Pendant la semaine du World Economic Forum de Davos, les conseillers fédéraux ont multiplié les rencontres diplomatiques et signé des déclarations d'intention. En l'absence de nombreux leaders mondiaux, c'est la politique des petits pas qui a prévalu au Forum économique mondial (WEF) de Davos dans les Grisons. Quatre jours durant, les conseillers fédéraux ont multiplié les rencontres diplomatiques pour renforcer leurs relations bilatérales. Le WEF a surtout permis de signer des déclarations d'intention. Johann Schneider-Ammann a ouvert le bal jeudi en apposant sa signature sur un document qui ouvre la voie à des négociations sur un accord de libre-échange entre l'AELE et le Mercosur. Cette signature est intervenue après 17 années de discussions. La Suisse fait partie de l'Association européenne de libre-échange (AELE). La communauté économique du Mercosur regroupe, elle, plusieurs pays d'Amérique du Sud, dont le Brésil et l'Argentine. "Il s'agit d'un marché énorme, qui représente une opportunité pour notre commerce extérieur, même si une ouverture constitue clairement un défi pour l'agriculture helvétique", a souligné le ministre de l'Economie. La politique agricole d'exportation agressive du Mercosur est, en effet, incompatible avec les intérêts de la Suisse, mais ces pays ont mis de l'eau dans leur vin, explique à l'ats Markus Schlagenhof, responsable du commerce mondial auprès du Secrétariat d'état à l'économie (SECO). Cet accord permettra, par exemple, à Nespresso d'utiliser du café produit dans un des pays du Mercosur dans ses capsules.
Pour une Suisse plus verte A plus petite échelle, Doris Leuthard a également signé jeudi un mémorandum sur l'énergie avec le premier ministre du Québec, Philippe Couillard. L'accord porte sur une coopération accrue en matière d'efficacité énergétique dans les secteurs du bâtiment et de l'industrie ainsi que sur la réduction des émissions nocives dans le domaine des transports. Berne et la Belle Province coopéreront également au niveau de l'encouragement des énergies renouvelables. Cette collaboration est d'autant plus intéressante dans le contexte de la stratégie énergétique 2050 qui prévoit une Suisse sans atome. L'idée d'une telle coopération a émané spontanément l'année passée au WEF, a indiqué, lors d'un point de presse, la présidente de la Confédération. L'Argovienne a aussi rencontré Maroš Šefcovic, vice-président de la Commission européenne, également en charge de l'énergie. Les discussions sur un accord concernant l'accès de la Suisse au marché européen de l'électricité ont été interrompues, en avril dernier. Mais la conseillère fédérale a bon espoir que les négociations reprennent.
Devancer le Brexit Les conseillers fédéraux ont également profité de leur séjour dans la station grisonne pour prendre les devants au sujet du Brexit. Pour l'instant, la Suisse est liée au Royaume-Uni, via les accords bilatéraux conclus avec l'Union européenne (UE). Mais si le Brexit "dur" annoncé cette semaine par la première ministre britannique, Theresa May, se confirme, Londres devra négocier de nouvelles conventions, y compris avec Berne. En tant que membre de l'UE, le Royaume-Uni ne peut pas encore mener de négociations sur sa situation future en dehors de l'Europe. "Nous devons nous assurer de ne pas avoir une période sans accord et sans base légale", a précisé Doris Leuthard. Le ministre britannique du commerce international, Liam Fox, a toutefois assuré que la sortie du Royaume-Unis de l'UE prendrait au moins deux ans et qu'il souhaitait conserver de bonnes relations avec Berne. Alors que la Suisse vient tout juste de réintégrer le programme de recherche Horizon 2020, Londres pourrait quitter cette entité, toujours en raison du Brexit. Cela ferait perdre un acteur de poids dans le paysage des hautes écoles européennes. Le Royaume-Uni compte, en effet, de nombreuses universités prestigieuses comme Oxford et Cambridge.
Chine en force Le gouvernement helvétique a aussi profité de la venue du président chinois, Xi Jinping, à Davos pour renforcer ses relations avec ce pays. Il a également été beaucoup question, durant le WEF, de la politique d'investissements massifs chinoise. "Qu'on le veuille ou non, il s'agit d'une réalité. Elle s'effectuera avec ou sans nous", a déclaré la présidente de la Confédération. Berne participera à un sommet en mai, à ce sujet, dans le but de permettre aux entreprises helvétiques de tirer profit de cette politique de Pékin.