Une initiative de la Banque centrale européenne (BCE) destinée à uniformiser les méthodes de calcul des besoins en fonds propres des banques pourrait bien aider la zone euro à attirer les banques non britanniques opérant en Grande-Bretagne après la sortie de cette dernière de l'Union européenne (UE). Ces dernières ont dit qu'elles pourraient transférer certaines de leurs opérations dans la zone euro en vue du Brexit si c'est le seul moyen de continuer à bénéficier du "passeport européen", leur permettant de servir leur clientèle dans l'ensemble de l'Union européenne quel que soit leur pays d'implantation. C'est ce que compte faire en particulier Goldman Sachs, selon des sources proches du dossier. Paris, Francfort, Milan, Luxembourg, Dublin et Madrid sont sur les rangs pour attirer les banques londoniennes, mais elles craignent que les instances de la zone euro n'aient pas l'expérience suffisante pour appréhender les modèles utilisés par les grands établissements afin de calculer leurs besoins de fonds propres. Elles ne disposent pas non plus des effectifs adéquats pour délivrer les autorisations nécessaires en temps et en heure, ajoutent les banques, observant que, de ce fait, le nombre de villes dans lesquelles elles pourraient délocaliser est limité. Un point que la BCE tente de rectifier. La banque centrale a mis sur pied en décembre un projet appelé "examen ciblé des modèles internes" (TRIM), destiné à évaluer la fiabilité et la comparabilité des modèles bancaires et aligné sur les travaux similaires du Comité de Bâle. Le TRIM, destiné entre autres choses à vérifier si certains établissements ne paramètrent pas leurs modèles de façon à minimiser leurs besoins en fonds propres, s'articule sur une batterie de modèles type élaborés par les régulateurs nationaux et la BCE elle-même. "Le TRIM anticipe des examens sur place de modèles de crédit, de marché et de contrepartie du risque crédit choisis, de 2017 à 2018 (ou 2019 si le projet est prolongé pour le risque crédit)", avait dit la BCE en mars. "La validation des modèles sera l'une des nombreuses questions à résoudre pour les banques qui songent à relocaliser après le Brexit mais je ne suis pas certain que ce soit la plus importante", a dit Thomas Huertas, associé du consultant EY. Un responsable d'une banque américaine explique que les établissements espèrent que les autorités continentales proposeront soit une procédure d'autorisation fluide, soit accepteront pendant une période déterminée les autorisations déjà accordées par les régulateurs britanniques. "?a se fait discrètement en coulisses, et très sérieusement", ajoute-t-il, doutant que tous les efforts déployés pour attirer les opérations financières en euro dans la zone éponyme tombent à plat en raison d'équipes d'homologation insuffisantes. L'œuvre de normalisation de la BCE au niveau des régulateurs nationaux pourra s'appuyer par ailleurs sur l'Autorité bancaire européenne (ABE), qui entend harmoniser les méthodes employés par ces régulateurs pour jauger les modèles. Les régulateurs nationaux jugent les modèles des banques dont l'actif ne dépasse pas 30 milliards d'euros, la BCE prenant le relais au-delà. Toutefois, la BCE définit les procédures et les directives de validation des modèles bancaires dans l'ensemble de la zone euro et peut intervenir au niveau local si elle décèle des incohérences.