Les pourparlers de paix organisés cette semaine à Genève sous l'égide de l'ONU ont suscité un espoir de parvenir à une solution pour la réunification de Chypre, mais l'armée turque doit se retirer de l'île, a déclaré vendredi le président chypriote Nicos Anastasiades. "Nous avons tracé une voie qui crée des espoirs" en vue d'un accord, a-t-il dit aux journalistes à l'issue de quatre jours d'intenses discussions avec le dirigeant chypriote-turc et des ministres grec, turc et britannique à Genève. Mais "notre position reste (..) le retrait de l'armée turque", a-t-il ajouté, en référence aux quelque 30.000 soldats stationnés au nord de l'île depuis 1974. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a immédiatement réagi en déclarant qu'il était "hors de question" de retirer toutes les troupes turques de Chypre. "Le retrait total des soldats turcs est hors de question. C'est ce qui avait été discuté précédemment", a déclaré M. Erdogan. L'armée turque avait débarqué en 1974 sur les côtes nord de l'île à la suite d'un coup d'Etat de Chypriotes grecs qui visait à rattacher le pays à la "Grèce des colonels" et suscitait une vive inquiétude de la minorité chypriote turque. Depuis, Chypre, qui compte environ un million d'habitants, est divisée entre la République de Chypre (dont l'autorité ne s'exerce que sur la partie sud de l'île), membre de l'Union européenne depuis 2004, et la République turque de Chypre du Nord (RTCN), uniquement reconnue par Ankara. La partition a provoqué le déplacement de dizaines de milliers de Chypriotes. Des négociations organisées à Genève par l'ONU se sont terminées tôt vendredi matin. Les dirigeants des deux communautés chypriotes, soutenus par la Turquie, la Grèce et la Grande-Bretagne, s'étaient alors engagés à poursuivre leurs efforts afin de réunifier l'île divisée depuis 42 ans. M. Erdogan a ajouté, lors d'une déclaration télévisée à Istanbul, que la République turque de Chypre du Nord (RTCN) "travaille intensément et met en avant sa sincérité", mais que la République de Chypre et Athènes "continuent d'avoir des attentes différentes". Le président turc a également évoqué des différends sur la présidence tournante d'une Chypre fédérale divisée en deux entités -chypriote grecque et chypriote turque. Il a jugé "inacceptable" que les Grecs assurent la présidence pendant quatre mandats contre un seul pour les Turcs. Il avait déclaré auparavant que l'idée avait été émise d'accorder deux mandats aux Grecs pour chaque mandat turc. "Ca, c'est juste. Si nous voulons une paix juste et globale, c'est ainsi qu'il faut procéder". Indiquant qu'Ankara n'était pas d'humeur à faire des concessions, il a ajouté: "A part ça, nous leur avons dit (à Genève) que personne ne devait rien attendre de nous." Pas de solution à Chypre sans la fin de "l'occupation" turque Pour sa part, le chef de la diplomatie grecque, Nikos Kotzias, a réaffirmé vendredi, qu'une solution "juste" au problème chypriote suppose d'en finir avec "l'occupation" de la partie nord de l'île par l'armée turque. Après le refus réitéré par la Turquie d'un tel retrait, le ministre grec, dont les propos ont été rapportés par un communiqué de son ministère, s'exprimait devant la presse grecque à Genève, à l'issue de négociations pour tenter de réunifier l'île. "Une solution juste du problème chypriote signifie avant tout d'en finir avec les causes qui l'ont provoqué, c'est-à-dire l'occupation, la présence de troupes d'occupation et l'existence d'un système de garanties qui a été violé", a-t-il relevé. Avant l'ouverture de la conférence de Genève, Athènes avait rappelé avant l'ouverture de cette réunion qu'elle s'opposait à tout droit d'intervention unilatérale pour un pays tiers, et réclamait un cadre pour le retrait progressif des troupes turques.