Au moment où le pays plonge dans le chaos, le Conseil présidentiel, nouvelle structure de pouvoir en Libye, devra mettre un terme à la crise politique dans ce pays voisin. Cette question a été évoquée à Moscou par Abdel Basset al-Badri, envoyé spécial du commandant de l'armée libyenne, qui a rencontré Mikhaïl Bogdanov, représentant spécial du Président russe pour le Moyen-Orient et l'Afrique. Alors que la Libye est partagée entre deux pouvoirs ne se reconnaissant pas mutuellement, chaque belligérant tente de s'assurer le soutien de la Russie qui joue ces dernières années un rôle actif au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. D'un côté: le Gouvernement d'entente nationale dirigé par Fayez Sarraj et siégeant à Tripoli. De l'autre: le parlement de Tobrouk, dans l'est du pays, dirigé par Aguila Salah Issa et soutenu par l'armée du maréchal Khalifa Haftar. Les deux organes sont reconnus par la communauté internationale, cependant le cabinet de la capitale libyenne ne jouit pas d'une légitimité totale. Conformément aux accords de Skhirat conclus en 2015 au Maroc, il doit être reconnu par les députés - qui refusent de le faire. Mais un sérieux progrès a été enregistré ces dernières semaines sur le dossier libyen. Mi-mai, à Abou Dabi, Khalifa Haftar et Fayez Sarraj ont convenu de former le Conseil présidentiel - une nouvelle structure censée prendre le contrôle du pays. Selon certaines informations, hormis le chef de l'armée et le chef du gouvernement il inclura le président du parlement. La Russie soutient les contacts avec toutes les parties en conflit mais les rencontres bien plus fréquentes des représentants de Moscou avec des délégués de Tobrouk témoignent de la préférence russe pour Aguila Salah Issa et Khalifa Haftar. Sachant que, d'après une source diplomatique russe, cette approche s'est déjà reflétée positivement sur le processus de paix libyen. L'orientaliste Viatcheslav Matouzov est convaincu qu'à la lumière des récents événements sur le champ de bataille, on peut s'attendre dans les semaines à venir à des progrès significatifs dans le processus de paix en Libye et au passage à la formation du Conseil présidentiel.
On s'intéresse pas au règlement pacifique de la crise Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la communauté internationale n'a aucun plan de stabilisation en Libye et les acteurs internationaux sont plutôt intéressés à récupérer les fonds investis dans ce pays. Le 2 mai, une rencontre importante entre le Premier ministre du gouvernement d'entente nationale libyenne Fayez al-Sarraj, qui siège à Tripoli, et le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est de la Libye soutenant le soi-disant gouvernement " oriental " de Tobrouk, s'est tenue dans la capitale des Emirats arabes unis. Beaucoup s'attendent à ce que ces négociations fassent bouger les choses eu égard à la stabilisation dans ce pays nord-africain. De l'avis de plusieurs experts, beaucoup d'acteurs ne sont pas intéressés par un règlement pacifique en Libye. " La position des acteurs mondiaux relative à la crise est floue et indéterminée. L'essentiel, pour eux, consiste à rentrer dans les frais investis dans le pays. Cela les préoccupe beaucoup plus que le règlement de la crise. La communauté internationale n'a mis au point aucun plan de stabilisation ", estime le député libyen Abu Bakr Baeer. Selon lui, les éléments qui torpillent le processus de paix et attisent la tension agissent dans l'intérêt de certaines grandes puissances mondiales. De l'avis du politologue libyen Mukhtar al-Jidal, " les accords entre le gouvernement d'entente nationale et l'armée seront torpillés par le Qatar et la Turquie, soucieux d'établir dans le pays le pouvoir des Frères musulmans ". L'expert estime que les services secrets français et allemands ont effectué un grand travail afin de ternir la réputation du gouvernement d'entente nationale aux yeux des Libyens. Les spécialistes occidentaux font courir les rumeurs d'après lesquelles ce gouvernement finance et arme des groupes militaires. Fayez al-Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar ont signé mardi 2 mai à Abou Dhabi un accord qui trace les grandes lignes visant à faire réconcilier les Libyens. Malgré les divergences qui persistent, les parties en conflit se rendent bien compte de la nécessité de régler la crise politique et " de conjuguer les efforts pour lutter contre le terrorisme et mettre fin aux souffrances des Libyens ". La rencontre d'Abou Dhabi avait pour principal objectif de trouver une issue favorable à la crise politique qui sévit en Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi.