Forces de l'ordre et manifestants se sont de nouveau opposés, lundi, dans la province d'Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc. Des violences qui interviennent après que Mohammed VI a dénoncé la lenteur des chantiers de développement dans la région. De nouveaux heurts ont opposé, lundi 26 juin, forces de l'ordre et manifestants dans la province d'Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc, où la contestation sociale perdure. Ces violences interviennent au lendemain d'une déclaration du roi Mohammed VI qui a dénoncé la lenteur des chantiers de développement mis en œuvre par le gouvernement dans cette région. Un "grand rassemblement" à l'appel du mouvement de contestation était programmé lundi dans la ville d'Al-Hoceïma, jour de l'Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du ramadan. Mais les forces de l'ordre largement déployées ont "usé de la force" pour disperser ce rassemblement, selon des témoignages. La police a "complètement verrouillé Al-Hoceïma" et "multiplié des contrôles" sur les routes menant à cette ville, épicentre d'un mouvement de contestation pacifique qui secoue le nord du royaume depuis huit mois. "Des manifestants venant de localités voisines, notamment d'Imzouren et de Tammassin, ont été empêchés d'y accéder", a confié un journaliste local. À Ajdir, près d'Al-Hoceïma, des "heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et des manifestants qui voulaient se rendre à Al-Hoceïma", a-t-il poursuivi, faisant état de "blessés" et d'une "dizaine d'arrestations" dans les rangs des manifestants. À Al-Hoceïma même, des centaines de manifestants sont parvenus à se rassembler vers 17 heures mais ont été "brutalement réprimés par les forces de l'ordre", a-t-il accusé. Les protestataires venaient réclamer la libération des détenus du "hirak", nom du mouvement de contestation qui revendique le développement d'une région se disant "marginalisée". Car la province septentrionale et enclavée d'Al-Hoceïma, dans la région historiquement frondeuse du Rif, est plongée dans un marasme économique avec un taux de chômage particulièrement élevé. Pour trouver une issue à la crise, l'Etat marocain a relancé ou accéléré ces derniers mois un vaste programme de projets d'infrastructures. Mais Mohammed VI a tancé dimanche ses ministres pour la "non exécution", "dans les délais impartis", de ces projets et ordonné une enquête pour déterminer les responsabilités.