L'or a creusé ses pertes cette semaine, pénalisé par un dollar en pleine forme alors qu'une hausse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) dès décembre semble se confirmer. Vendredi, l'or a atteint son plus bas niveau depuis fin mai, à 1.202,81 dollars l'once. "Le plongeon de l'or, valeur refuge par excellence, est en partie dû au retour de l'appétit pour le risque des investisseurs, comme le montre les records atteints par les marchés actions", a commenté Fawad Razaqzada, analyste de Forex.com. "Depuis les élections, l'attention des marchés s'est portée vers la Réserve fédérale américaine (Fed) et sa hausse probable des taux d'intérêts", ont analysé les experts de Macquarie. Janet Yellen, présidente de la Fed, a affirmé jeudi qu'elle souhaitait qu'une hausse des taux ait lieu "relativement rapidement", ce qui a été interprété comme un signal de plus pour une hausse dès la prochaine réunion de la Fed en décembre. Cela augmenterait encore la valeur du dollar, ce qui rend l'or plus coûteux et moins intéressant pour les investisseurs. L'argent a suivi le même chemin, atteignant vendredi 16,44 dollars l'once, son plus bas depuis cinq mois. "La force du dollar est une aussi bonne raison pour s'éloigner de l'argent que de l'or", a rappelé Lukman Otunuga, analyste de FXTM. Pour sa part, le platine a atteint son plus bas en plus de huit mois à 915 dollars l'once vendredi. Les analystes de Johnson Matthey Platinum Markets ont revu à la baisse leurs prévisions de marché pour le métal, estimant que le déficit pour 2016 serait de 422.000 onces, contre 861.000 onces leur estimation précédente. En revanche, le palladium a poursuivi sa hausse, atteignant jeudi 735,27 dollars l'once, son plus haut depuis trois mois. Le palladium, qui possède plus d'applications industrielles, a moins été affecté que les autres métaux précieux par les élections américaines. Par ailleurs, les analystes de Johnson Matthey prévoient un déficit du marché en 2017. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.211 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.236,45 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 16,51 dollars, contre 18,59 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 923 dollars, contre 974 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 718 dollars, contre 685 dollars à la fin de la semaine précédente. Les métaux de base se consolident Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) sont repartis en baisse cette semaine après une hausse record sur la semaine précédente après la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Le cuivre et l'aluminium, particulièrement vulnérables aux informations sur l'activité mondiale, se sont repliés après avoir atteint des plus hauts en plus d'un an la semaine précédente. Le nickel a légèrement reculé tandis que le plomb est resté stable et que le zinc est parvenu à gagner du terrain. "Les prix s'étaient emballés et nous observons désormais une correction et une consolidation. Cependant, il est évident que dans l'ensemble, les marchés plus risqués comme celui des métaux industriels ont repris des couleurs dans les dernières semaines", a commenté UniCredit. A la reprise de l'investissement gouvernemental en Chine est venu s'ajouter l'élection inattendue de Donald Trump à la présidence américaine. Lors de son premier discours après les résultats, il a réaffirmé sa volonté d'investir massivement dans les infrastructures. "Nous voyons cela comme un signal positif pour les prix des métaux dans les deux prochaines années. Après cette période, il faudra voir si cette politique risquée n'a pas échoué, ce qui pourrait faire chuter les prix", a prévenu Natixis. Prises de bénéfice sur le cuivre Les cours du cuivre avaient atteint vendredi dernier leur plus haut niveau en près d'un an et demi, à 6.025,50 dollars la tonne, et ont reculé cette semaine. Cette baisse intervient alors même que les réserves du LME s'amenuisent. "Les réserves du LME ont été réduites de 32%, soit 119.000 tonnes depuis début octobre, principalement en Asie, tandis qu'il y a eu d'importantes entrées, d'environ 37.000 tonnes dans les entrepôts du SHFE", la Bourse des matières premières de Shanghai, ce qui signifierait que la baisse des stocks est surtout due à des mouvements entre lieux de stockage en Asie, ont commenté les analystes de Commerzbank. La production d'aluminium en hausse Après avoir atteint leur plus haut niveau vendredi dernier, les prix de l'aluminium ont reculé violemment pour atteindre leur plus bas niveau en près d'un mois jeudi, à 1.680,50 dollars la tonne. "Avec 2,73 millions de tonnes en octobre, l'industrie chinoise a augmenté sa production de 1% par rapport à octobre 2015 et approche des niveaux records atteints en milieu d'année dernière", ont rappelé les analystes de Commerzbank. "A cause de la hausse marquée des prix, des fonderies chinoises inactives tournent désormais à plein régime, et des usines à bas coûts ont été commandées", prévenaient-ils.