La destitution de la présidente sud-coréenne Park-Geun-Hye, dernier acte en date d'un scandale de corruption à rebondissements, n'a aucun fondement juridique, ont fait valoir ses avocats hier en soumettant leurs conclusions devant la plus haute juridiction du pays. L'Assemblée nationale a voté le 9 décembre une motion de destitution à la suite de ce scandale centré sur une amie de 40 ans de la présidente, qui attend son procès pour extorsion et fraude. Mme Park est accusée de complicité avec Choi Soon-Sil, laquelle est soupçonnée d'avoir soutiré de fortes sommes à des conglomérats comme Samsung. La destitution doit encore être entérinée par la Cour constitutionnelle. Celle-ci dispose de 180 jours pour prononcer son arrêt sur la validité de la motion accusant Mme Park de multiples délits pénaux et de violations de la Constitution, allant de la corruption à l'abus de pouvoir. L'un des défenseurs de Mme Park, Lee Joong-Hwan, a déclaré à la presse, en soumettant ses conclusions de 24 pages à la Cour, que les accusations portées contre la présidente n'étaient pas étayées et étaient dénuées de fondements juridiques. Nous ne pouvons accepter que la présidente ait violé la Constitution (....). La motion de destitution doit être rejetée, a-t-il dit. Mme Park a été qualifiée de suspecte par le parquet, une première pour un chef de l'Etat en exercice. Elle est aussi accusée d'avoir donné l'ordre à ses collaborateurs de transmettre à Mme Choi --qui n'avait pas la moindre fonction officielle-- des documents confidentiels et de lui avoir permis de se mêler des affaires de l'Etat, jusqu'à avoir son mot à dire dans les nominations au sommet. La Maison bleue, la présidence sud-coréenne, risque d'être perquisitionnée, en dépit des objections des collaborateurs de la présidente. Nous en sommes venus à considérer qu'il est nécessaire de perquisitionner certaines parties de la Maison bleue, a déclaré Lee Kyu-Chul, porte-parole de l'équipe d'enquêteurs indépendants qui travaille sur cette affaire. Cette équipe composée d'anciens procureurs, policiers, juges ou avocats a été nommée par les députés et a pris le relais récemment des enquêteurs du parquet. Ces derniers avaient également cherché à perquisitionner les bureaux de Mme Park mais s'étaient vu refuser l'entrée de la Maison Bleue. Les services présidentiels s'opposent à toute perquisition, citant une disposition du code pénal qui interdit ce type d'opération dans des locaux officiels considérés comme revêtant une importance militaire. Nous sommes en train d'étudier en profondeur les moyens juridiques de contrer les arguments de la Maison bleue, a ajouté M. Lee, ajoutant que les enquêteurs voulaient aussi entendre Mme Park. Révolution en Corée du Sud ! Les sud-coréens ont donné une sacrée leçon aux peuples du reste du monde et un avertissement clair à leurs dirigeants à venir. Ils ne sont plus prêts à accepter des dirigeants corrompus. L'Assemblée nationale vient de voter une motion de censure contre la présidente, démocratiquement élue pourtant, à 234 voix contre 56. Cette motion intervient après une série de manifestations impressionnantes. La destitution doit être validée dans un délai de 6 mois par la Cour constitutionnelle de Corée pour devenir effective mais dès maintenant le Premier ministre s'est vu confié l'intérim du pays et la présidente a été suspendue de ses fonctions. Ce n'est pas la première fois que le parlement sud-coréen adopte une motion de suspension. La première avait été adoptée le 12 mars 2004 (193 voix contre 2 et 47 boycotts) mais retoquée le 14 mai 2004 par les neuf juges de la Cour constitutionnelle de Corée, rétablissant ainsi le président. Cette fois-ci, il y a beaucoup de chance que la cour constitutionnelle de Corée du Sud valide la destitution. En effet, le scandale est énorme. En 1974, Park Chung-Hee, dictateur ayant permis à la Corée du Sud de décoller économiquement, échappe à une tentative d'assassinat, mais son épouse, mère de l'actuelle présidente, meurt de la balle qui lui était destinée. Choi Tae-min, prédicateur de l'?glise de la vie éternelle, approche la famille en lui confiant qu'il peut communiquer avec la défunte. Il révèle avoir transmis son pouvoir à Choi Soon-sil, une de ses filles, qui devient une intime de Park Geun-hye, la fille aînée de Park Chung-hee. Park Geun-hye élue Park, sans mari ni enfants, s'engage dans une carrière politique. Elle est candidate à l'élection présidentielle de 2012 et devient la première femme à accéder à cette fonction. Lors de sa campagne, elle s'engage à être toute dévouée à la Nation, mettant en avant le fait qu'elle n'a pas d'attache affective. Elle tenait ainsi à marquer sa différence avec tous les autres présidents depuis 1987 qui, après la fin de leur mandat, ont tous été accusés de corruption directement ou par l'intermédiaire de leurs proches. Elle est élue présidente. Sa gestion est d'emblée contestée au point que son parti perd la majorité lors des dernières élections législatives. Avant même le scandale, on lui reprochait une accumulation de mauvaises décisions comme son initiative de mettre fin à l'un des rares projets de coopération avec la Corée du Nord. Le 24 octobre 2016 des journalistes récupèrent, via une tablette numérique, des informations mettant en évidence l'influence de Choi Soon-Sil, surnommée Raspoutine, sur la Présidente. Cette découverte est un choc terrible pour le peuple coréen. Ce scandale est exacerbé par le dévoilement d'une multitude d'autres affaires. Sa démission est réclamée. Elle tente de reprendre la situation en main, sans succès, en renvoyant son Premier ministre ainsi que plusieurs autres ministres et conseillers. Les journées sont rythmées par les révélations, les mises en examen et perquisitions, y compris de ses bureaux. Le parquet accuse la Présidente en exercice de complicité d'activités criminelles. Le scandale qui fait descendre le peuple dans la rue En Corée du Sud, théoriquement un chef d'?tat ne peut pas faire l'objet de poursuites pénales sauf pour insurrection ou trahison. Mais le scandale devient si retentissant que la présidente en larmes à la télévision déclare accepter une audition, puis recule en utilisant cette impossibilité constitutionnelle. Le peuple continue de descendre dans la rue. Ses manifestations prennent de plus en plus d'ampleur. Les Coréens ne veulent plus seulement sa démission mais aussi son incarcération. Le 29 novembre plus de 2 millions de Coréens défilent. La Présidente fait sa 3ème apparition à la télévision. En larmes, elle présente ses excuses aux Coréens et se déclare prête à démissionner si le Parlement le décide. Le mystère de sa disparition 7 heures durant, survient dans ce contexte, et au moment où plus de 300 Coréens périssaient dans le naufrage en 2014 du ferry Sewol, bateau appartenant à la secte dont elle est proche. Les Coréens découvrent, qu'au moment de ce naufrage meurtrier, elle se faisait coiffer au palais afin d'apparaître à son avantage devant les médias. La motion de censure déposée par l'opposition avec la menace de démission de tous les députés de l'opposition en cas de retroquage est adoptée le 9 décembre à plus du deux tiers des voix. Les sud-coréens ont ainsi donné une sacrée leçon aux peuples du reste du monde et un avertissement clair à leurs dirigeants à venir. Ils ne sont plus disposés à accepter des dirigeants corrompus. Ils les veulent investis et exemplaires, ou ils les déposeront pacifiquement mais fermement.