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Nicolas Sarkozy annonce 500 millions d'euros pour désenclaver les quartiers populaires Chaque quartier devrait disposer à partir du mois de septembre d'un représentant de l'Etat
Le chef de l'Etat a présenté ce vendredi le plan gouvernemental en faveur des banlieues. Chaque quartier devrait disposer à partir du mois de septembre d'un représentant de l'Etat et 100.000 jeunes vont être accompagnés en trois ans. A gauche, les critiques fusent. Accompagnement de jeunes dans l'emploi, policiers supplémentaires, développement des transports en commun, accession sociale à la propriété: telles sont les grandes lignes du plan gouvernemental en faveur des banlieues présenté vendredi par Nicolas Sarkozy. Le président, qui a fait ses annonces à partir du palais de l'Elysée, a affirmé tout "assumer" de ce qu'il a "dit et fait" à propos des banlieues. Alors ministre de l'Intérieur, il avait créé une polémique en 2005 en estimant nécessaire de "nettoyer au kärcher" un quartier populaire après la mort par balle d'un enfant, et en qualifiant certains jeunes de "racailles". "Le premier devoir de l'Etat, c'est d'assurer la sécurité", et "le premier droit du citoyen, c'est le droit de vivre tranqullement", a déclaré le chef de l'Etat. Le maintien de l'ordre dans les quartiers défavorisés sera assuré par 4.000 policiers supplémentaires d'ici trois ans, a-t-il annoncé. Par ailleurs, "un représentant de l'Etat par quartier" sera mis en place d'ici septembre. "A temps plein", ce représentant sera "doté d'une véritable autorité sur les services de l'Etat dans le quartier pour imposer la mise en oeuvre des objectifs" définis au niveau national et pour "les obliger à travailler ensemble". Autre axe du plan banlieue, le désenclavement des quartiers populaires. Une enveloppe de 500 millions d'euros en cinq ans va être allouée par l'Etat pour financer des transports en commun. Cette somme proviendra de l'enveloppe prévue par le Grenelle de l'environnement, a précisé Nicolas Sarkozy. "L'Etat va se réengager pour aider les collectivités à construire des voies de bus, des tramways et à les sécuriser", a-t-il promis. Le plan devrait aider "plus de 100.000 jeunes" des quartiers défavorisés "dans les trois prochaines années" à s'insérer dans la vie professionnelle. Le taux de chômage de ces jeunes est parfois deux fois plus élevé que celui des 16-25 ans au niveau national. Pour cela, un "contrat d'autonomie" va être créé, visant à les "accompagner vers l'emploi", et l'accent sera mis sur la création d'entreprise. Concernant le logement, le président demande à la ministre en charge du dossier, Christine Boutin, de lui présenter un "plan complet en faveur de l'accession sociale à la propriété" en banlieue. "Je voudrais en finir avec ce postulat idéologique énonçant que le logement social doit être locatif, comme si on ne pouvait pas avoir des revenus modestes et devenir propriétaire", a déclaré Nicolas Sarkozy. Enfin, le chef de l'Etat a annoncé que le gouvernement allait conduire une "réflexion sur la répartition des dotations aux collectivités", et "un projet de réforme sera préparé". "Nous allons réinventer la ville", a-t-il assuré. Nicolas Sarkozy n'a pas chiffré le coût du plan, alors même que Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la Ville, escomptait un effort de l'Etat de 1 milliard d'euros en faveur des quartiers populaires. C'est l'absence de financement du plan Espoir Banlieues, dont le nom a changé et l'annonce reportée deux fois, qu'ont fustigée les personnalités politiques de gauche. "On parlait d'un plan Marshall au départ. On en est loin", car les mesures annoncées par le chef de l'Etat constituent un "mini-plan" dans lequel "il n'y a pas de financements nouveaux dégagés", constate Vincent Léna, secrétaire national PS à la solidarité urbaine. "Si beaucoup de mesures vont dans le bon sens, la plupart sont un "recyclage" des programmes lancés par la gauche et que la droite a depuis réduits voire supprimés, comme le programme Trace d'accompagnement vers l'emploi des jeunes en difficulté." Maurice Charrier, maire (ex-PCF) de Vaulx-en-Velin dans la périphérie de Lyon, où Fadela Amara avait esquissé fin janvier les grandes lignes du plan Banlieues, a exprimé pour sa part sa "profonde déception". "Rien de véritablement concret n'a été annoncé à propos des politiques dites de droit commun, comme le le droit au logement, l'insertion, l'éducation. Le président est resté sur un discours moralisateur, stigmatisant, élitiste, en profond décalage" avec la réalité des quartiers défavorisés, a fustigé le maire. Plusieurs associations, comme AC Le Feu et Droit au logement (DAL), ont de leur côté dénoncé un "énième effet d'annonce" sur les banlieues et l'absence de "moyens financiers".