La conseillère fédérale de la Confédération suisse, Doris Leuthard, chef du Département fédéral de l'économie (DFE), serait en visite officielle, depuis hier, à Alger, dans la perspective de faire aboutir l'accord de libre-échange entre l'Algérie et l'Association européenne de libre-échange (AELE) ainsi que pour faciliter l'accès au marché algérien aux entreprises suisses. Les négociations entamées l'an passé ont connu un quatrième round à Genève début octobre. Une signature aurait dû intervenir à ce moment. Mais la Suisse et ses partenaires de l'AELE (Suisse, Norvège, Islande et Liechtenstein) demeurent confiants de pouvoir conclure cet accord, notamment du côté suisse. Etant donné que la signature de cet accord permettrait d'éliminer, entre autres, les discriminations envers l'économie suisse, lesquelles résultent de l'entrée en vigueur, en septembre 2005, de l'accord entre l'Union européenne (UE) et l'Algérie. La conseillère fédérale, durant sa visite de deux jours, aura des entretiens avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. La conseillère fédérale profitera aussi de sa visite de travail pour entamer des pourparlers avec le ministre des Finances, Karim Djoudi, et le ministre du Commerce, El-Hachemi Djaâboub. Ces dernières années, en effet, les relations économiques entre la Suisse et l'Algérie se sont considérablement intensifiées. Divers accords économiques ont été conclus avec le gouvernement algérien, notamment l'accord en vue d'éviter les doubles impositions et celui portant sur la promotion et la protection réciproque des investissements. Les entreprises suisses s'intéressent toujours plus au marché algérien, qui va continuer de gagner en attractivité aussi grâce à l'accord de libre-échange AELE-Algérie. Certains acteurs économiques, à l'image de Stadler Rail, attendent beaucoup d'un accord de libre-échange qui accélérerait encore les collaborations sur place. Le groupe thurgovien a signé un contrat de 580 millions de francs en 2006. Il a décroché la livraison de 64 rames "Flirt" automotrices électriques destinées au transport des voyageurs dans la banlieue algéroise. Stadler, qui emploie une vingtaine de personnes en Algérie, s'estime très satisfait de ce marché.Autre partenaire de poids, Jelmoli a créé, fin 2007, la Société des Centres commerciaux d'Algérie (SCCA). Le groupe zurichois de distribution ouvrira en mai prochain le premier centre commercial du pays dans le nouveau quartier d'affaires algérois de Bab Ezzouar. Le futur édifice, d'une superficie de 32 000 m⊃2;, prendra modèle sur le centre "La Praille" de Genève. Il accueillera un hypermarché, des boutiques, un cinéma multiplex, d'autres activités de loisirs tels que bowling et restaurants, ainsi que des bureaux. "Un accord de libre-échange permettra une plus grande transparence dans nos relations avec l'Algérie", explique Noureddine Sabri, responsable "Afrique du Nord" de Stucky, entreprise de conseil en génie civil, basée à Renens (VD). Implantée en Algérie depuis 1934, celle-ci travaille sur des projets "pharaoniques". En premier lieu, la ligne électrique Al Affroun-Hassi Ameur qui fait partie du projet transmaghrébin allant de la Tunisie au Maroc et qui permettra l'interconnexion au réseau européen. Les ingénieurs de Renens ont été désignés comme chefs de file d'un groupement d'entreprises algériennes pour les études, le suivi des travaux et la gestion du projet. La ligne longue de 320 kilomètres comporte 800 pylônes. Les travaux ont duré 18 mois. "Ce projet permettra à l'Europe de réduire sa dépendance énergétique face à la Russie", souligne Antoine Dubas, directeur commercial de Stucky. Premier partenaire commercial au sein de l'AELE, la Suisse ne pointe cependant qu'au 15e rang mondial des exportateurs vers l'Algérie, derrière l'Union européenne (1er), la Chine (2e) et les Etats-Unis (3e). Les biens suisses représentaient, l'an dernier, 0,8% des importations algériennes. Dans le détail, les exportations suisses vers l'Algérie se sont élevées à 393,6 millions de francs en 2007, soit une augmentation de 58,5% par rapport à l'année précédente. Les machines, les produits chimiques et pharmaceutiques ainsi que des aliments figurent en tête des biens livrés. Alors qu'elle était encore le quatrième importateur de brut (avec 3,7%) en 2006, l'Algérie frôlait le 0% l'an dernier. L'Algérie pourrait cependant se révéler être un partenaire stratégique en cas de problème d'approvisionnement avec la Libye, premier fournisseur de brut (56%).