Deux importants groupes armés de la capitale libyenne ont désavoué avant-hier un accord de trêve conclu sous l'égide du gouvernement d'union nationale (GNA) à Tripoli, où des combats ont de nouveau brièvement opposé des factions rivales. Cet accord avait été obtenu après quatre jours de combats ayant paralysé la capitale libyenne, sous la coupe de dizaines de milices depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Les deux groupes ayant dénoncé l'accord de trêve sont connus pourtant pour leur appui au GNA, le gouvernement reconnu par la communauté internationale, ce qui renforce encore la confusion à Tripoli, en proie à une insécurité chronique. "Nous n'avons pas signé l'accord même si nous ne sommes pas opposés pas aux efforts visant à arrêter l'effusion de sang", a indiqué sur sa page Facebook la "Force mixte de dissuasion et d'intervention d'Abou Slim", un quartier populaire du sud de Tripoli. Elle se dit déterminée à voir les milices de l'extérieur de Tripoli quitter la capitale libyenne. "Les signataires auraient dû exiger la sortie de toutes les formations (armées) irrégulières, responsables de crimes. L'accord signé (....) ne nous représente pas", a indiqué de son côté un communiqué de la "Katiba des Thowars de Tripoli", un groupe armé qui contrôle le centre de la capitale. Plus tôt dans la journée, le GNA a annoncé un accord prévoyant un "cessez-le-feu immédiat", le départ des groupes armés de Tripoli dans un délai de 30 jours, ainsi que la libération des personnes arrêtées durant les affrontements. L'accord a été signé par les ministères de la Défense et de l'Intérieur du GNA et les chefs de groupes armés de Tripoli et Misrata, ville de l'ouest libyen, d'où sont originaires plusieurs groupes armés présents dans la capitale, selon le texte. Des forces pro-GNA ont été chargées de sécuriser des secteurs qui étaient contrôlés par des groupes rivaux, toujours selon l'accord. Après une matinée calme, les combats ont repris brièvement dans l'après-midi à al-Hadba al-Khadra, un quartier au sud de la capitale, où se trouve un important hôpital mais également la prison où sont détenus des dignitaires de l'ancien régime. Signe des fortes tensions persistantes, la plupart des commerces, toutes les écoles et les universités sont restés fermés jeudi. Peu de voitures circulaient dans les rues. Les forces pro-GNA ont réussi à gagner en influence dans la capitale en reprenant plusieurs secteurs à des milices rivales, dont celles fidèles à l'ancien chef d'un gouvernement non reconnu, Khalifa Ghweil, écarté du pouvoir après la formation du GNA. Les combats avaient été déclenchés lundi après l'assassinat d'un des gardes d'une banque. Le GNA a obtenu le ralliement de certaines des milices depuis son entrée en fonction en mars 2016, mais plusieurs secteurs de Tripoli sont toujours hors de son contrôle. La légitimité de ce gouvernement est en outre contestée par le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort des autorités parallèles basées dans l'est libyen.