Donald Trump a signé vendredi un décret ordonnant une révision de la régulation du secteur financier aux Etats-Unis adoptée après la crise de 2007-2008, s'attirant les vives critiques du camp démocrate qui l'accuse de s'aligner sur les banquiers de Wall Street. La Maison blanche a parallèlement annoncé que le travail se poursuivrait avec le Congrès, à majorité républicaine, sur un "texte législatif" censé répondre à la loi Dodd-Frank de régulation financière. L'ordre exécutif signé par le nouveau président américain donne 120 jours au secrétaire au Trésor pour préparer ses recommandations en vue d'une réforme, a-t-on appris de source proche de la présidence. Même si ce nouvel "executive order" comporte peu de détails précis, il a été salué par les marchés financiers. A Wall Street, les valeurs bancaires ont tiré la cote vers le haut. L'indice Dow Jones a terminé la dernière séance de la semaine sur un gain de 0,94%, l'indice des valeurs bancaires progresse lui de 2,6%. "C'est du tout bon pour le marché financier parce que cette réglementation a provoqué une forte hausse des charges des grandes banques et sociétés de courtage", a commenté Robert Pavlik, de la firme Boston Private Wealth. Promulguée en 2010 par Barack Obama dans la foulée de la crise financière, la loi Dodd-Frank qui encadre le secteur bancaire a notamment relevé les exigences en fonds propres des banques et mis en place des tests de résistance annuels. Son objectif est d'éviter à l'Etat fédéral de devoir renflouer des établissements financiers en difficulté à coup de dizaines de milliards de dollars de capitaux frais et de garanties publiques. Donald Trump avait exprimé son intention de "démanteler" un texte qu'il juge pénalisant pour l'économie, lui reprochant de restreindre la capacité des banques à faire crédit aux entreprises et aux ménages, et de la remplacer par une législation soutenant la croissance.
"Wall street doit trinquer au champagne" Charles Evans, le président de la Réserve fédérale de Chicago, a pris la défense de ces régulations, estimant lors d'un déplacement à Olympia Fields, dans l'Illinois, qu'elles avaient "largement contribué" à la stabilisation du secteur financier. L'ancien élu démocrate Barney Frank, co-auteur de la loi de 2010, a rappelé que Trump "ne peut pas apporter de changement de fond à la loi de réforme financière sans le Congrès". "La formulation de ce décret n'y fait rien. Il demande seulement au secrétaire au Trésor de leur donner quelque chose à lire. Mais le ton vise à affaiblir cette loi", a-t-il dit à Reuters. Dans un communiqué, la sénatrice Elizabeth Warren, figure de l'aile gauche du Parti démocrate qui avait fortement milité pour que la loi Dodd-Frank crée le CFPB, une agence fédérale de protection des consommateurs dans le domaine de la finance, a accusé Trump d'avoir cédé à Wall Street. "Les banquiers et les lobbyistes de Wall Street dont la cupidité et l'inconscience ont failli détruire notre pays doivent trinquer au champagne, mais le peuple américain n'a pas oublié la crise financière de 2008 et il n'oubliera pas ce qui s'est produit aujourd'hui", écrit-elle. Plusieurs anciens banquiers de Goldman Sachs ont été choisis par Donald Trump pour composer son administration parmi lesquels Steven Mnuchin, dont la nomination à la tête du département du Trésor est actuellement bloquée au Sénat, Gary Cohn, ex-directeur général adjoint de la banque qui dirige le Conseil national économique de la Maison blanche, et Steve Bannon, son "stratège en chef". A l'inverse, le républicain Jeb Hensarling, président de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, a souligné que le décret présidentiel reflétait le projet de loi qu'il a rédigé l'été dernier pour réduire la portée de la loi Dodd-Frank. Il entend réintroduire dans les prochaines semaines son projet, baptisé Choice Act, à l'ordre du jour du Congrès.