Les cours du pétrole ont fortement monté jeudi et poursuivi ainsi l'envol entamé la veille après l'annonce d'un accord jugé ambitieux entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour limiter leur offre. Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a pris 1,62 dollar à 51,06 dollars sur le contrat pour livraison en janvier au New York Mercantile Exchange (Nymex) et signait ainsi, au lendemain d'un bond de plus de quatre dollars, une hausse d'environ 13% sur les deux dernières séances. A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a avancé de 2,10 dollars à 53,94 dollars sur le contrat pour livraison en février à l'Intercontinal Exchange (ICE), le cours de référence s'inscrivant en progression de plus de 16% sur deux séances. La fête continue après l'Opep, a résumé Matt Smith, de ClipperData. Le marché reste dans un état d'euphorie et de jubilation. Le cartel a annoncé mercredi, à l'occasion de son sommet semestriel à Vienne, qu'il réduirait sa production de 1,2 million de barils par jour (mb/j) à partir du 1er janvier, mettant ainsi fin à un long suspense par un accord plus ambitieux que ne l'escomptaient beaucoup d'analystes. Première de ce type depuis 2008, la décision de l'Opep va continuer à faire monter le marché, a annoncé Carl Larry, de Frost & Sullivan. Non seulement l'Opep semble être parvenue pour l'heure à surmonter les divisions de ses membres, mais elle a donné des garanties quant à la mise en œuvre de ce pacte en prévoyant un comité de surveillance ainsi qu'en fixant des quotas précis aux différentes membres. Il y a encore beaucoup de chemin à faire entre l'annonce de cet accord et sa mise en œuvre, a reconnu M. Smith. Mais on prend déjà en compte le fait que le marché va plus ou moins se rééquilibrer face à ces baisses de production. Autre bonne surprise, l'Opep est parvenue à gagner le soutien de la Russie, gros producteur extérieur au cartel, qui a finalement accepté de diminuer sa production de 300.000 b/j, alors qu'elle avait semblé vouloir se contenter d'un gel de son offre. Prudence Au-delà de Moscou, les producteurs de l'Opep semblent chercher à convaincre des pays extérieurs à participer aux efforts du cartel, a expliqué dans une note Tim Evans, de Citi. Pour le moment, néanmoins, on peut penser que les pays extérieurs sont bien contents de profiter de la baisse déjà annoncée au sein de l'Opep, en espérant que les cours poursuivent leur hausse, a-t-il nuancé. Certains analystes se montraient même prudents sur la bonne volonté dont les différents membres de l'Opep allaient faire preuve dans les faits pour abaisser leur offre, alors que des effets se font déjà sentir sur le marché sans aucun effet réel. Depuis le début de l'année, l'Opep est parvenue à faire remonter les prix (...) sans jamais rien faire, ont rappelé les analystes de PVM. Selon eux, une hausse de la production en Libye ou au Nigeria, qui ont été exemptés de l'accord, ou un non-respect de la limitation des pays partenaires pourraient contribuer à une nouvelle hausse des réserves mondiales. Il est désormais temps pour le cartel d'agir, mais une chose doit être claire, le plafond fixé par l'Opep ne garantit pas une baisse des niveaux de réserve l'année prochaine, prévenaient-ils. Baisse légère mais inattendue des stocks américains Les stocks de pétrole brut ont légèrement baissé la semaine dernière aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés mercredi par le département de l'Energie, alors que les analystes s'attendaient à une hausse. Lors de la semaine achevée le 25 novembre, les réserves commerciales de brut ont reculé de 900 000 barils à 488,1 millions de barils, alors que les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient, de façon médiane, sur une hausse de 1,5 million. Les chiffres du DoE correspondent en revanche aux estimations publiées la veille au soir par la fédération privée American Petroleum Institute (API). A ce niveau, les réserves américaines commerciales de pétrole brut s'inscrivent tout de même en hausse de 6,8% par rapport à la même période de 2015 et se situent proches de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette époque de l'année. Le DoE a aussi fait état d'une hausse de 2,1 millions de barils des réserves d'essence, alors que les analystes interrogés par Bloomberg ne s'attendaient qu'à une progression de 1,5 million. Elles affichent une hausse de 4,3% par rapport à la même époque de l'an dernier et restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période. Quant aux stocks de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène), ils ont bondi de cinq millions de barils, les analystes compilés par Bloomberg ne tablant - comme pour le brut et l'essence - que sur une hausse de 1,5 million. Ils montent de 6,8% par rapport à la même période de 2015 et, là encore, restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette époque. Nette hausse à Cushing La production américaine a monté de 9 000 barils par jours (b/j) 8,699 millions de barils par jour (mbj). Les réserves de brut du terminal de Cushing (Oklahoma, Sud), très surveillées car elles servent de base à la cotation du pétrole à New York, ont monté de 2,4 millions de barils à 61,5 millions. Toutes catégories confondues, les stocks américains pétroliers ont augmenté de 500 000 barils. Les raffineries américaines ont ralenti la cadence, fonctionnant à 89,8% de leurs capacités contre 90,8% la semaine précédente. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont en moyenne consommé 19,8 mbj de produits pétroliers, soit une hausse de 1,0% par rapport à la même époque de l'an dernier. La demande d'essence a avancé de 0,1% et celle de produits distillés de 4,1% pendant la même période, dans les deux cas sur un an.