Les principaux pays producteurs de pétrole prévoient une nouvelle réunion samedi à Vienne, cette fois au-delà de la seule Opep, pour sceller la baisse de l'offre décidée la semaine dernière pour faire remonter les prix, a annoncé mardi la Russie. Cette rencontre, à laquelle doit participer le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak, aura lieu "le 10 décembre à Vienne", a indiqué une porte-parole du ministère. Le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques riches en hydrocarbures et également non-membres de l'Opep, comptent participer, ont fait savoir leurs ministères respectifs de l'Energie. Après avoir inondé le marché d'or noir et provoqué une dégringolade spectaculaire des prix, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont parvenus le 30 novembre à surmonter leurs dissensions pour se mettre d'accord et réduire leur production de 1,2 million de barils par jour. Ils ont aussi convaincu d'importants pays producteurs non-membres du cartel, comme la Russie (mais pas les Etats-Unis), de participer à cet effort, un élément essentiel pour rééquilibrer le marché et mettre fin à une période de prix bas aux conséquences économiques dramatiques pour nombre d'entre eux. Après près d'une semaine d'enthousiasme, le marché commence à douter de l'efficacité des mesures proposées, le baril rechutant de plus d'un dollar, à 53,65 dollars à Londres mardi à la mi-journée, et attend donc des détails sur leur application. La Russie s'est dite prête à réduire son offre de 300 000 barils par jour, soit la moitié de l'effort demandé par l'Opep aux pays non-membres. Atténuant la portée de la réduction proposée, l'offre russe se trouve cet automne à des niveaux record pour la période postsoviétique, à 11,2 millions de barils par jour. Réduite de 300 000 barils par jour, elle restera supérieure à son niveau du printemps. Et le marché pétrolier se montre d'autant plus prudent que Moscou n'a pas toujours, dans le passé, tenu ses promesses faites à l'Opep. 'Scepticisme' La réunion de samedi est "cruciale pour légitimer l'accord" de la semaine dernière, a jugé Emily Stromquist, du cabinet Eurasia Group, tout en faisant part de son "scepticisme" concernant la position russe. "Il est peu probable que la Russie retire du marché un volume significatif au premier trimestre. Au-delà, elle va probablement interpréter sa promesse de manière flexible et n'appliquer qu'une partie de la réduction" évoquée, estime Mme Stromquist. Après l'accord au sein de l'Opep, M. Novak a prévenu qu'une diminution aurait lieu "étape par étape" et serait "liée au respect par l'Opep" de son plafond de production. Il devait réunir hier les compagnies pétrolières, pour la plupart privées, pour discuter de la manière dont elles peuvent appliquer l'accord. Cité par l'agence Interfax, un responsable du ministère de l'Energie, Alexandre Gladkov, a reconnu mardi que les entreprises auraient besoin de temps pour déterminer où et comment réduire leur production. L'effondrement des prix du pétrole a porté un coup dur en 2015 à l'économie russe, également visée par des sanctions dues à la crise ukrainienne. La Russie vient de traverser deux ans de profonde récession et se trouve confrontée à de lourds déficits budgétaires. Moscou a donc tout intérêt à un rebond durable des cours, qui donnerait à Vladimir Poutine des marges de manœuvre non négligeables à un peu plus d'un an de la présidentielle pour atténuer les mesures de rigueur engagées. Le président russe s'est personnellement engagé en faveur de mesures concertées, relançant le dialogue avec Ryad en septembre après l'échec d'une première tentative d'accord au printemps. Selon les calculs des économistes de la banque VTB Capital, si la hausse des prix du baril enregistrée après l'accord de l'Opep se confirme et que le baril se maintient à 55 dollars en 2017, cela représentera un gain de près de 20 milliards d'euros pour le budget. Une telle manne permettrait au gouvernement d'"augmenter ses dépenses pour atteindre l'objectif de déficit de 3% du PIB tout en pouvant abandonner le gel des dépenses" mis en œuvre dans le budget 2017, ont-ils estimé. Stabiliser les prix du brut pour dix ans Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé mardi qu'il allait proposer aux membres de l'Opep et autres producteurs liés au cartel de fixer les prix du brut pour dix ans, après l'accord historique de réduction de la production annoncé il y a une semaine. "Je propose qu'au cours du premier trimestre 2017 nous ayons une réunion des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'Opep avec ceux des pays n'appartenant pas à l'Opep pour étudier une proposition de stabilisation pour dix ans du marché pétrolier et de défense de ses prix justes", a déclaré M. Maduro lors d'un discours à Carabobo (centre) retransmis à la télévision. "C'est très important", a affirmé le président dont le pays traverse une grave crise économique depuis la chute en 2014 des cours du brut qui lui fournit 96% de ses devises. Nicolas Maduro a lancé cette proposition après avoir eu mardi une conversation téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, qui lui a confirmé que la Russie allait réduire sa production. Après avoir inondé le marché d'or noir et provoqué une dégringolade spectaculaire des prix, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) sont parvenus le 30 novembre à surmonter leurs dissensions pour se mettre d'accord et réduire leur production de 1,2 million de barils par jour. Ils ont aussi convaincu d'importants pays producteurs non-membres du cartel, comme la Russie (mais pas les Etats-Unis), de participer à cet effort, un élément essentiel pour rééquilibrer le marché et mettre fin à une période de prix bas aux conséquences économiques dramatiques pour nombre d'entre eux. La Russie s'est dite prête à réduire son offre de 300.000 barils par jour, soit la moitié de l'effort demandé par l'Opep aux pays non-membres. Après près d'une semaine d'enthousiasme, le marché commence à douter de l'efficacité des mesures proposées, le baril rechutant de près d'un dollar, à 50,93 dollars mardi à New York. L'enthousiasme retombe Les cours pétroliers ont terminé en baisse mardi, les inquiétudes sur le niveau actuel de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et sa capacité à convaincre les autres producteurs prenant le pas sur l'enthousiasme suscité par l'annonce d'une réduction de l'offre. Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a perdu 86 cents à 50,93 dollars sur le contrat pour livraison en janvier au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a concédé 1,01 dollar à 53,93 dollars sur le contrat pour livraison en février à l'Intercontinental Exchange (ICE). L'Opep ne réduira sa production qu'à compter du 1er janvier et il y a eu plusieurs rapports indiquant que l'Opep a produit à des niveaux proches de records au cours des dernières semaines, a expliqué Bob Yawger de Mizuho Securities. Le cartel a promis le 30 novembre une baisse de sa production de 1,2 million de barils par jour à compter du début de l'année prochaine ce qui a fait bondir les cours d'environ 15%. A court terme cependant, sa production, dopée par les membres africains du cartel, a augmenté pour atteindre 34,2 millions de barils par jour en novembre, selon une étude de l'agence Bloomberg News publiée lundi soir. Nous remarquons qu'une possible augmentation de la production de la Libye et du Nigeria (exemptés de quotas), en même temps qu'une application imparfaite, risque de limiter l'impact de la réduction, a ajouté Tim Evans de Citi dans une note. Convaincre les non membres du cartel Le scepticisme se renforce également avant une réunion de l'Opep avec ses partenaires qui doit se tenir samedi à Vienne dans le but de convaincre les pays producteurs non membres du cartel de procéder à leur tour à une réduction de leur production de 600 000 barils. La Russie s'est dite prête à supporter la moitié de cet effort, en réduisant sa production de 300 000 barils par jour mais cette annonce a été atténuée par le fait que le pays pompe cet automne à des niveaux record pour la période post-soviétique. L'Opep a obtenu d'Oman un engagement équivalent au sien mais ils ont encore besoin de 200 000 barils et je ne vois personne s'y plier, a ajouté Bob Yawger. La partie s'annonce à nouveau serrée d'autant que l'Arabie saoudite, membre dominant du cartel, envoie des signaux contradictoires en faisant notamment un effort sur les prix vers ses clients asiatiques pour sauvegarder ses parts de marchés, ont indiqué les analystes de Commerzbank dans une note. De plus, moins d'une semaine après la décision de l'Opep, l'Arabie saoudite et le Koweït brouillent un peu les pistes pour les analystes en reprenant leur activité dans la zone neutre entre les deux pays, ont souligné les experts de JBC Energy. Dans l'immédiat, les analystes tenaient toutefois à relativiser la baisse, modérée au regard du bond qu'a connu le brut depuis près d'une semaine. Je pense qu'il y a un retour à la réalité du marché, a expliqué John Kilduff de Again Capital. Au-delà du cartel, les investisseurs attendent la publication mercredi des chiffres hebdomadaires sur les réserves américaines de pétrole du département de l'Energie (DoE) et avant cela les estimations de la fédération professionnelle American Petroleum Institut (API) mardi soir. Baisse en Asie Les cours du pétrole continuaient de reculer mercredi en Asie, les investisseurs doutant des capacités de l'Opep à convaincre les autres producteurs de limiter leur production à un moment où le niveau de l'offre est élevé. Vers 03h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en janvier, perdait 38 cents à 50,55 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en février cédait 38 cents, à 53,55 dollars. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole a promis le 30 novembre une baisse de sa production de 1,2 million de barils par jour à compter du début de l'année prochaine ce qui a fait bondir les cours d'environ 15%. A court terme cependant, sa production, dopée par les membres africains du cartel, a augmenté pour atteindre 34,2 millions de barils par jour en novembre, selon une étude de l'agence Bloomberg News publiée lundi soir. Les principaux producteurs --Opep et hors Opep-- doivent se retrouver samedi à Vienne pour sceller la baisse de l'offre annoncée par le cartel. Mais après une semaine d'enthousiasme, les marchés recommencent à douter. La Russie et l'Opep produisent à des niveaux record et le marché se gratte la tête pour savoir comment les deux entités vont réussir à appliquer les objectifs de réduction de la production, a commenté Jeffrey Halley, analyste chez OANDA. Ces inquiétudes se justifient. Car plus la Russie et l'Opep produisent, plus le seuil à partir duquel s'appliqueront les réductions sera élevé. La réunion de ce week-end pourrait être très intéressante. Les investisseurs attendent aussi la publication des données sur les stocks de brut américain, indicateur de la demande chez le premier consommateur de brut mondial.