Plus de 50 millions d'Italiens ont été appelés à se prononcer hier par référendum sur une réforme constitutionnelle cruciale pour Matteo Renzi. En pleine vague populiste, le scrutin s'est transformé en plébiscite sur le chef du gouvernement italien. Les premières estimations issues des sondages ont été attendues dans la foulée et les résultats dans la nuit. L'incertitude quant au résultat a provoqué des sueurs froides en Europe et sur les marchés financiers, où l'on redoute, après le choc du Brexit et la montée des mouvements populistes, une nouvelle phase d'instabilité dans la troisième économie de la zone euro. Le scrutin porte sur une réforme constitutionnelle qui prévoit une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l'équivalent des départements français. Une vaste majorité de la classe politique, de la droite aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des "frondeurs" du parti démocrate (PD) de M. Renzi, appelle à voter "non" en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement. Cette opposition est également unie dans son désir de chasser M. Renzi, arrivé au pouvoir en février 2014 et omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux pour défendre "sa" réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays ayant vu défiler 60 gouvernements depuis 1948. M. "Renzi a eu le tort, dès le départ, de personnaliser ce scrutin, en disant qu'il démissionnerait en cas de victoire du non. Du coup, il concentre sur lui tout le mécontentement du pays, y compris celui des jeunes", a expliqué Elena Piccolo, 21 ans, étudiante à Naples. Les derniers sondages, qui remontent à deux semaines, car ils sont interdits pendant les 15 jours précédant le scrutin, donnaient 5 à 8 points d'avance au non, mais avec encore beaucoup d'indécis. Le "silence électoral" était de rigueur samedi en Italie à la veille d'un référendum constitutionnel crucial pour Matteo Renzi. Le chef du gouvernement, comme ses opposants, ont pourtant appelé leurs partisans à convaincre les nombreux indécis jusqu'au dernier moment. Alors que tout commentaire est interdit dans les médias jusqu'à la clôture des bureaux de vote à 23h00, #silenzioelettorale figurait aussi parmi les mots-clés les plus utilisés samedi sur Twitter. La plupart des internautes se réjouissaient de cette pause après une campagne où le ton est souvent monté. Inévitablement, le scrutin a aussi pris la forme d'un plébiscite pour ou contre M. Renzi (centre-gauche). Le chef du gouvernement n'en a été que plus omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux pour défendre "sa" réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays ayant vu défiler 60 gouvernements depuis 1948. "Allez voter pour que Renzi ne devienne pas votre patron et le patron de l'Italie", a lancé vendredi soir l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi (centre-droit). Il a assuré que M. Renzi devrait "abandonner la politique" en cas d'échec. Lors d'un dernier meeting de campagne vendredi soir à Florence, M. Renzi a pressé ses partisans d'aller chercher et convaincre ces électeurs hésitants. En face, l'humoriste Beppe Grillo, fondateur du M5S, a réuni ses troupes lors d'un dernier meeting vendredi soir à Turin. Il a appelé les Italiens à "se réveiller" et à voter non au référendum "avec les tripes" pour défendre leurs libertés. L'éventualité d'un scrutin serré a alimenté ces derniers jours une polémique sur le vote des Italiens à l'étranger, qui s'est clôt jeudi soir. Ces expatriés, plutôt favorables au oui, représentent 7,7% du corps électoral. Selon les médias italiens, leur participation a été forte. Or, ils votent par correspondance, sans la garantie d'un isoloir. Ce serait motif à recours si ces votes se révélaient décisifs.