pick-up stationnaient ou patrouillaient. Je suis venu présenter mes vœux et on me dit qu'il faut un ordre du général. Depuis quand' C'est arbitraire, c'est une sorte de mise en résidence surveillée!, a pesté Ntoto Aley Angu, avocat et candidat à la députation de l'UDPS. Après un appel du général Bisengimana, les policiers ont desserré l'étau. Je sais que si je veux sortir, personne ne peut m'empêcher. Mais ce n'est pas le moment de provoquer toutes ces diversions. Je reste calme, a déclaré Etienne Tshisekedi.