François Fillon a engagé lundi une opération de la dernière chance pour sauver sa candidature à l'élection présidentielle et sa carrière politique, menacées par les soupçons d'emplois fictifs dont aurait bénéficié sa famille. Le candidat de la droite a convoqué lundi à 16h00 à son QG une conférence de presse présentée par son entourage comme une "contre-attaque", après plus de 10 jours de polémique qui ont pratiquement donné un coup d'arrêt à sa campagne. La semaine dernière, nombre d'élus et de ténors du parti Les Républicains (LR) n'hésitaient pas à envisager, publiquement ou en privé, son retrait et son remplacement par un autre candidat. Alain Juppé, son adversaire malheureux du second tour de la primaire à droite, a cependant fermé une des pistes les plus logiques en réitérant lundi son refus d'être un "plan B". "J'ai dit quelle était ma position : définitivement, c'est non ! Et vous me connaissez, non c'est non !" a-t-il déclaré à des journalistes à son arrivée à la mairie de Bordeaux. "Je dirai pourquoi. Aujourd'hui écoutons FF, notre candidat", avait-il auparavant écrit dans un tweet. Selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, 68% des Français souhaitent son retrait. Mais conforté par la difficulté dans laquelle paraissent plongés les ténors de son camp pour trouver un autre candidat sans déclencher une guerre des clans, l'ancien Premier ministre a amorcé sa contre-attaque ce week-end. Il a ainsi fait distribuer trois millions de tracts dénonçant une "chasse à l'homme" et une "machination ourdie par des officines" pour empêcher sa candidature. Il avait adressé vendredi soir un message vidéo à ses troupes sur Facebook leur demandant de ne pas "baisser la tête" et promettant de se "tenir bon".
Une humeur de "combative" Selon son entourage, il entend, lors de sa conférence de presse, "parler aux Français" et "exprimer sa vérité", et l'un de ses conseillers qualifie son humeur de "combative". Georges Fenech, le député a déclaré sur RFI que , 'la décision appartient à François Fillon lui-même. C'est lui qui a la légitimité pour savoir s'il doit continuer ou s'il doit se retirer" "Il a la légitimité pour poursuivre. Il bénéficie évidemment de tout ce qui est présomption d'innocence." Il a cependant dit constater comme beaucoup de ses collègues que le candidat n'était "plus audible sur le terrain". "Je demande à François Fillon de prendre des initiatives fortes", a déclaré Georges Fenech. L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui fut lui-même au centre de violentes polémiques, a recommandé sur Europe 1 à son lointain successeur d'engager une "opération vérité où il mettrait tout sur la table, et peut-être un peu plus", pour défendre "son honneur et son projet". "Pour cela, il a sans doute encore quelques jours", a ajouté ce connaisseur des situations de crise. Mais si les sondages continuent de prédire l'élimination de François Fillon du second tour de la présidentielle, "il faudra en tirer les conséquences", a ajouté Dominique de Villepin, pour qui Alain Juppé reste le meilleur candidat de substitution.