Le pétrole baissait légèrement en Asie hier matin, hésitant au gré des signaux sur l'issue possible de la réunion prochaine de l'Opep et l'éventualité d'une réduction de la production. Vers 03h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en janvier, perdait six cents, à 47,97 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, également pour janvier, reculait de quatre cents, à 49,08 dollars. Après une réunion du comité technique de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), il apparaissait selon des analystes que les détails concrets de la réduction de la production annoncée par le cartel devaient encore être négociés, des membres comme l'Irak et l'Iran ayant réclamé des exemptions. "Il y a des signaux contradictoires en provenance de Vienne où les membres du cartel tentent de se mettre d'accord" avant leur sommet du 30 novembre, a déclaré Alex Furber, analyste chez CMC Markets. "L'Arabie saoudite, le poids lourds, est prêt à un gel pour équilibrer son budget mais il y a un certain nombre de voix dissidentes", a-t-il dit, en expliquant que les investisseurs sont aussi dans l'attente de la publication dans la journée des données sur les stocks de brut américains. La veille, les cours du pétrole ont légèrement baissé à New York mais monté à Londres, ballotés au gré des informations sur l'avancée des négociations entre membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sur une réduction de leur production. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine de brut, a perdu 21 cents à 48,03 dollars sur le contrat pour livraison en janvier au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a en revanche légère progressé de 22 cents à 49,12 dollars sur le contrat pour livraison au même mois à l'Intercontinental Exchange (ICE). "Le moulin à rumeurs sur l'Opep augmente en cadence", a résumé Matt Smith de Clipperdata dans une note. L'attention des investisseurs était en effet entièrement tournée vers le cartel pétrolier au moment où son Comité se réunissait pour tenter d'abolir les différends concernant la répartition des quotas pays par pays, avant un sommet le 30 novembre devant entériner une limitation de la production. En milieu d'échanges européens, les cours pétroliers ont d'abord bondi dans la perspective de progrès notables. "Le délégué nigérian à Vienne a indiqué que les choses se passaient bien lors d'une rencontre préliminaire et qu'il s'attendait à ce que des détails sur le système de quotas soient communiqués plus tard dans la journée", a expliqué Bob Yawger, de Mizuho Securities USA. La répartition des quotas est le point crucial des négociations, plusieurs pays ayant fait part de leurs réticences à diminuer leur propre production. Mais quelques heures après cette annonce, les investisseurs ont commencé à s'impatienter et les cours à reculer car, comme l'expliquait Bob Yawger, "on n'a toujours pas de détails". L'Irak revendique le droit d'augmenter Peu après, le chef de la diplomatie irakienne a revendiqué le droit pour son pays d'augmenter sa production de pétrole, invoquant les efforts déployés par Bagdad pour reprendre Mossoul, ce qui a accentué la baisse des cours. L'Irak semble, comme l'Iran, peu enclin à réduire sa production, mettant en péril le délicat équilibre trouvé lors du sommet d'Alger fin septembre pour tenter de rééquilibrer un marché souffrant d'un excès de l'offre qui plombe les cours depuis deux ans. Il faut que la communauté internationale comprenne que dans cette situation, nous devons augmenter la production, a-t-il déclaré à la presse au cours d'un déplacement à Budapest. La baisse des prix a provoqué un énorme trou dans le budget irakien, juste au moment où nous devons augmenter nos dépenses militaires en raison de la lutte contre (l'organisation) Etat islamique, a souligné le ministre. L'Irak est un pays riche mais il a d'énormes problèmes, il ne serait pas correct que nous diminuions notre production maintenant, a-t-il insisté. L'Irak, deuxième producteur de pétrole de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a vu sa production régulièrement augmenter depuis l'été, pour atteindre 4,56 millions de barils par jour en moyenne en octobre. Ces déclarations interviennent au moment où l'Opep ambitionne de trouver un accord pour limiter sa production afin de soutenir les cours, à l'occasion de sa prochaine réunion ministérielle prévue pour le 30 novembre à Vienne. Comme l'Irak, l'Iran, la Libye et le Nigeria ont manifesté ces derniers mois des réticences à brider leur production, à la différence notamment de l'Arabie saoudite, le poids lourd du cartel. Les cours du pétrole ont cependant connu une hausse lundi et dans la journée de mardi, les marchés ayant alors repris confiance dans la capacité de l'Opep à trouver un accord, après que l'organisation eut proposé à l'Iran de simplement geler sa production au lieu de la réduire. Mais ils sont redescendus mardi soir après que deux délégués, dont l'identité n'a pas été donnée, eurent dit à l'agence Bloomberg qu'une réunion technique préparatoire de deux jours à Vienne n'avait pas permis de régler la question de savoir si l'Irak et l'Iran devaient aussi abaisser leur production. Ils ont ajouté que le dossier serait à l'ordre du jour de la conférence de l'Opep de la semaine prochaine. Les 14 pays de cette organisation s'étaient entendus en septembre à Alger pour ramener leur production à entre 32,5 et 33 millions de barils par jour. Ils en ont pompé 33,64 millions en octobre. Premier producteur mondial, la Russie, un pays non membre de l'Opep, s'est également déclarée désireuse de contribuer à un rééquilibrage du marché. Le pétrole a finalement réussi à limiter ses pertes grâce à des informations de presse indiquant que "l'Opep serait proche de finaliser un accord", a rapporté Tim Evans dans une note. Cette multiplication d'informations contradictoires n'a cependant pas anéanti les espoirs de voir les membres de l'Opep réussir à se mettre d'accord la semaine prochaine. Si "les incertitudes refont surface (...) on constate toujours de l'optimisme sur un accord d'une quelconque réduction de la production", a indiqué Gene Mc Gillian de Tradition Energy. Même si l'on devait se diriger vers un accord, de nombreux analystes s'interrogent désormais sur son efficacité qui dépendra du niveau des quotas mais aussi de potentiels mécanismes d'application. Au-delà de l'Opep, les investisseurs prendront connaissance mercredi des chiffres hebdomadaires sur les stocks de pétrole aux Etats-Unis du Département de l'Energie (DoE) et avant cela les estimations de la fédération privée American Petroleum Institut (API) mardi soir.