L'intégration de l'Algérie dans l'environnement économique régional, continental et mondial sera l'un des principaux dossiers auquel s'attellera l'équipe du président Abdelaziz Bouteflika fraîchement réélu pour un troisième mandat. L'ouverture du marché national sera donc, au centre des préoccupations du gouvernement dont la composante sera dévoilée dans les prochains jours. Même si l'on ne s'attend pas à un grand changement à ce niveau, les orientations sont déjà connues. Le président de la République avant même d'amender la Constitution et d'annoncer sa candidature avait donné la couleur du quinquennat 2009-2014 à travers les instructions aux différents ministres. «Les actions menées au double plan multilatéral et bilatéral seront poursuivies pour intégrer notre pays dans les ensembles économiques régionaux et internationaux», s'était engagé le chef de l'Etat lors de la séance d'audition consacrée au ministre du Commerce. Il s'agit, donc aujourd'hui, d'œuvrer pour la réussite de cette ouverture. Une ouverture lancée il y a plus de quinze ans, sans pour autant atteindre les objectifs tracés. La mission risque d'être encore plus difficile à assurer. Et pour cause, une nouvelle donne est venue s'y greffer. La crise économique mondiale est, en effet, un facteur de plus venu brouiller les cartes et qu'il faut, donc, prendre en considération dans toute prise de décision particulièrement en ce qui concerne l'ouverture du marché. Un créneau dont lequel l'Algérie a enregistré un énorme retard par rapport à ses voisins maghrébins. La zone arabe de libre- échange un atout ? A titre illustratif, la Tunisie est déjà entrée en zone de libre-échange avec l'Union européenne alors que le Maroc le sera dans les deux prochaines années. La Tunisie est, par ailleurs, en zone de libre-échange avec tous les pays arabes, avec la Turquie et l'Afrique de l'Ouest. Pour sa part, l'Algérie n'a conclu son adhésion à la zone arabe de libre-échange (dont la genèse remonte à 1981 et l'accord ratifié en 2004 par décret présidentiel) qu'en janvier 2009. Cette adhésion a suscité moult craintes chez les opérateurs économiques. Parallèlement, un accord préférentiel a été conclu avec la Tunisie en attendant l'accord préférentiel avec l'Association européenne de libre-échange (AELE) qui regroupe la Norvège, la Suisse, l'Islande et le Liechtenstein et un autre avec l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMAO) pour dire que ce dernier a pour finalité de rechercher des débouchés pour les produits algériens dans cette zone. Mais le pas le plus important qui reste à franchir au cours de ce mandat présidentiel est l'accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). A ce sujet, les décisions à prendre s'annoncent sensibles car il s'agit d'abord de défendre les intérêts économiques du pays au moment où les autres adoptent des mesures protectionnistes même si les recommandations de cette organisation plaident pour l'ouverture. L'Algérie semble, aujourd'hui, décidée à poursuivre son chemin vers l'OMC mais tout en refusant de subir les pressions des membres de ce club. Dans ce cadre, le groupe des négociateurs a clairement signifié qu'il n'y aura pas de concessions au détriment de l'économie nationale. «L'Algérie n'acceptera pas des conditions non prévues par les accords de l'OMC surtout si elles portent atteinte à l'intérêt national dans le cadre des négociations d'adhésion à cette organisation», a indiqué la semaine dernière le négociateur algérien et directeur des échanges commerciaux au ministère du Commerce Saïd Djellab. «L'Algérie n'a aucun problème pour la question de conformité avec les accords de l'OMC [...] mais tout ce qui est en plus de l'accord est inacceptable, d'autant plus s'il touche à l'intérêt national», a-t-il encore expliqué avant d'ajouter : «Notre adhésion à l'OMC est en fonction des intérêts de l'économie algérienne, à court, moyen et long terme.» Les démarches à adopter pour les négociations Le ton est donc donné pour la démarche à prendre lors des étapes restantes des négociations notamment le 11e round. Il reste maintenant à définir les mesures à prendre pour faire face aux pressions attendues. C'est à ce niveau que le travail à faire est important puisqu'il s'agit de défendre l'économie nationale face «aux risques de l'adhésion à l'OMC». Prendre le temps de négocier, c'est bien et rejeter les requêtes non conformes aux règles de l'OMC, c'est légitime aussi comme c'est le cas pour la double tarification du gaz. Mais encore faudrait-il également adapter l'économie nationale aux normes internationales pour lui permettre d'être concurrente et faciliter son intégration ne serait-ce qu'à l'échelle régionale dans un premier temps. S. I.