Les Maliens ont voté dimanche aux municipales, première élection depuis la présidentielle de 2013, avec une participation visiblement faible et de nombreux incidents dans le nord et le centre d'un pays en proie à une instabilité persistante et sous état d'urgence. Cette consultation, à la proportionnelle à un tour, pour laquelle aucun taux de participation ni résultat n'était connu à la fermeture des bureaux de vote dans la soirée, coïncide avec le premier anniversaire de l'attentat jihadiste contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako (20 morts, outre deux assaillants tués). Le vote n'a pas eu lieu à Kidal (Nord-Est), bastion de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion), où quelques centaines de personnes ont manifesté contre la tenue des élections et où les drapeaux du Mali et de l'ONU ont été brûlés, selon une source militaire étrangère sur place. La CMA avait dénoncé l'entêtement du gouvernement à organiser ce scrutin avant l'installation dans le Nord des autorités intérimaires prévues par l'Accord de paix de mai-juin 2015 et le retour de dizaines de milliers de réfugiés et déplacés qui sont directement concernés. Ces élections ont été reportées quatre fois. Cela suffit, a déclaré le président Ibrahim Boubacar Keïta après avoir voté, saluant un exercice démocratique. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé samedi le gouvernement, l'opposition et les groupes signataires de l'accord de paix à garantir la tenue, sans incidents, des élections dans les localités où les conditions politiques et sécuritaires permettent leur organisation. Reconnaissant que des retards importants dans la mise en œuvre de dispositions clés de l'accord, notamment sur les autorités intérimaires, et la situation sécuritaire dans le nord et certaines parties du centre du pays pourraient compromettre l'organisation du scrutin, il a invité le gouvernement à apaiser les tensions qui pourraient en résulter. Matériel électoral brûlé Sur le terrain, la situation apparaissait contrastée, avec une faible affluence à Bamako et une série de perturbations dans le nord et le centre du pays, selon des sources administratives et des habitants. A Tombouctou (Nord-Ouest), où du matériel électoral a été enlevé et brûlé au cours d'attaques distinctes, y compris dimanche, si le vote s'est déroulé normalement en ville, il n'a en revanche pu se tenir dans de nombreuses communes de la région. Le gouverneur Adama Kansaye s'est félicité d'une grande affluence à Tombouctou-ville, mais a précisé que le scrutin n'avait pas eu lieu notamment dans le secteur de Goundam, où plusieurs communes ont été investies par des groupes armés, dans des déclarations diffusées par la télévision publique ORTM. Dans la région de Gao, plus à l'Est, les élections n'ont pas eu lieu dans certaines communes pour des raisons similaires ou faute de candidats. Dans le centre du pays, où l'affluence était généralement faible, le dispositif sécuritaire a été renforcé dans plusieurs localités. Un candidat d'un petit parti d'opposition a été enlevé samedi matin à Koro (Centre), a indiqué le chef du parti, Mamadou Sidibé, précisant que la voiture de Saibou Barry (avait) été retrouvée brûlée et lui-même a été conduit vers une destination inconnue. Officiellement, seules 15 des 703 communes du pays ne comportent pas de listes, dans le nord-est du pays. Plus de 7,2 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner quelque 12.000 conseillers municipaux, dont les mandats sont échus depuis avril 2014.