Le projet de révision constitutionnelle visant à renforcer les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan a été adopté par le Parlement turc en seconde lecture tôt hier, ouvrant la voie à un référendum au printemps. "Notre nation prononcera le dernier mot sur ce sujet. Elle donnera la décision finale", a affirmé le Premier ministre Binali Yildirim, à l'issue du scrutin. "Que personne n'en doute, notre nation prendra (...) la plus juste des décisions", a-t-il ajouté. Le texte a obtenu 339 voix, soit neuf de plus que la majorité des trois cinquièmes requise pour que la réforme soit soumise à référendum. Cette réforme constitutionnelle transfère au président le pouvoir exécutif qui jusque-là appartenait au Premier ministre, bien que ce poste ait de plus en plus été marginalisé depuis l'accession de Recep Tayyip Erdogan à la présidence en 2014. La victoire a été assurée grâce à l'alliance entre le parti islamo-conservateur au pouvoir, l'AKP, et le parti de la droite nationaliste, le MHP. La majorité estime que la présidentialisation du système est essentielle pour assurer la stabilité au sommet de l'Etat, tandis que l'opposition dénonce une dérive autoritaire du président Erdogan. L'opposition accuse notamment M. Erdogan de mettre à profit l'état d'urgence en vigueur depuis le putsch manqué du 15 juillet pour faire taire toute voix discordante, à travers une vague de purges sans précédent. Aux termes de la réforme constitutionnelle, le président Erdogan pourrait en théorie se maintenir au pouvoir jusqu'à au moins 2029 et pourrait, entre autres, nommer ou limoger les ministres ainsi qu'un, voire plusieurs, vice-présidents.