Le commissaire européen à la Justice Franco Frattini a proposé vendredi un plan visant à prendre les empreintes digitales de tous les visiteurs dans les 27 Etats membres de l'Union européenne et à enregistrer électroniquement leur entrée et leur sortie. Ces mesures permettraient d'assurer une meilleure sécurité aux frontières et d'empêcher des étrangers d'entrer illégalement en Europe ou d'excéder la durée de séjour de trois mois accordée aux touristes et aux détenteurs de visas de l'Union, a précisé M. Frattini lors d'une réunion de deux jours des ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'UE à Brdo Pri Kranju, en Slovénie. Ces mesures sont similaires à des dispositions déjà en vigueur aux Etats-Unis. "Le registre électronique devrait inclure des données biométriques fiables", a déclaré M. Frattini à la presse. Il a souligné que le fait pour des visiteurs de rester au-delà de leur période de séjour légale constituait la cause "numéro 1" de l'immigration illégale. Le plan, qui doit être dévoilé plus en détail le mois prochain, est considéré comme une riposte à la récente extension par les Etats-Unis de leur programme de prise d'empreintes digitales pour les visiteurs étrangers, y compris ceux venant de pays européens. Le secrétaire américain à la Sécurité intérieure Michael Chertoff a également déclaré récemment que les Européens pourraient bientôt être tenus de s'inscrire en ligne pour être autorisés à entrer sur le territoire américain, un procédé similaire à un système de visa électronique déjà en vigueur en Australie. M. Frattini a appelé à une coopération entre l'UE et les Etats-Unis afin de créer un système compatible. "Nous voulons une interopérabilité plutôt que deux systèmes séparés", a-t-il expliqué. La Commission espère obtenir le soutien des Vingt-Sept à ce plan d'ici la fin de l'année, ont précisé des diplomates. Franco Frattini a également déclaré que la menace terroriste restait élevée et a souhaité que les gouvernements mettent rapidement en place une base de données à l'américaine des passagers aériens, qualifiant cette base d'"absolument nécessaire". Selon le commissaire européen, cette banque de données permettrait la collecte et la conservation durant 13 ans de 19 éléments sensibles sur les passagers, dont leurs adresses électroniques, numéros de téléphone et détails du paiement de leurs billets d'avion. Plusieurs pays parmi les 27 membres de l'UE ont d'ores et déjà manifesté leur désaccord sur la manière de traiter cet amas colossal d'informations concernant des milliers de vols entrant ou quittant l'UE tous les jours. D'autres critiquent également ce projet, estimant qu'il peut contrevenir au respect de la vie privée des passagers. Par ailleurs, les responsables de l'Union ont tenu à minimiser les craintes d'un afflux d'immigrants illégaux après l'élargissement de l'espace Schengen le 21 décembre à neuf pays supplémentaires, pour la plupart issus de l'ancien bloc soviétique. M. Frattini a rappelé que les contrôles avaient été renforcés à la frontière orientale de l'UE avec l'Ukraine, la Russie et d'autres pays. Les candidats à l'immigration illégale "en sont conscients", a-t-il affirmé. Le commissaire européen et des ministres de l'UE participant à la réunion de Brdo Pri Kranju, près de Ljubljana, ont estimé qu'il n'y avait aucune raison de redouter une vague d'immigration clandestine par la frontière orientale de l'Union. Ils ont reconnu que certains réfugiés en Pologne et dans d'autres pays d'Europe de l'Est tentaient de se déplacer vers l'ouest à la faveur de la suppression des contrôles frontaliers entraînés par l'élargissement de Schengen. Le mois dernier, la police polonaise a arrêté 59 réfugiés tchétchènes qui tentaient d'entrer illégalement en Allemagne trois jours après l'extension de l'espace Schengen, qui permet désormais aux ressortissants de 24 pays européens de voyager sans passeport dans la plupart des Etats de l'UE.