L'embellie se confirme bel et bien dans l'Hexagone: la croissance économique devrait accélérer en 2017 pour atteindre 1,6%, un niveau "inédit" depuis 2011, permettant au chômage de poursuivre son reflux, selon la note de conjoncture de l'Insee publiée mardi. "L'économie française affiche une croissance solide depuis deux trimestres, qui ne faiblirait pas d'ici la fin de l'année", a résumé Dorian Roucher, chef de la division Synthèse conjoncturelle à l'institut national de la statistique, lors d'une conférence de presse. Dans le détail, le produit intérieur brut (PIB), qui a progressé de 0,4% au premier trimestre, devrait augmenter de 0,5% aux deuxième et troisième trimestres, puis de 0,4% au dernier trimestre 2017, selon l'organisme public. En 2016, la croissance avait atteint 1,1%. Avec son pronostic de croissance pour 2017, l'Insee se montre plus optimiste que la Banque de France, le FMI et la Commission européenne, qui tablent sur 1,4% de croissance. Le précédent gouvernement prédisait, lui, une croissance de 1,5%. Avec une hausse de 1,6% de son PIB, l'Hexagone se rapprocherait du niveau de croissance de la zone euro, évalué par l'institut à 1,8% pour 2017. Une potentielle bonne nouvelle pour le gouvernement, qui s'attelle à la préparation du budget pour l'année prochaine et qui attend les résultats de l'audit commandé à la Cour des comptes sur les finances publiques, et en particulier sur le déficit public à attendre. Le Premier ministre ?douard Philippe a averti mardi que le déficit risquait de dépasser la barre des 3% du PIB cette année. Mais plus de croissance pourrait permettre de limiter le dérapage.
Investissement dynamique Selon l'Insee, "des chocs spécifiques qui ont amputé la croissance en 2016 ne pèseraient plus en 2017". Ainsi, les récoltes céréalières devraient rebondir, après une année 2016 marquée notamment par des inondations et un dur épisode de sécheresse. Sous réserve que les conditions météorologiques ne se dégradent pas d'ici à la fin de l'année. Et le retour des touristes étrangers, après la vague d'attentats qui a touché le pays, permettrait d'enrayer la dégradation du solde touristique. En outre, "après être sortie de l'ornière en 2016, l'activité de la construction accélérerait franchement en 2017", pronostique l'institut. Du côté des ménages, la consommation devrait ralentir (+1,2% après 2,1% en 2016), sous l'effet du regain d'inflation, mais l'investissement, en particulier en logement, devrait progresser solidement, de 3,7%, ce qui serait la hausse la plus forte depuis 2006. L'investissement des entreprises devrait pour sa part rester "dynamique", même s'il est prévu qu'il ralentisse un peu, avec une hausse de 2,9% après +3,4% en 2016, en raison de l'arrivée à expiration en avril du dispositif de sur-amortissement fiscal sur les investissements productifs. Enfin, le commerce extérieur, talon d'Achille de l'économie tricolore, devrait nettement moins freiner la croissance qu'en 2016, même si les exportations se sont fortement repliées au premier trimestre. Selon l'Insee, ces dernières devraient rebondir au deuxième trimestre avec la livraison de grands contrats aéronautiques et navals, puis conserver de l'allant grâce à la reprise de la demande mondiale, au redémarrage d'installations nucléaires permettant de reprendre des exportations d'électricité et au retour des touristes étrangers sur le sol français. Au total, le solde extérieur devrait peser à hauteur de 0,3 point sur la croissance, contre 0,8 point l'an dernier.
Le taux de chômage devrait continuer à baisser Le taux de chômage devrait pour sa part poursuivre sa baisse entamée fin 2015 et s'établir à 9,4% de la population active fin 2017, un chiffre inférieur de 0,6 point à son niveau de fin 2016, selon l'Insee. La précédente estimation, publiée mi-mars, tablait sur un taux de chômage de 9,5% en France (hors Mayotte) à la fin de l'année. A 9,4%, le taux de chômage serait inférieur de 0,6 point à son niveau de la fin 2016. Par ailleurs, l'institut prévoit la création de 222 000 emplois, contre 255 000 l'an dernier. L'essentiel de ces créations se ferait dans les services, tandis que l'industrie continuerait à perdre des emplois. La diminution plus forte qu'attendu du taux de chômage peut s'expliquer par des résultats meilleurs que prévu au premier trimestre 2017, avec une diminution de 115 000 chômeurs. Ce chiffre provient essentiellement d'"une progression solide de l'emploi" sur la période (+76 000 emplois salariés créés dans le secteur marchand non agricole) et d'"une baisse inattendue du taux d'activité". La population active a ainsi diminué de 37 000 personnes. Les créations d'emplois se poursuivront sur le reste de l'année mais "de façon un peu plus modérée en seconde moitié d'année", précise l'Insee: +81 000 au second semestre contre +142 000 au premier. Cette hausse serait principalement due aux services, qui gagneraient 170 000 emplois en 2017, alors que les secteurs de la construction et de l'intérim ne verraient leurs effectifs augmenter que de respectivement 24 000 et 29 000 personnes. L'industrie, quant à elle, continuerait de perdre des emplois (-20 000). Le ralentissement au second semestre s'expliquerait, d'une part, par le recul de l'emploi public aidé et, d'autre part, par l'arrêt de la prime à l'embauche le 30 juin. La fin de cette aide se traduirait par une diminution de 20 000 emplois pour le second semestre (contre +20 000 pour le premier). Selon l'institut, le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et le Pacte de responsabilité et croissance devraient permettre la création de 40.000 emplois en 2017.