Les cours du pétrole ont terminé en nette hausse vendredi, grâce à une confiance revenue sur le respect des quotas de l'Opep, ce qui permettait au baril d'être proche de l'équilibre sur la semaine. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut a pris 86 cents à 53,86 dollars sur le contrat pour livraison en mars au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a gagné 1,07 dollar à 56,70 dollars sur le contrat pour livraison en avril à l'Intercontinental Exchange (ICE). L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a rassuré les investisseurs en faisant état vendredi d'un "taux de conformité initial record" avec les niveaux de production que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'était fixé. Ces limites de production avaient été décidées fin 2016 par le cartel avec ses partenaires dont la Russie. Elles avaient permis de relancer le cours du baril qui a quasi-doublé par rapport à février 2016, quand il avait touché le plus bas de la décennie. Les analystes s'étaient alors toutefois montrés sceptiques sur le fait qu'elles soient réellement appliquées à partir du 1er janvier comme prévu. "Puisque l'application est si bonne, certains s'attendent même à ce que la réduction de la production soit étendue dans les prochains mois", a avancé Phil Flynn de Price Futures. En janvier, la production mondiale de pétrole a chuté de 1,5 million de barils par jour (mbj), selon l'AIE, qui attribue le gros de la baisse à l'Opep. Demande en hausse "Ils ont relevé leurs prévisions de la demande mondiale, ce qui apporte également du soutien" aux cours, a complété John Kilduff de Again Capital. Pour certains analystes la hausse des cours vendredi a été alimentée par les déclarations du président américain Donald Trump qui avait promis jeudi qu'il allait "annoncer quelque chose dans les deux ou trois semaines qui sera phénoménal en termes d'impôts". "Si nous avons d'importantes réductions d'impôts, cela devrait faire encore augmenter la demande de pétrole", a estimé Phil Flynn. Toujours sur le front de la demande, le commerce chinois a rebondi en janvier après le plongeon de 2016, signe d'une reprise précaire d'un pilier crucial de la deuxième économie mondiale. "C'est crucial pour le marché du pétrole et pour les perspectives de demande. C'est vraiment un très bon signe", a commenté John Kilduff. Plus spécifiquement, en janvier, la Chine a importé 34,03 millions de tonnes de brut, contre 36,38 millions en décembre et 26,69 millions en janvier 2016. Cette hausse d'une année sur l'autre s'explique par la tenue du nouvel an chinois fin janvier en 2017, incitant les raffineries à faire le plein de brut avant le début des festivités qui s'étaient tenues début février en 2016. Seule ombre au tableau, la production américaine continue à montrer des signes de reprise puisque le nombre de puits de forage en activité aux Etats-Unis, un indicateur avancé des extractions, a encore augmenté la semaine précédente, selon le décompte hebdomadaire du groupe privé Baker Hughes. Hausse en Asie Les cours du pétrole continuaient de monter en Asie dans les échanges matinaux, les marchés choisissant de ne pas tenir compte de la hausse hebdomadaire des réserves de brut américain. Vers 03h30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en mars, gagnait neuf cents à 53,90 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour avril, prenait sept cents à 55,70 dollars. Les prix de l'or noir continuaient de rebondir malgré la forte hausse de 13,8 millions de barils des réserves américaines de brut, annoncée mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Les coûteuses extractions de schistes aux Etats-Unis sont redevenues rentables grâce à la remontée des cours du brut fin 2016, avec la conclusion d'accords de limitation de la production par l'Opep et ses partenaires dont la Russie. Depuis l'annonce de ces accords, le WTI évolue dans une fourchette de 51 à 55 dollars le baril et le Brent entre 54 et 58 dollars. Les marchés attendent désormais la publication lundi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole de son rapport mensuel, pour mesurer la portée effective de l'accord de réduction, a déclaré Jingyi Pan, analyste chez IG market. "On voit le conflit reflété dans les cours entre l'anticipation du rapport de l'Opep et l'augmentation des stocks de brut américain". La baisse de production est bien engagée La planète a pompé beaucoup moins d'or noir en janvier, suite à la mise en œuvre des accords de limitation de la production visant à accélérer le rééquilibrage du marché, selon l'Agence internationale de l'énergie qui table sur une demande mondiale plus vigoureuse. Au total, la production mondiale de pétrole a chuté de près de 1,5 million de barils par jour (mbj) en janvier par rapport au mois précédent, à 96,4 mbj, a indiqué l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole publié vendredi. C'est 730 000 barils par jour (bj) de moins sur un an. Le gros de la réduction provient de l'Opep, qui a produit 1 million de barils par jour (mbj) de moins le mois d'avant et ainsi réalisé presque en totalité (90%) son engagement pris en novembre de baisser sa production de 1,2 mbj pour une période de six mois renouvelable, à partir du 1er janvier. Le cartel pétrolier a ainsi pompé 32,06 mbj, certains producteurs comme l'Arabie saoudite, chef de file du cartel, ayant même dépassé leurs promesses de réduction, a détaillé l'agence énergétique basée à Paris, évoquant "un taux de conformité initial record". "Cette première coupe est certainement l'une des plus importantes jamais réalisée dans l'histoire des initiatives prises par l'Opep pour réduire sa production", a-t-elle explicité. En décembre, onze pays producteurs non membres du cartel avaient décidé de faire de même à un niveau de 558 000 barils par jour. Parmi eux la Russie, le plus grand producteur mondial de brut, qui a réduit en janvier sa production de 100 000 bj sur son objectif de baisse de 300 000 bj. Ces réductions visent à permettre à un marché inondé d'or noir depuis mi-2014 de se rééquilibrer et à des cours déprimés de se redresser, à un niveau de 50-55 dollars le baril actuellement. Attentisme Mais cette dynamique pourrait être contrecarrée par la hausse de production significative anticipée dans les pays qui ne sont liés par aucun accord, encouragée notamment par le regain des prix. A eux seuls, le Brésil, le Canada et les Etats-Unis devraient pomper 750 000 bj de plus, portant à 400 000 bj la croissance nette attendue sur l'ensemble de l'année dans les pays non-Opep. "En ce qui concerne le pétrole de schiste américain, la récente recrudescence de l'activité de forage laisse à penser que la production va se redresser", a indiqué l'AIE, qui table sur une croissance de 175 000 bj en 2017 et une hausse estimée à 520 000 bj en décembre sur un an. Cette production sera en partie absorbée par une demande mondiale qui devrait être plus vigoureuse qu'anticipé précédemment. L'AIE a relevé ses prévisions pour le troisième mois consécutif, d'environ 100 000 bj, évoquant un hiver plus froid en Europe, l'amélioration de l'activité industrielle ou encore la croissance de l'Inde et de la Chine. Elle anticipe désormais une hausse de 1,6 mbj à 96,6 mbj de la consommation pour 2016 (contre +1,5 mbj précédemment), puis un ralentissement à +1,4 mbj à 98 mbj cette année (contre +1,3 mbj auparavant). Toutefois, le marché continue de faire preuve d'attentisme, a fait remarquer l'AIE, en raison du niveau des stocks qui demeure élevé malgré cinq mois consécutifs de baisse, et des incertitudes sur la production future: c'est pourquoi les prix sont restés bloqués à leur niveau actuel après le stimulus de l'automne dernier.