La Réserve fédérale pourrait procéder dès cette année à un dégonflement de son bilan, qui atteint actuellement les 4 500 milliards de dollars (4 209 milliards d'euros), soit plus tôt que ce que la plupart des économistes de Wall Street prévoient.
"Je ne serais pas étonné que, dans le courant de l'année ou en 2018, si l'économie évolue conformément à nos attentes, nous ne commencions à laisser progressivement les titres arriver à échéance plutôt que de les refinancer", a déclaré à Bloomberg TV William Dudley, président de la Réserve fédérale de New York. Les économistes interrogés par Reuters et la Fed elle-même estiment que l'institut d'émission devrait réduire son portefeuille de titres l'année prochaine, ce qui, pense-t-on, aura pour effet de faire recule les cours des obligations. Les déclarations de Dudley ont contribué à aggraver les pertes du dollar face au yen. La Réserve fédérale a amassé quelque 4.500 milliards de dollars d'emprunts du Trésor et de crédits immobiliers à l'occasion de trois vagues d'assouplissement quantitatif (QE) depuis la crise financière de 2007-2009. La Fed n'achète plus d'obligations, se contentant de boucher les trous de son bilan lorsque des titres arrivent à échéance. Officiellement, la Fed est de laisser ces obligations arriver naturellement à maturité - et non de les vendre - une fois que ses hausses de taux seront bien avancées. Cela devrait réduire le portefeuille, sans pour autant le ramener à son niveau d'avant la crise, soit quelque 900 milliards de dollars. La présidente de la Réserve fédérale de Cleveland, Loretta Mester, et son homologue de San Francisco, John Williams, ont également défendu une réduction du bilan. Mais Dudley est très proche de la présidente Janet Yellen et dispose d'un droit de vote permanent lors des réunions de politique monétaire de la Fed. Enfin, la Fed de New York gère le portefeuille obligataire pour le compte de la banque centrale. Dudley a également estimé que cette réduction du bilan pourrait représenter un "substitut" aux hausses de taux, se traduisant par une "pause" dans le cycle de durcissement monétaire. Dudley a jugé aussi que deux nouvelles hausses des taux cette année semblaient une hypothèse raisonnable, encore que, a-t-il poursuivi, il n'y ait aucune urgence dans la mesure où l'économie n'est pas en état de surchauffe. James Bullard, son collègue de la Fed de Saint-Louis, a estimé que la banque centrale pourrait marquer une pause dans la hausse des taux lorsqu'elle commencera à réduire son bilan, une décision qui, à son sens, n'aura que peu d'impact sur les marchés financiers. "Marquer une pause dans la hausse des taux et mettre un terme au programme de réinvestissement, c'est une possibilité", a-t-il dit à la presse, ajoutant que la Fed pourrait présenter un plan de dégonflement de son bilan d'ici au second semestre. "Je pense que cela aurait un effet relativement mineur sur les rendements du marché", a-t-il précisé. Pour sa part, John Williams, président de la Fed de San Francisco a déclaré que la Réserve fédérale, pourrait commencer à réduire son bilan à l'issue de ses hausses de taux d'intérêt de cette année. Lors d'une conférence devant un club d'économistes à New York, il a ajouté que la banque centrale américaine pouvait relever ses taux d'intérêt trois fois ou plus cette année, l'économie des Etats-Unis ayant "largement atteint" une situation de reprise complète après la récession de 2007-2009. Cette récession, provoquée par la plus vive crise financière depuis celle qui avait mené à la Grande Dépression des années 1930, avait conduit la Fed à ramener ses taux à un niveau proche de zéro puis à lancer trois programmes d'assouplissement quantitatif (QE). Il y a deux semaines, l'institut d'émission a, sans surprise relevé d'un quart de point son principal taux d'intérêt, donnant un tour de vis monétaire pour la deuxième fois en trois mois, précisant alors anticiper en tout trois hausses du loyer de l'argent cette année. Relever les taux progressivement "empêche l'économie de se retrouver en surchauffe (...) Je n'exclurais pas plus de trois hausses de taux cette année", a dit John Williams. Dans la journée, le président de la Réserve fédérale de Chicago Charles Evans, l'un des plus farouches partisans de la politique de taux bas, a dit qu'à l'instar de la majorité de ses collègues il était favorable à d'autres hausses des taux cette année au vu des progrès accomplis vers le plein emploi et une inflation stable. S'agissant de la diminution du bilan de la Fed, John Williams a déclaré que ceci aurait lieu "en arrière-plan" mais que le processus aurait quand même une influence sur le rythme des hausses des taux.