Les réserves de change de l'Algérie ont atteint 110 milliards de dollars à fin décembre 2007 (contre 77,78 milliards de dollars à fin décembre 2006), a indiqué lundi à la presse le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, en marge d'une rencontre sur le financement de l'économie. En l'intervalle d'une année, le matelas de devises de l'Algérie a donc augmenté de plus de 32 milliards de dollars, soit une hausse de l'ordre de 42%. Ce niveau des réserves de change représente plus de 4 années d'importations de biens et services de l'Algérie, selon le rythme actuel du volume des importations. Ainsi, les réserves de change de l'Algérie devraient fortement augmenter en 2008 grâce à la hausse des prix du pétrole, et aussi, en raison du remboursement des avances de la Banque d'Algérie et des 140 milliards de dinars souscrits par Algérie Poste en bons du Trésor. Les réserves de change de l'Algérie devraient atteindre 150 milliards de dollars à l'horizon 2010 selon Lachemi Siagh, responsable de Strategica, une firme algérienne détenue à 51% par le groupe bancaire allemand Deutsche Bank. La dette algérienne, quant à elle, devrait continuer à baisser pour se situer à moins de 5% du PIB. Autant d'indicateurs positifs qui devraient booster l'attractivité du marché algérien. En sept ans seulement, l'Algérie a multiplié par dix le niveau de ses réserves de change. 10 milliards de dollars seulement en 2000, le compteur affiche ces derniers mois, le chiffre faramineux de 110 milliards de dollars ! Et même ce niveau est appelé, selon des analystes de la scène économique, à s'élever, d'autant que le prix du baril a atteint son seuil historique de 100 dollars au début de ce mois. Cependant, ces revenus font l'objet, ces derniers temps, d'une polémique, notamment pour ce qui a trait à leur gestion et placement. En effet, une partie des réserves de change de l'Algérie est placée depuis bien des années dans des banques américaines, sous forme de bons du Trésor. La polémique est ainsi suscitée par la crise des crédits hypothécaires, ou "subprimes", que connaît ce pays depuis l'été dernier. Hier, le ministre des Finances a tenu à réfuter toute menace sur les réserves de change, affirmant que les risques d'impact de la crise américaine des subprimes sur les placements de l'Algérie ''sont nuls''. Précisons, tout d'abord, que les réserves de change de l'Algérie sont gérées par la Banque d'Algérie ; le ministre a tenu à indiquer que les placements de ces réserves sont effectués dans les ''actifs publics'' (titres gouvernementaux) à l'étranger. Ce qui signifie, a-t-il ajouté, que ''les débiteurs de l'Algérie sont des Etats souverains de ces pays où elle effectue ses placements.'' En conséquence, a-t-il ajouté, ''si les placements sont effectués en dollars, le débiteur de l'Algérie est donc le Trésor public américain, si c'est en livres sterlings, le débiteur est alors le Trésor public britannique et ainsi de suite.'' L'Algérie, affirme-t-il, investit donc ses placements à travers des ''valeurs d'Etat'' dans les pays concernés et non à travers des placements en ''valeurs de marché'' qui, elles, sont des titres à risque élevé. ''Même si les valeurs de marché ont des rendements plus importants que les valeurs d'Etat, ils présentent toutefois des risques élevés en cas de retournement de conjoncture'', a-t-il expliqué. Quant aux changements qui peuvent intervenir sur l'ensemble de ces valeurs, l'argentier du pays explique que ces dernières évoluent en fonction de deux éléments. Il s'agit des taux d'intérêt, lesquels ont enregistré une baisse aux Etats-Unis suite aux décisions prises par la Réserve fédérale (Banque centrale américaine) qui a procédé à des baisses de taux depuis l'été dernier en raison de la crise des prêts hypothécaires à haut risque et à une probable récession aux Etats-Unis. Le second élément est l'évolution des parités des monnaies fortes entre elles, telle la parité entre le dollar par rapport aux autres devises, souligne-t-il. Or, explique M. Djoudi, l'évolution de ces parités, telle la dépréciation du dollar par rapport à l'euro, est atténuée par la Banque d'Algérie à travers une gestion judicieuse du portefeuille des réserves de change par le biais d'une diversification des monnaies dont se composent ces réserves. Le ministre a expliqué que la Banque d'Algérie ne garde pas les recettes en devises totalement en monnaie américaine, qui est l'unité de compte sur les marchés pétroliers et donc la principale composante des revenus extérieurs de l'Algérie. La diversification de ces placements en termes de monnaie se fait également en euro, en yen japonais et en livre sterling, entre autres, malgré le fait que les transactions financières de l'Algérie soient opérées quasi-exclusivement en dollars et en euros.