Pour faire face à la baisse des recettes due à la chute des cours du brut qui oscillent actuellement entre 45 et 50 dollars, soit un niveau inférieur au prix de référence arrêté à plus de 50 dollars le baril dans la loi de Finances, le docteur en économie, Abderahmane Mebtoul, qui était hier, l'invité de la rédaction de la radio Chaîne 3, a évoqué le recours à l'endettement extérieur, et s'est dit favorable à un "endettement ciblé" pour le secteur productif qui servira à dynamiser le tissu productif. Selon Abderahmane Mebtoul, l'Algérie n'a pas intérêt à exploiter jusqu'à épuisement ses réserves de change. "Les réserves de change tiennent la valeur de la monnaie. Si elles seront de 10 milliards de dollars, la Banque d'Algérie sera obligée de dévaluer d'avantage le dinar", explique M. Mebtoul. En plus des réformes financières, juridiques et éducatives, M. Mebtoul plaide en faveur de la création d'institutions qui collent à la réalité locale et recommande plus de moralité pour ceux qui dirigent la cité. "On ne peut pas demander des sacrifices, si il n'y a pas un minimum de moralité des dirigeants", a-t-il soutenu. Pour un système de péréquation professionnelle et régionale Interrogé sur l'impact des mesures contenues dans le Projet de loi de Finances 2017, M. Mebtoul a qualifié l'augmentation de taxes de "mal nécessaire" tout en mettant en garde contre l'enclenchement d'un processus inflationniste. "Si vous dévaluez le dinar de 15 à 20%, il aura un impact, en cascade, de 40% sur le consommateur. Ce qui peut engendrer un processus inflationniste". Il explique, dans ce sens, que les mesures prises ne peuvent pas se substituer au développement productif qui est le véritable moteur de croissance. "La Loi de finances prévoit un déficit de 8% grâce à la dévaluation du dinar (108 dinars = 1 dollars). Mais si on applique le taux de 75 dinars pour un dollar, le déficit sera de 20 milliards de dollars". Revenant sur les transferts sociaux, l'économiste recommande "un système de péréquation professionnelle et régionale". Il faut aller vers un système de subvention ciblée qui profitera aux régions qui en ont réellement besoin et aux catégories défavorisées de la société. Cependant, M. Mebtoul indique que ce système ne peut pas être appliqué pour le moment vu l'absence d'une cartographie sociale et régionale fiable. Tout en révélant qu'une cellule de réflexion est installée auprès du premier ministre il demande à l'ONS (Office national des statistiques d'"établir un modèle qui lie l'accumulation, la répartition et le modèle de consommation par couche sociale". La situation actuelle n'est pas semblable à celle des années 80 La situation économique que traverse le pays actuellement n'est pas semblable à celle vécue durant les années 80. Ce constat est celui du docteur en économie, Abderahmane Mebtoul, qui était hier, l'invité de la rédaction de la radio Chaîne 3. "Il y a une différence notable entre la situation de 86 et celle d'aujourd'hui. En 86, l'endettement a commencé et on n'avait pas de réserves de changes", a-t-il déclaré. Pour cet économiste, L'Algérie à toutes les potentialités pour s'en sortir à condition, insiste-t-il, d'adopter rapidement une stratégie de passage d'une économie de rente à une économie hors-hydrocarbures. Car, explique-t-il, "l'Algérie souffre d'une crise de gouvernance et non financière. Quelles stratégies doit-on opter pour éviter la banqueroute ? L'invité de la Chaîne 3 préconise une feuille de route basée sur des réformes structurelles. "Il faut aller vers de profondes réformes structurelles. Plus on diffère les réformes, plus on épuise les réserves de change et cette crise de gouvernance risque de se transformer en crise financière", a-t-il averti.