L'évolution de l'activité économique allemande s'annonce favorable en cette fin d'année, avec des entrepreneurs qui gardent le moral malgré les positions protectionnistes affichées par le président américain élu Donald Trump et des consommateurs d'humeur dépensière avant Noël, selon des indicateurs diffusés jeudi. Le baromètre Ifo, indicateur qui donne une idée de l'évolution de l'activité industrielle des mois à venir, est resté à un niveau élevé de 110,4 points en novembre, comme en octobre. La première économie européenne "semble ne pas se laisser impressionner par l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis", a noté Clemens Fuest, le président de l'institut Ifo. Le moral "reste bon", a-t-il ajouté, cité dans un communiqué, pointant en particulier le bâtiment et le commerce de gros, tandis que l'ambiance était un peu plus sombre dans le secteur manufacturier. L'ifo de novembre "est une preuve de plus montrant que l'économie s'est plutôt bien comportée jusqu'à présent au quatrième trimestre", juge Jack Allen de Capital Economics. Son confrère de la DekaBank Andreas Scheuerle mise sur une progression de 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) sur les trois derniers mois de 2016. Consommation en forme L'Allemagne avait connu un début d'année en fanfare avec des croissances de 0,7% au premier trimestre puis de 0,4% au deuxième trimestre, avant d'enregistrer une période plus molle de 0,2% pendant l'été, qui a suivi la décision surprise du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne. Autre nouvelle encourageante jeudi: l'institut Gfk a dévoilé un baromètre des consommateurs en légère hausse à 9,8 points pour décembre. Ici, il est encore trop tôt pour apprécier "l'impact Trump", le plus gros du sondage auprès des quelque 2000 consommateurs effectué tous les mois par l'institut de Nuremberg (sud) ayant été réalisé avant le résultat de l'élection. Mais après deux mois de recul, le regain d'optimisme des Allemands "arrive juste à temps pour les achats de Noël à venir", souligne le Gfk dans son étude. Et l'institut se trouve ainsi conforté dans ses prévisions d'une hausse de 2% des dépenses des ménages sur l'ensemble de 2016. "La consommation privée va rester aussi bien cette année que l'an prochain un pilier essentiel de l'évolution de la conjoncture en Allemagne". Pour l'ensemble de l'année, le gouvernement allemand table sur une croissance économique de 1,8%, après 1,7% en 2015. Prudence de mise Plusieurs économistes ont toutefois mis en garde jeudi contre un excès d'optimisme pour la suite. Le détail du PIB au troisième trimestre, diffusé également jeudi par l'Office des statistiques de Wiesbaden (Destatis), a montré que la consommation a été le principal moteur de la croissance, tandis que les investissements ont connu un bémol et les exportations ont diminué. "Comme l'inflation est appelée à augmenter à mesure que les effets de des baisses des prix de l'énergie vont s'estomper, le revenu réel des ménages devrait diminuer", estime Jack Allen de Capital Economics. Et il n'y a aucune raison d'attendre que les investissements et les exportations prennent le relais d'une consommation qui s'affaiblirait, jugent les économistes. Le baromètre Ifo a d'ailleurs montré que si les industriels étaient plus confiants dans l'évaluation de leurs activités actuelles, leurs attentes, en particulier celles des exportateurs, se sont légèrement assombries. "L'incertitude concernant le cap de la politique du gouvernement américain a pesé", souligne l'analyste de Deka Bank. Si Donald Trump, apôtre du protectionnisme, "appliquait toutes ses promesses de campagne en matière de commerce extérieur, cela aurait un impact notable sur les exportations allemandes". Le milliardaire américain a d'ores et déjà annoncé lundi qu'il allait retirer les Etats-Unis du traité commercial trans-pacifique (TTP) dès qu'il prendra les rênes du pays en janvier. A la place, il veut négocier des traités "bilatéraux" qui selon lui "ramèneront les emplois et l'industrie sur le sol américain".