LafargeHolcim a dégagé au troisième trimestre une rentabilité en hausse en comparaison annuelle, grâce notamment à des adaptations tarifaires et malgré des ventes en baisse. La direction reconduit, voire relève ses ambitions pour l'année en cours et estime son vaste programme de cessions d'actifs bien engagé. L'excédent d'exploitation (Ebitda) ajusté des frais de fusion et de réorganisation a grappillé 2,4% sur un an à 1,69 mrd CHF(milliards de francs suisse). Les ventes du géant des matériaux de construction se sont en revanche repliées de 10,1% à 7,04 mrd. A périmètre constant, le chiffre d'affaires s'est étiolé de 3,1% et l'Ebitda retraité a bondi de 10,5%, détaille le rapport d'étape vendredi. La marge d'exploitation ajustée a gagné 2,9 points de pourcentage (pp) à 23,9% et le bénéfice net a décollé de plus d'un tiers à 1,10 mrd CHF. Le flux de trésorerie tiré des activités opérationnelles a décollé de 76,5% à 1,26 mrd. Les prix ont été relevés de 0,3% sur trois mois et de 2,1% sur un an. Le recul du chiffre d'affaires s'avère plus important que ne le prévoyaient les analystes, mais la progression de la rentabilité également. Le consensus articulait des ventes pour 7,35 mrd CHF et un Ebitda ajusté de 1,67 mrd. En volumes, les livraisons de ciment ont chuté de 11,6% à 57,9 mio tonnes, celles de granulat ont fondu de 3,9% à 83,4 mio tonnes et celles de béton prêt à l'emploi se sont contractées de 5,9% à 14,4 mio m3. La multinationale s'estime néanmoins satisfaite dans l'ensemble de ses performances, tant sur les marchés émergents que dans les pays industrialisés, malgré quelques points noirs. Brésil, Indonésie, Malaisie et Nigeria ont ainsi freiné la marche des affaires. La contribution aux revenus de la région Asie-Pacifique s'est contractée de 11,3% à 1,89 mrd CHF. Le chiffre d'affaires réalisé en Europe a fondu de 5,5% à 1,89 mrd également. En Amérique latine, les recettes ont chuté de 14,9% à 716 mio. Le Nord du continent a également aussi accusé une décroissance, de 4,8% à 1,80 mrd. La zone Moyen-Orient et Afrique a essuyé un plongeon de 17,2% du produit de ses ventes à 882 mio. Sur neuf mois, les recettes globales se sont érodées de 7,5% - ou de 1,8% ajusté des activités abandonnées - pour s'élever à 20,38 mrd CHF. L'Ebitda retraité a reculé de 3,3% - contre +2,0% à périmètre constant - à 4,21 mrd. Programme de cessions en bonne voie La direction table toujours pour l'ensemble de l'exercice sur une croissance de 1 à 3% de ses marchés et l'Ebitda ajusté à périmètre constant doit gagner au moins un chiffre en pourcentage. La société rappelle avoir déjà franchi son objectif 2016 de 3,5 mrd CHF de désinvestissements et maintient la barre à 5 mrd d'ici la fin de l'année prochaine. Le produit des cessions doit permettre de ramener l'endettement net autour de 13 mrd en 2016. Ce dernier a été abaissé à 16,5 mrd fin septembre, contre 18,3 mrd un an plus tôt. LafargeHolcim a signé depuis fin juin des accords de vente pour Lafarge India, pour 1,4 mrd USD, Holcim Lanka pour 400 mio USD, une majorité de contrôle dans Sichuan Shuangma pour environ 507 mio CHF, une majorité dans Lafarge China Cement pour 208 mio CHF, ainsi que deux tiers de LafargeHolcim Vietnam pour environ 580 mio CHF. "Nous comptons pour le quatrième trimestre comme pour l'année prochaine sur une nouvelle évolution positive des prix", a indiqué en conférence de presse le directeur général (CEO) Eric Olsen. Fort des 183 mio CHF comptabilisés sur le seul troisième trimestre, le mastodonte franco-suisse revendique la concrétisation avant fin septembre de son objectif de synergies pour l'ensemble de l'année et rehausse la barre à 550 mio contre 450 mio précédemment. Les analystes semblent avoir trouvé à boire et à manger dans le rapport d'étape et les recommandations s'étalent entre le pire et le meilleur. Tous reconnaissent cependant avoir sous-estimé les progrès réalisés en matière de rentabilité. Vontobel anticipe pour l'ensemble de l'exercice une progression de plus de 10% de l'Ebitda ajusté à périmètre constant. UBS articule plutôt 8%. La politique tarifaire a certes permis une amélioration de la rentabilité, mais au détriment des parts de marché, décortiquent Bernstein et la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Natixis adopte une posture plus radicale. Le ratio prix-coûts demeure sous pression, l'augmentation des tarifs énergétiques ne semble pas avoir été prise en compte dans les perspectives pour l'année prochaine, les ambitions à moyen terme paraissent optimistes et la valorisation actuelle du titre reste onéreuse, énumère la banque française. L'action LafargeHolcim a passé l'ensemble de la séance dans le vert. A la clôture de la Bourse suisse, le titre a pris 1,2% à 51,35 CHF, dans un SMI en baisse de 0,62%.