Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a demandé samedi à l'Onu de faire preuve de "retenue" et de ne pas adopter de résolution contre son pays en attendant un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur son programme nucléaire. "Nous appelons (le conseil de sécurité de l'Onu) à faire preuve de retenue" avant ce rapport attendu dans les prochaines semaines, a déclaré M. Mottaki, venu plaider la cause de son pays devant le Forum économique mondial, à Davos. Les cinq membres permanents du conseil (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) et l'Allemagne (5+1) ont transmis à tous les membres de cette instance un projet de nouvelle résolution qui doit être discuté en début de semaine à New York. Les sanctions soutenues par les représentants des six grandes puissances incluent en particulier une interdiction de voyager pour les responsables impliqués dans le programme nucléaire iranien. M. Mottaki a exprimé sa "surprise" de voir les six pays aller de l'avant avec cette troisième résolution de sanctions, alors que l'AIEA a annoncé le 13 janvier s'être mise d'accord avec Téhéran sur un délai de quatre semaines pour régler les problèmes en suspens sur son programme nucléaire. "Il ne reste pas longtemps à attendre. Nous approchons de la fin de ce processus. Les 5+1 auraient dû attendre le rapport final de l'AIEA. Nous ne comprenons pas qu'ils aient agi comme cela", a déclaré M. Mottaki. Le conseil de sécurité demande à Téhéran de suspendre ses activités les plus sensibles, en particulier l'enrichissement de l'uranium, comme gage qu'il ne cherche pas à se doter de l'arme atomique. Téhéran assure que son programme nucléaire n'a qu'une finalité civile. Américains et Européens en particulier estiment nécessaire de maintenir une forte pression sur l'Iran, soupçonné de chercher à gagner du temps et qui refuse résolument de répondre aux demandes de suspension de l'enrichissement de l'uranium. L'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, Zalmay Khalilzad, présent au débat sur l'Iran à Davos au côté de M. Mottaki, a souligné que son pays "acceptait le droit de l'Iran au nucléaire civil" et était "ouvert" à l'idée qu'il ait accès à du combustible nucléaire, s'il n'y a "aucun risque de prolifération", au travers d'une "banque internationale de combustible". Toutefois, il a ajouté qu'il n'était "pas question de permettre à l'Iran d'avoir une capacité nucléaire militaire". "C'est trop risqué", a-t-il ajouté, estimant notamment que le comportement de l'Iran dans de nombreuses régions en crise - Irak, Afghanistan, Liban, Territoires palestiniens notamment - n'était "pas encourageant". M. Mottaki a implicitement rejeté la proposition réaffirmée mercredi à Davos par la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice de le rencontrer personnellement si Téhéran acceptait de répondre aux demandes internationales. "Pour le moment, nous ne voyons aucun changement important dans la politique des Etats-Unis", avec qui l'Iran a rompu ses relations diplomatiques en 1980 lors de la révolution islamique, a-t-il dit