La plupart des Bourses européennes ont fini en baisse mardi une journée à l'agenda peu fourni du côté des indicateurs économiques, plombées en fin de journée par le net recul de Wall Street. "Wall Street pèse de manière sensible", explique Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant bleu Gestion. En cause, des doutes sur le vote par le Congrès américain de la loi abrogeant l'"Obamacare". "Cela crée de l'incertitude politique, d'autant plus que dans l'agenda de Donald Trump, cette loi doit précéder la grande loi financière qu'attendent les marchés", ajoute M. Larrouturou. Sur le plan des indicateurs, l'agenda était peu fourni, hormis l'inflation britannique qui a nettement accéléré pour atteindre 2,3% en février sur un an, avec une progression des prix alimentaires pour la première fois depuis près de trois ans. Aux Etats-Unis, le déficit des comptes courants a baissé au 4e trimestre, à la surprise des analystes, tandis qu'il a continué sa progression sur l'année, au plus haut depuis 2008. L'Eurostoxx 50 a perdu 0,23% Paris a fini en léger recul de 0,19%, soit 9,73 points, à 5.002,43 points, dans un volume d'échanges modéré de 3,26 milliards d'euros. Le secteur bancaire a fini bien orienté, à l'instar de BNP Paribas (+1,02% à 60,26 euros), Société Générale (+1,64% à 47,49 euros) et Crédit Agricole (+0,29% à 12,28 euros). Les valeurs du secteur des fournisseurs de services collectifs ont de leur côté pris leur envol, comme Veolia Environnement (+2,39% à 16,72 euros) et Suez (+1,65% à 14,15 euros). Londres a terminé en nette baisse de 0,69%, soit 51,47 points, à 7.378,34 points. Burberry a perdu 1,57% à 1.757 pence, le géant des télécommunications BT a cédé 1,83% à 327,05 pence et le fabricant de logiciels informatiques Sage a cédé 1,72% à 629,50 pence. Les compagnies minières ont passé une mauvaise journée: Glencore s'est enfoncée de 4,24% à 330,10 pence, Rio Tinto de 4,12% à 3.327 pence, BHP Billiton de 3,97% à 1.283,50 pence et Anglo American de 2,50% à 1.247 pence. Les laboratoires pharmaceutiques n'ont pas plastronné non plus, Hikma Pharmaceuticals cédant 1,73% à 2.097 pence, Shire 1,65% à 4.680,50 pence et AstraZeneca 1,50% à 4.826,50 pence. Parmi les quelques hausses timides de la journée ont figuré celles des spécialistes de l'or, soutenus par la bonne tenue des cours du métal jaune: Fresnillo a pris 1,64% à 1.553 pence et Randgold 0,56% à 7.195 pence. A Francfort, le Dax a lâché 0,75% à 11.962,13 points et le MDax 1% à 23.377,29 points. Deutsche Bank a rebondi de 4,29% à 16,01 euros. Dans la foulée, l'autre grande banque allemande, Commerzbank, s'est adjugée 0,77% à 8,42 euros. BMW a gagné 0,52% à 82,93 euros tandis que Mercedes-Benz, marque du groupe Daimler, a cédé 0,59% à 70,55 euros. Volkswagen a lâché 2,01% à 134,40 euros. Très en forme lundi, le groupe de santé Fresenius SE (-3,40% à 72,95 euros) et sa filiale de matériel de dialyse Fresenius Medical Care (-3,48% à 76,72 euros) sont retombées tout en bas du tableau. Madrid a fini stable, cédant 0,02% à 10.211,9 points, notamment tirée vers le bas par les aciéristes ou le secteur de la téléphonie. Le plus fort recul a été subi par ArcelorMittal (-2,94% à 8,19 euros), en baisse comme Acerinox (-1,95% à 13,34 euros). Le géant des télécoms Telefonica a cédé 1,05% à 10,36 euros et Cellnex Telecom, spécialisée dans les infrastructures de téléphonie et de communication, 1,50% à 15,44 euros. Le groupe autoroutier espagnol Abertis, gestionnaire des autoroutes françaises Sanef, a connu la plus forte hausse (+3,08% à 14,90 euros). Milan a perdu 0,25% à 19.918 points. Banco BPM a réalisé la meilleure performance, gagnant 3,25% à 2,736 euros, suivie de son homologue BPER, qui a pris 3% à 4,804 euros. En revanche, STMicroelectronics a été la lanterne rouge du FTSE Mib, chutant de 4,25% à 13,73 euros. Mauvaise séance également pour Fiat Chrysler (-3,79% à 10,15 euros), CNH Industrial (-2,7% à 8,82%), Ferrari (-1,88% à 62,5%), de même qu'Exor, la holding de la famille Agnelli qui a des participations dans ces trois entreprises et a cédé 2,41% à 46,65 euros. Bruxelles a fini en recul de 0,84%, à 3.759,44 points. Près de la moitié des composants de l'indice Bel-20 ont fini en repli, dont le brasseur AB InBev (-0,43% à 103,70 euros) et les groupes de distribution Colruyt (-0,96% à 44,80 euros) et Ahold Delhaize (-0,94% à 20,09 EUR). Amsterdam a clôturé en baisse de 0,29% à 513,59 points. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées par le sidérurgiste Arcelor Mittal (-3,40% à 8,17 euros) et le groupe de technologies Galapagos (-2,28% à 74,62 euros). Lisbonne a terminé en légère hausse de 0,10% à 4.635,88 points, tiré surtout par les valeurs financières. La banque Montepio a enregistré la plus forte hausse (+5,11% à 43,2 centimes d'euro), suivie de sa concurrente BCP (+3,25% à 16,83 centimes d'euro). Le groupe électricien EDP a gagné 0,76% à 2,90 euros. Cette tendance a toutefois été freinée par deux autres poids lourds de la place portugaise: le groupe pétrolier et gazier Galp Energia a reculé de 0,89% à 13,37 euros et le distributeur Jeronimo Martins a cédé 0,77% à 15,55 euros. Wall Street doute sur les réformes La Bourse de New York a fini en net repli mardi, victime de prises de profits, dans un climat de doute sur la capacité de Trump à mener à bien ses réformes de soutien à la croissance, des promesses qui ont propulsé le marché à des niveaux record. Les deux grands indices Dow Jones et S&P 500 ont perdu plus de 1%, leur plus mauvaise performance depuis la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle du 8 novembre. L'indice Dow Jones a cédé 237,85 points, soit 1,14%, à 20.668,01. Le S&P-500, plus large, a perdu 29,45 points, soit 1,24%, à 2.344,02. Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 107,70 points (-1,83%) à 5.793,83 points. L'indice de volatilité CBOE a fait un bond de 10%. Face à des valorisations jugées déjà tendues, les investisseurs s'inquiètent de voir l'administration Trump peiner à faire passer son projet de loi anti-Obamacare, la réforme de l'assurance maladie mise en place par son prédécesseur, qui constitue le premier grand test législatif de son mandat. Ils y voient un signe que le président pourrait également rencontrer des difficultés à mettre en place les réductions promises d'impôts sur les sociétés, qui ont fortement contribué à la hausse de 10% du S&P 500 depuis l'élection de novembre. Le S&P se traite à environ 18 fois ses résultats attendus sur les 12 mois à venir, alors que le ratio moyen à long terme est à 15, selon les données de Thomson Reuters. Les républicains ont bon espoir de pouvoir soumettre le texte anti-Obamacare à la Chambre des représentants dès jeudi. Mais l'administration Trump et les dirigeants de la majorité doivent limiter le nombre des défections dans leurs rangs à 20 élus au plus au risque de voir le texte retoqué. "Les républicains auraient dû faire passer la réforme fiscale avant la réforme de la santé. Ils apparaissent maintenant comme un groupe hétéroclite plutôt que comme un parti capable de faire bouger les choses", dit Brian Jacobsen, responsable de la stratégie chez Wells Fargo Funds Management. Financières en baisse de 2,87% L'indice des valeurs financières a cédé 2,87%, sa plus forte baisse depuis juin, aggravant ses pertes accumulées depuis la décision de la Réserve fédérale la semaine dernière de relever de 25 points de base ses taux d'intérêt tout en signalant que les hausses resteraient progressives, alors que certains investisseurs espéraient une position plus offensive. Bank of America a chuté de 5,77%, plus gros contributeur à la baisse du S&P, tandis que Goldman Sachs a pesé sur le Dow Jones avec une perte de 3,72%. L'indice financier avait été le premier bénéficiaire de la victoire de Trump, ayant pris près de 20% avec les promesses d'alléger la fiscalité et la réglementation bancaire. Au total, quelque 8,3 milliards d'actions ont changé de mains sur les marchés américains mardi, contre une moyenne de 7,1 milliards échangées lors des 20 dernières séances. L'action Fedex a perdu 3% dans les transactions post-Bourse à la suite de la publication de résultats décevants. Sur le marché obligataire, le papier à 10 ans du Trésor américain progressait à contrario, avec un rendement qui est ainsi retombé à son plus bas niveau depuis le 1er mars. Le dollar est tombé à son plus bas niveau en près de quatre mois face au yen, les inquiétudes sur le calendrier des réformes ayant incité les investisseurs à chercher refuge auprès de la devise japonaise. L'indice du billet vert face à un ensemble de devises de référence recule de 0,68. L'euro a atteint un pic de plus de six semaines. Selon un sondage réalisé au lendemain du débat qui a opposé les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron devance Marine Le Pen avec 26% des intentions de vote au premier tour, contre 24,5% pour le Front national.